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PAYS-BAS

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Le manque de contact avec les universités a beaucoup nui à l’étude des sciences sacrées. Le premier manuel théologique, écrit en vue d’un séminaire hollandais, parut en 1850 et, depuis ce temps-là, laproduction théologique s’est bornée à des manuels. Quelques Hollandais, par contre, ont enseigné dans les universités de Louvain, de Fribourg et de Rome ; les éditions de saint Thomas et de saint Bonaventure, comme celle du nouveau code n’ont pas été réalisées sans la collaboration de plusieurs savants hollandais. La nomination, en 1894, du dominicain J. V. De Groot comme professeur de philosophie à l’université municipale d’Amsterdam, fut un événement, auquel Léon XIII attachait beaucoup d’importance, parce que la science officielle se prêtait là à un rapprochement à l’égard de la science catholique. Plus tard, l’épiscopat a obtenu du gouvernement le droit de nommer également des professeurs chargés de cours aux universités de l’État. En 1904, à peine la loi eut-elle rendu possible l’établissement d’une université catholique que les évêques créèrent la « Fondation saint Radboud », afin de préparer la grande œuvre à laquelle ils attribuèrent la même importance qu’à la prédication de l’Évangile et au rétablissement de la hiérarchie ecclésiastique. La même année, sur l’initiative de quelques ecclésiastiques, on vit naître « l’Association scientifique des catholiques », dont l’influence s’accrut considérablement, sous la direction de quelques laïques. En 1912, l’autorité ecclésiastique approuva les « Cours catholiques de Tilbourg », fréquentés par des candidats qui se préparent aux examens autres que ceux des universités. Enfin, en 1923, fut fondée l’université catholique de Nimègue, approuvée par le souverain pontife et reconnue par l’État.

En principe, elle a des droits égaux à ceux des universités de l’État, en pratique elle est traitée comme telle par ses aînées qui, lors de son inauguration, se firent toutes représenter, et lui ont offert, par l’entremise du recteur de l’université de Leyde, leurs meilleurs vœux de prospérité. Ce qui manque à ces rapports excellents, c’est une subvention égale à celles des autres universités ; elle ne reçoit jusqu’ici, en tout et pour tout, que 4 000 florins par an. Comme autrefois l’enseignement primaire, l’université de Nimègue vit actuellement de dons, recueillis par une institution ramifiée dans toutes les paroisses ; de plus, il lui faut créer des fonds en vue de l’érection des deux facultés qui lui manquent encore : celle des sciences exactes et naturelles et celle de médecine, exigées par la loi respectivement 25 et 50 ans après la fondation des premières facultés.

La faculté de théologie, la première dans l’ordre de préséance, n’est destinée qu’à servir d’école supérieure aux prêtres qui ont achevé leurs études au grand séminaire, ce qui restreint forcément le nombre de ses étudiante. Malgré cela, la totalitédesétudiantsdel’université atteignit dès les premières années le nombre de 400, dont la plupart étaient originaires des provinces méridionales, autrefois déshéritées au point de vue intellectuel. Centre scientifique, Nimègue exerce une grande force attractive, témoin les nombreuses maisons d’étude que plusieurs ordres religieux y font < onstruire. Se cachant timidement autrefois dans les villages i ondairesel istudendats’viennent

se grouper maintenant autour de I’ « Aima Mater Caro Itna (c’est là son nom, choisi en mémoire de Charlemagnej, ce qui ne laissera pas de faire rattraper l’arriéré dans la i ulture de l’esprit (liez nos frères dans la foi. Cf. Gérard Brom, Herleving van de weteruchap m Katholick Nederland, 1930.

XI. Conçu sms. Ce qu’il ; i de mystérieux d le développement du catholicisme en Hollande

moins ce réveil après un sommeil de plusieurs siècles que son caractère de parfaite solidarité. C’est l’ensemble des catholiques ou plutôt c’est l’Église qui y grandit, et cela sans heurts, sans moyens artificiels. Si ce progrès uniforme n’offre aucun côté brillant, il évite au moins le danger d’aveuglement. On n’y a point vu de personnages épuiser capricieusement.leurs talents à se combattre les uns les autres, il n’y a eu ni partis, ni extrémistes, et partant ni surprises ni déceptions. La communauté catholique a progressé régulièrement, parce que les chefs se sont toujours astreints à continuer le travail qu’ils trouvaient dans l’héritage de leurs précurseurs et qu’ils recueillaient presque comme une tradition apostolique. Rien qu’à lire leurs noms : Lesage, Broere, Alberdingk Thym, Schæpman, Ariens, on apprend l’histoire suivie de cette Église ; et si quelqu’un voulait les remplacer par d’autres noms cela ne pourrait prouver que la solidarité qui règne entre les chefs sortis du peuple et le peuple lui-même. Sans doute, l’élan uniforme de la masse a dû gêner quelquefois leur activité, mais il restait toujours assez de tension dans le mouvement de la foule pour qu’ils pussent lui faire continuer sa marche vers le progrès sans jamais occasionner de schisme. La Hollande catholique ressemble à une maison où l’on se trouve peut-être un peu à l’étroit, mais où règne en tout cas l’esprit de famille. Comme les chefs, dans ce petit pays, se connaissent tous individuellement, ils se doivent souvent certains égards ; cela a pu retarder plus d’une fois le progrès, mais c’a été au profit de la sûreté d’allure. Les différents groupes sympathisent et leurs travaux s’engrènent ; des politiques ont fondé la première maison de retraites, des savants ont pris l’initiative de l’apostolat parmi les hétérodoxes, des ouvriers ont propagé la dévotion du « Stille Omgang », des marchands ont fait rétablir d’anciens sanctuaires. Lecentre de gravité de l’influence catholique est dans la tranquille bourgeoisie qui, grâce au concours de nombreux Allemands immigrés et entreprenants, a vu passer quantité de boutiques et de magasins entre ses mains. La haute finance, le commerce de gros, la colonisation échappent en grande partie à l’influence des catholiques, de sorte qu’ils n’ont ni la direction économique, ni la direction scientifique du pays. Mais l’émancipation politique a amené un relèvement social qui présage une culture prospère. Excepté pour l’architecture, la musique et la peinture monumentale, nées directement du culte divin, comme le prouvent les noms célèbres de Cuypers, Diepenbrock, Derkindcren et Toorop, les catholiques n’ont pu contribuer que peu à la gloire nationale. Le génie créateur et original ne se rencontre guère dans les contrées où la Meuse et le Rhin mêlent si paisiblement leurs eaux, symbole d’une réceptivité harmonieuse, mais où les sources d’idées ou d’initiatives sont bien rares. Une surabondance de charismala n’est point à redouter tant que tous les projets sont Immédiatement canalisés dans la voie tracée par la hiérarchie. Si, dans une société, tout était en règle à force d’avoir et é réglementé, la I lollande serait un paradis. Les nianilestat ions de la vie catholique y sont d’ordinaire empruntées à des compatriotes noncatholiqucs (non sans que leurs procédés se soient préalablement révélés de toute sûreté) ou bien à des coreligionnaires de l’étranger, qui se sont d’abord consumes dans leur feu sacré I m n’y ferme le cœur à aucun bon exemple venant <iu dehors, si long que soit le temps qui s’écoule a anl qu’on l’agrée. Les Français avalent pensé fane tenu le premier congres eucharis tique a Amsterdam, niais, pour en célébrer un dans cette ville, il a fallu attendre l’an 1924 ; toute la Hollande catholique, cela —i de soi, y partit Ipa, et le suc< es fut grand. Tandis que la spiritualité holiand dont Thomas à Kempil a londé si profondément le