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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. CONCILE DE TRENTE, LES CANONS

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sccundam post naufragium tabulant appellari, A. S.

il déclare que la pénitence ne saurait être appelée la planche de salut après le naufrage ; qu’il soit anathème.

Réprobation directe de la thèse protestante réduisant la pénitence sacramentelle à l’unique pénitence baptismale : il est donc de foi que la pénitence non seulement est un sacrement, mais un sacrement distinct du sacrement de baptême. Les différences énoncées au e. ii ne sont pas ici sanctionnées comme articles de foi : elles gardent cependant leur valeur de doctrine catholique, authentiquement promulguée. En conséquence de cette différence entre les deux sacrements, le concile condamne l’assertion qui refuse à la pénitence le titre de planche de salut ; mais il ne décide rien de la signification précise à donner à cette formule ; les divergences théologiques peuvent à ce sujet subsister.

Can. 3. — Si quis dixerit, verba illa Domini Salvatoris : Accipite Spiritum Sanction ; quorum remiserilis peccata, remittuntur eis, et quorum relinuerilis, retenta sunt (Joa., xx, 22 sq.) non esse intelligenda de potestate remittendi et retinendi peccata in sacramento pænitentia ?, sicut Ecclesia catholica ab initio semper intellexit ; detorserit autem, contra institut ionem hujussacramenti, ad auctoritatem prædicandi Evangelium, A. S.

Si quelqu’un dit que ces paroles de Notre-Seigneur : « Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et retenus à qui vous les retiendrez » ne doivent pas être entendues du pouvoir de remettre et de retenir les péchés dans le sacrement de pénitence, comme l’Église catholique l’a toujours, dès le commencement, compris ; et si, pour contredire l’institution de ce sacrement, il en fausse la signification, comme s’il s’y agissait de l’autorité pour prêcher l’Évangile ; qu’il soit anathème.

De la doctrine énoncée au c. i, on ne retient ici, pour l’imposer sous peine d’anathème, que l’essentiel, à savoir la signification exacte des paroles de.Jésus, Joa., xx, 22-23, instituant le sacrement de pénitence, et la réprobation du sens attribué à ces paroles par les protestants. Dans sa première partie, ce canon n’est pas exclusif des autres textes évangéliques sur lesquels les théologiens fondent aussi l’institution du sacrement, mais il ne les sanctionne pas. malgré la demande qu’en avait formulé l’évêquc de Salamine. Theiner, p. 595 b. L’argument de tradition est indiqué d’un mot : comme l’Église, des le commencement, l’a toujours compris.

Pour mieux marquer l’opposition entre l’interprétation protestante de Joa., xx, 23, et la doctrine de l’institution du sacrement de pénitence par le Christ. les pères ont ajouté, à la rédaction primitive de ce (Linon, l’incise : rontra instilutionem hujus særamenti, qui manque à celle-ci. Theiner. p. 591 b.

i an. I. — Si quis negaverit ad Intégrant et perfectam peccatorum remissioncm rcqulrl très actus in pa>nitente

quasi materiam sacramenti

p.mitent i : r, videlicet contritioncni. confessionem et satisfact ionem, quæ très pa : nltentise partes dicuntur ; nul dixerit, duas tantum ue pamltentise partes, terrores scllicel Incussos concientix agnito peccato, el iulciri eonceptam ex Evangello vil absolutione, qua crédit quis situ pei Christum remisse pi o ata, s.

On remarquera en ce canon le soin apporté pour ne définir comme vérité de foi que ce qui est doctrine admise par tous les théologiens. Il s’agit tout d’abord de la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence : d’où il suit que les Pères entendent ici ne rien définir concernant la rémission extrasacramentelle. Il s’agit de la rémission pleine et parfaite, s’étendant par conséquent jusqu’à la peine due au péché : non seulement peine éternelle, mais encore peine temporelle ; d’où l’inclusion, dans la définition, de la satisfaction. On s’en tient ensuite, comme il avait été convenu, à la conclusion des débats, à la formule souple et cependant suffisamment précise de Florence, les trois actes dans le pénitent formant la quasi-matière du sacrement. Enfin, l’expression : « qui sont appelées les trois parties de la pénitence » ne préjuge en rien de la solution à donner aux controverses théologiques sur l’essence du sacrement de pénitence.

La deuxième partie, en réprouvant la doctrine luthérienne, ne fait que résumer ce qui avait été dit au c. m. Mais la condamnation est ici plus solennelle.

On remarquera qu’en dehors de l’incise : ad integram et perfectam peccatorum remissionem, la deuxième partie du chapitre doctrinal ne reçoit pas de sanction définitive dans ce canon. La réconciliation avec Dieu est suffisamment impliquée dans la rémission pleine et parfaite des péchés. En réduisant le canon aux formules qu’on a lues, le concile évitait de condamner directement les anciennes théories relatives à la valeur simplement déclarative de l’absolution.

La rédaction primitive du canon ne parlait que de rémission « pleine » du péché. Le mot « parfaite » a été ajouté pour mieux marquer l’ultime effet dû à l’efficacité de la satisfaction.

Si quelqu’un nie que, pour l’entière et parfaite rémission des péchés, soient requis trois actes dans le pénitent, comme quasi-matière du sacrement de pénitence, à savoir : la contrition, la Confession et la satisfaction, qui sont appelés les trois

parties de la pénitence ; ou

s’il dit qu’il n’y B « tue deux parties de la pénitence, : i savoir les terreurs dont l’âme

est frappée ; i l ; i connaissance du péché, et la foi conçue île

ri angile ou de l’absolution, par laquelle chacun

croit ses propres péi ]

mis par le < Jirist ; qu’il s., il

anathème.

Can. 5. — Si quis dixerit, eam contritionem, qua : paratur per discussionem, collect ionem et detestationem peccatorum, qua quis recoqilal itnnos suos in amariludine animasua’(Is., xx xvi ii, 15), ponderando peccatorum suorum gravitatem, multitudinem, fœditatem, amissionem a’ternoe beatitudinis et aeterna 1 damnationis incursum cum proposito melioris vitx, non esse verum et utilem dolorem, nec pra’parare ad gratiam, sed facere hominem hypocritam et magis peccatorem ; demum illam esse doloreni coactum et non libérant ac voluntarium, A. S.

Si quelqu’un dit que cette contrition, qui est préparée par la discussion, l’examen et la détestation des péchés, quand quelqu’un repasse les années de sa vie dans l’amertume de son coeur, et considère la gravité, la multitude et la honte de ses fautes, le bonheur éternel perdu et la damnation éternelle encourue, et se propose de mener une vie meilleure ; qu’une telle contrition n’est pas une douleur vraie et utile et ne prépare pas à la grâce, mais qu’elle rend l’homme hypocrite et plus grand pécheur ; enfin que c’est une douleur forcée et non pas libre ni volontaire ; qu’il soit anathème.

Ce canon condamne directement, et dans les termes mêmes employés par Luther, les assertions de l’hérésiarque sur la contrition de crainte ou attrition. Pour mieux marquer qu’il entend réhabiliter celle sorte de regret des fautes, le concile emploie le terme « contrition ». malgré la réclamation d’au moins un évêque. Theiner. p. 600 a. Mais il distingue cette contrition imparfaite de l’autre, en ajoutant une détermination : eam contritionem, oit. paratur, etc. Paratur semble devoir être traduit par est préparée et non est produite : celle traduction, répondant mieux à l’expression et vraisemblablement à la pensée des Pères, qui n’ont pas voulu dire que la contrition imparfaite était uniquement constituée par une de tes

tation des péchés reposant sur les mol ifs énumérés par Luther. Il su (lisait de condamner la docl ri ne de Luther et de rappeler que CCS motifs pouvaient mener b une

contrition Utile, el ne plaçaient pas le pécheur dans

un étal d’hypocrisie et de péché pins avéré, iusi