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107’PÉNITENCE. LE CONCILE DE TRENTE, DISCUSSION

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les fonctions de juge. Il prononce une sentence par l’absolution. Mais tout juge doit s’éclairer. Le proct-s doit être plaidé. Il faut connaître les fautes : d’où la nécessité d’une accusation volontaire de la part du pécheur désireux d’obtenir le pardon. Volontaire, cette accusation suppose préalablement le regret de la faute commise et la résolution non seulement de ne pas y retomber, mais aussi d’accepter, pour le passé, la peine qui pourrait être imposée. Satisfaction, contrition, confession sont étroitement unies, se commandent mutuellement et sont également nécessaires pour que la pénitence soit réelle et fructueuse. »

Naturellement, les théologiens envisagent séparément’chaque partie du sacrement et s’appliquent

i en montrer la nécessité particulière. Ainsi, Arze

fait observer que la satisfaction requise de la part du pénitent n’est pas rendue inutile par la satisfaction du Christ, p. 538 b. Ortéga rappelle que les actes sont l ; i matière du sacrement, l’absolution du ministre en est la forme, p. 539 b.

Deux théologiens, surtout, entrent dans le vif de la question. Kuard Tapper examine la position protestante en se plaçant au point de vue scotiste, où l’absolution est la partie pour ainsi dire essentielle du sacrement. Le mot « parties », appliqué aux actes du pénitent, lui paraît discutable, car ces trois éléments ne peuvent être qualifiés parties essentielles. D’ailleurs, le concile de Florence ne parle pas de parties du sacrement, mais d’actes du pénitent, quasi-matière du sacrement, lesquels se divisent en trois parties. Le mot est pris ici dans le sens de parties potentielles. Aussi Tapper demande-t-il que le mot « parties » soit omis dans les canons, p. 537. l’n théologien impérial, Ambroise Pelargus (Storch), demandera plus loin, p. 549 b. que le mot « parties » soit remplacé par le mot actes ». Ruard Tapper ajoute que les hérétiques n’ont pas dit reconnaître deux parties dans le sacrement de pénitence : pour être exact, il faut dire qu’ils nient l’existence du sacrement, mais que, s’ils l’admettent, ils n’y envisagent que deux parties. Ce qui fait dire à Sonnius, p. 540 a, qu’on ne peut vraisemblablement pas taxer leur position d’hérésie, puisque la troisième partie, la satisfaction, n’est pas indispensable pour l’cfïicacité du sacrement.

C’est Melchior Cano qui met toutes choses au point. Dans son remarquable rapport, il déclare que, quoique parlie principale, l’absolution n’est pas tout l’essentiel du sacrement de pénitence. La doctrine catholique, en effet, requiert en ce sacrement, outre l’absolution du prêtre, les trois éléments dont il est question. Cano le prouve par l’Écriture, la tradition et les conciles antérieurs, notamment le concile de Florence. Les adversaires objectent bien que la contrition ne peut être un élément essentiel du sacrement, étant. par sa nature, intérieure et non sensible ; que la confession n’est pas toujours nécessaire et qu’enfin la satisfaction est postérieure au sacrement. Ce à quoi il faut répondre que l’absolution n’a son efficacité que lorsque les trois actes du pénitent jouent le rêile de cause d isposil i ve a la grâce (lu sacrement ; que la contrition doit s’extérioriser pour permettre à l’absolution de produire son effet : et qu’enfin cette contrition n’obtiendra jamais la justification du pécheur si elle ne renferme au moins le vœu de la confession et de la satisfaction, Les l’eres tiendront compte de ces remarques dans la rédaction définitive des chapitre <t canon concernant les parties du sacrement de

pénitence.

Les théologiens réfutent aussi la seconde partie de l’article. Le » terreurs signalées, loin de constituer l’essence du sacrement, en sont tout au plus une manifestation Insuffisante et la foi. bien qu’intervenant au début de la vie spirituelle et du retour à Dieu, n’y

intervient qu’à titre de condition préalable, éclairant les données diverses du problème de la pénitence, mais n’entrant pas dans sa constitution même

Enfin, la matière était une de celles où les opinions d’écoles, thomiste et scotiste en particulier, étaient le plus en opposition. « Il n’est pas toujours facile, écrit Cavallera. art. cit., p. 79, note 30, de préciser, d’après les résumés du procès-verbal de Massarelli (dont le texte, d’ailleurs, n’est point partout sûr), la position exacte de chaque théologien ou de chaque prélat. En attendant les lumières qu’apportera l’édition critique de cette partie du Tridenlinum, voici ce qui semble résulter des documents actuels. » Sont pour la thèse Ihomiste, c’est-à-dire : contrition, confession et satisfaction, parties du sacrement de pénitence au sens strict, à titre de matière : les théologiens dominicains, un observantin, un carme, quelques séculiers et un certain nombre d’évêques. Sont pour la thèse scotiste ou du moins pour sa licéité : Ruard Tapper et les louvanistes, un observantin et quelques évêques. Allient saint Thomas et Duns Scot les évêques de Tuy et de Constance. Gropper soutient une théorie particulière : deux signes sensibles (absolution et imposition des mains) distincts de la forme (paroles de l’absolution) et de la quasi-matière du sacrement, constituée par les trois actes du pénitent, p. 54t>. On évitera, lors de la promulgation de la doctrine et de la condamnation de l’hérésie, d’atteindre les opinions catholiques.

3. Troisième article. Cet article, en son erreur fondamentale, était facile à juger. Il affirme, en effet, que la contrition, loin de disposer le pécheur à rentrer en grâce avec Dieu, rend l’homme hypocrite et plus pécheur, et que la contrition est une douleur contrainte, non libre. D’une manière générale, les théologiens rappellent que cette erreur a déjà été condamnée par Léon X. bulle Exsurge Domine, n. 6. Ils déclarent donc l’article hérétique. Ils invoquent ici l’Ecriture : Is., xxxviii, 15 ; Ps., i., 19 (Arze) ; Joël, ii, 13 : II Cor., vii, 10 ; Ps.. l, 5. et l’histoire de l’enfant prodigue (Sonnius) ; Ambroise Pelargus attaque la position luthérienne comme fausse, en tant qu’elle affirme que la contrition est une douleur contrainte et qu’elle lui refuse toute efficacité à l’égard du péché.

La vraie difficulté de la discussion théologique porte sur la notion même de contrition et sur le contenu de cette notion. Le point de départ des discussions était la prop. fi condamnée par la bulle de Léon X. Luther y attaquait la « contrition ». Le mot attrition n’était pas prononcé, et l’imprécision même du mot contrition, lequel pouvait être pris soit au sens large (n’importe quel regret des fautes, même non informé par la charité) ou au sens strict (la contrition informée par la charité) entraîna plus d’une confusion. Déjà. à Pologne, dans la première préparation des déclarations relatives au sacrement de pénitence, les théologiens avaient eu l’occasion de constater leurs divergences. Il s’agissait de définir la « vraie contrition. et l’on dut se contenter, vu l’impossibilité de préciser la signification du mot vraie. de parler de < la contrition requise dans le pénitent Massarelli. Diarinm. iv, Cjinc. ïriri.. t. i. p. f171-f173. A Trente, la discussion fut reprise. Tout en condamnant unanimement la proposit ion de Luther, les théologiens ne s’entendaient pas encore sur la lignification du mot contrition Leurs idées sur la contrition étaient assez divergentes Vok.1. Périnelle. I.’allrititm d’après le concile dt trente.

p. fil. notes 2 et 3 : cf. P. Gautier, dans Gregorianum,

1928, p. 373 llfi. Le sens des mots ronlritio et attrili". même après la définition quon en donnera dans le

i n. demeurera asses Imprécis Le meilleur cp<>sc est certainement celui de Melchior C no On doll a