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PÉNITENCE. THÉOLOGIE POST-TR IDENTIN E


voir la sainte eucharistie, s’il a conscience d’avoir péché mortellement, même s’il a produit un acte de contrition parfaite. Mais s’il se trouve dans la nécessité de communier, n’ayant pas de prêtre pour recevoir sa confession, il a l’obligation de faire un acte de contrition parfaite. A-t-il ensuite Vobligation de se confesser quamprimum ? Le Code n’en fait pas mention. Il n’y aurait donc, pour ce fidèle, d’autre obligation de se confesser que celle qui résulterait d’une nouvelle communion ou de l’année révolue. Cf. Ami du clergé, 1928, p. 661.

IV. La théologie post-tridf.ntine. — 1° Théologie des controversistes. — 2° Théologie positive et historique. — 3° Théologie spéculative. — 4° Revue des questions agitées dans la théologie post-tridentine.

I. THÉOLOGIE DES CONTROVERSISTES.

1° Les COIl

troversistes contemporains de la Réforme. — Bien que ces auteurs, par la date de leur mort, soient, pour la plupart, antérieurs à la xive session du concile, il convient de commencer par eux, car ils sont les initiateurs de la théologie qui a prévalu après le concile de Trente. L’apparition des erreurs protestantes avait immédiatement provoqué la réplique des catholiques. Mais bientôt ce sont de véritables traités polémiques qui présentent la défense du dogme catholique.

Il faut citer Jean Eck, De pœnitentia et confessione sécréta (s. 1. n. d.), De sacramentis, De salisfaclione. De initio pœnitentiæ, Rome, 1523, le tout publié ensuite dans les Opéra contra Lutherum, Ingolstadt, 1530 ; John Fisher (Rofïensis), Asserlio omnium articulorum per novissimam bullam Leonis X damnatorum, édité v>un un titre différent, Asserlionis lutheranæ confutatio, Paris, 1523 ; Jacques Masson (Latomus), De confessione sécréta, Anvers, 1525, contre Œcolampade et Beatus Rhenanus ; Melchior Cano, Relectio de pœnitentia. Salamanque, 1550 ; Ruard Tapper, Explicatio articulorum venerandse fæultatis Lovaniensis, L ou vain, 1555 ; Andrada de Payva, Orthodoxarum quæstionum libri decem adversus lucreticos et contra Kemnitii petulanlem audàciam, Venise, 1564 (t. VIII, pénitence, confirmation, extrême-onction) et Defensio Tridentinse fidei libri sex adversus hæreticorum detestabiles ealumnias. Lisbonne, 1578 ; André Vega, Tridentini decreti de juslificatione expositio et defensio. Venise, 1548 ; Pierre Soto, Assertio catholicæ fidei circa articulas… ducis Wirtembergensis : accessit defensio contra prolegomena Brenlii, Anvers, 1557 ; le card. Hosius, Confessio catholicæ fidei christiana, c. xuv-xlviii (surtout ce dernier, relatif à la satisfaction), dans Opéra omnia, Anvers. 1571. Qu’lques auteurs placent déjà la défense catholique sur le terrain de l’histoire de l’antiquité : Tr. Vit a. I)ifustiflcatione, de confessionis vetuslate deque eucharislia contra hæreses, Venise, 15 18 : M. Victorius, De sacrum nli confessionis seu psenitentise historia et de antiquis psenitentiis, Rome, 1562, etc.

2’Bellarmin. - Ces auteurs préludent à l’œuvre plus didactique de Bellarmin, Controversiæ de pœnitentia, dans Opéra, t. iv, Paris. Vives, p. 137 sq. On en trouve, dans l de la Servièrc, L" théologie de Bellarmin. Paris, 1908, c. xi, p. 144 sq., un bon résumé, donl . oii i les grau les lignes.

I. D’une manière générale, Bellarmin, pour réfuter les protestants, Luther, Zwingle, Mélanchthon, Cal vin, Chemnitz, adopte le canevas tracé par le concile <b- ["rente et qui demeurera désormais le cadre, pour ainsi dire stéréotypé, de la théologie pénitentielle ; le ment de pénitence ci ses éléments, la contrition, la confession, la satisfaction, les indulgences. Dana les questions controversées entre catholiques, Bellarmin i l’avis de saint Thomas. La chose est parti cullèrement remarquable dans in question de la matière, ’ec ses trois parties, el de la forme du sacre

nient, et dans la triple division de la pénitence en solennelle, publique, privée.

2. L’institution de la pénitence comme sacrement est reportée à Joa., xx, 23 : « Dans ces paroles, on trouve les deux éléments nécessaires et suffisants pour la constitution d’un vrai sacrement, le rite extérieur ou le symbole institué par Dieu, et la promesse de la grâce jointe à ce rite ou symbole. » Op. cit., t. I, c. x, p. 460. Si les protestants étaient logiques, ils reconnaîtraient que les définitions qu’ils donnent du sacrement s’appliquent à la pénitence. P. 463. Les Pères reconnaissent la pénitence comme sacrement : en comparant baptême et pénitence, ils affirment que. dans l’action de l’un et de l’autre, Dieu est l’acteur principal. P. 464. La pratique de l’Église serait un argument suffisant pour quiconque admet son infaillibilité. P. 465. S’il n’y a pas, dans la pénitence, comme dans le baptême ou l’eucharistie, de substance matérielle, on trouve cependant, dans les actes du pénitent, une véritable matière du sacrement. C. xi, p. 467. Sacrement véritable, la pénitence doit être distinguée du baptême. Le souvenir du baptême ne suffît pas à la rémission des péchés commis postérieurement à sa réception. Bellarmin le démontre à l’aide d’autorités scripturaires, I Joa., i, 9 ; Heb., vi, 4, qui ne peuvent être entendues du souvenir du baptême : mais encore et surtout à l’aide du raisonnement théologique s’appuyant sur les Pères (pénitence = planche du salut), sur la nécessité d’un pardon plus difficile pour ceux qui ont péché sciemment, sur la différence des rites et des ministres des deux sacrements, p. 474-477.

3. Contre Scot qui place toute l’essence du sacrement dans l’absolution ; contre Mélanchthon qui exige du ministre un autre rite sensible que l’absolution, Bellarmin prouve que « les actes du pénitent sont comme la matière, et. la parole du prêtre, comme la tonne, qui constituent l’essence du sacrement », c. xv, p. 480 ; et qu’ « aucun rite ne doit nécessairement être employé par le ministre de la pénitence, sinon les paroles de l’absolution ». Ibid. Il semble que l’opinion de Scot ne puisse s’accorder avec la doctrine des conciles de Florence et de Trente ; d’ailleurs, « l’action du pénitent est un signe sensible de la grâce sanctifiante, institué par Dieu et concourant en vertu de la promesse divine à la rémission des péchés ; il ne lui manque rien pour être partie du sacrement ». C. xv, p. 181. L’expression quasi materia implique que les actes du pénitent sont. au sens scolastique de la théologie, matière du sacre ment ; mais ce n’esi pas une matière tangible, visible, permanente, comme on la peut trouver en d’autres sacrements. C. xvi, p. 182. Reprenant l’explication de saint Thomas. Bellarmin admet que l’absolution est la cause principale, mais non unique, de la justifies lion, les actes du pénitent étant, eux aussi, instruments signifiant et produisant, a leur manière, la juslilica tion. C. xvii, p. 18 1.

A l’encontre de l’opinion de certains nominalisfes. en particulier Durand. Bellarmin admet que les trois actes du pénitent, confession, contrition, satisfaction, sont la mal nie du sacrement : cette doctrine lui parail certissima, en raison des décrets de Florence et des déclarations de Trente. Toutefois, si les (cix premiers sont nécessaires, le troisième complète simple nniil le sacrement. D’ailleurs, au moment ou la satis faction est imposée par le prêtre et acceptée par le

pénitent, elle fait partie du sacrement à l’instant même

où il est administre. Id.. p. 18 1.

Nous avons vu. col. 1058 1063, comment les proies lanis comprenaient les parties du sacrement de péni tence. Bellarmin rapporte fidèlement leur conception ci prouve qu’elle n’est pas compat Ible avec les données de l’Écriture et de la tradition, il montre que la

crainte n’est pas nécessairement Impliquée dans la