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PÉNITENCE. LA DOCTRINE LUTHÉRIENNE


rum, 1920, Werke, t. vii, p. 91 sq. ; et d’une façon plus brève, quelques mois auparavant, Adversus exsecrabilem Antichristi bullam, t. vi, p. 595 sq.

3. Condamnations par les universités.

Lors de la dispute de Leipzig quin-juillet 1519, voir Luther, col. 1157), on avait pris pour arbitres les universités d’Erfurt et de Paris, du consentement de Luther et de Jean Eck ; voir Hefele-Leclcrcq, t. viii, p. 710. D’Erfurt, rien ne vint. La Sorbonne ne rendit son jugement que plus tard, et prit en considération les autres écrits publiés par Luther postérieurement. Entre temps, Louvain s’occupa des nouvelles doctrines et, tout d’abord par la faculté de théologie de Cologne, puis directement, condamna les erreurs de Luther.

Le jugement de la faculté de Cologne (30 août 1519) ne comporte que trois articles (3-5) concernant la pénitence. Luthers Werke, t. vi, p. 178-180 ; cf. Hefele-Leclercq, op. cit., p. 755. Ils n’ajoutent rien de précis à ce que l’on connaît.

Louvain, le 7 novembre 1519, apporte un exposé des motifs plus étendu et avec citation de chaque thèse en particulier. Sur le sacrement de pénitence, on relève les énoncés 5-17 : nécessité de la foi, même sans contrition ; inutilité de la confession, même de tous les péchés mortels ; caractère purement disciplinaire de la satisfaction : telles sont, en résumé, les erreurs visées. Luthers Werke, t. vi, p. 175-178 (cf. Hefele-Leclercq, p. 756-757) ; la réponse de Luther, p. 181 sq. La Sorbonne a fourni un travail plus fouillé et plus théologique. Du livre De la captivité de Babijlone, elle a extrait un certain nombre de propositions, en leur accolant une censure théologique. Du titre i, sur les sacrements, il faut retenir les prop. 3, 4, qui confèrent aux fidèles, et à l’Église en général, sans distinction d’ordre et de hiérarchie, le pouvoir des clefs ; et les prop. 18 et 19, qui, refusant à la pénitence l’efficacité quant à la rémission des péchés, attribuent cette efficacité au seul repentir exprimé devant des frères. Des autres œuvres de Luther, elle a colligé, d’une façon didactique, les propositions répréhensibles. Celles qui regardent la pénitence sont groupées sous les titres ii, Dr lu contrition et de ce qui la précède (10 prop.) ; iii, l)f la confession (7 prop.) ; iv, De l’absolution (4 prop.) ; v. De la satisfaction (8 prop.). Voir Hefele-Leclercq, op. cit., p. 760-701, 763-766. Cette Determinatio super doctrina Lutheri hactenus revisa est du 15 avril 1521. Dans la partie qui nous concerne, sont reproduites des propositions censurées par Léon X, les prop. 6, X, 11. 12.

L’université d’Oxford condamna aussi, en 1521, les écrits de Luther. Du Plessis d’Argentré, Coll. judic, t. i b, p. 380-381.

Ces jugements venaient trop lard : le luthéranisme avait pris corps en Allemagne.

II. SYNTHÈSE DE LA DOCTRINE LUTHÉRIENNE SI PI. l PÉNITENCE. Le mol synthèse peut paraître paradoxal, puisque la doctrine luthérienne consiste ici surtout en des négations issues du principe général de la justification par la foi. Il est néanmoins utile île présenter ces négations logiquement.

1° Notion de la pénitence. l’our Luther, comme pour tous ses disciples, le péché a tellement corrompu l.i nature humaine et annihilé la liberté que l’homme, même excité el aille par la grâce de Dieu, est dans une radicale et absolue impuissance a s’opposer au péché. Loin donc d’être un mouvement libre de la volonté contre le péché, la pénitence ne saurait être qu’une douleur éprouvée pat le pécheur conscient du misé rable état de damnation dans lequel il est plongé par le péché, tant originel qu’actuel. Il faut insister ici sur le rôle du péché originel, avec la concupiscence, les ices, les attraits dépravés, les affections mauvaises

Dt< î ni i ni ! CATHOl

qu’il comporte et que les catholiques s’obstinent à ne pas considérer comme péchés. Conscient de cet état, le pécheur commence par éprouver une sorte de contrition passive, c’est-à-dire un tourment de la conscience, un brisement du cœur, un sentiment de mort, qui se manifestent lorsque la parole de Dieu, comme un éclair, terrasse les hommes pécheurs et hypocrites, les déclare tous coupables et les jette ainsi dans la terreur et le désespoir à la pensée du jugement terrible qui les attend. Mais, bientôt après, l’âme coupable perçoit les consolations et promesses de la grâce que l’Évangile a jointes aux menaces de Dieu ; elle se livre à Dieu par la confiance, et Dieu, lui imputant les mérites du Christ, la tient alors pour justifiée. Tout ce qu’il y a d’actif et de libre dans la pénitence, c’est donc ce mouvement de confiance vers Dieu. Aussi, toute conversion est-elle inséparable de ce mouvement de confiance. Voir Sermo de pœnilentia, 1518, dans Werke, t. î, p. 319 ; et coroltarium, ii, ibid., p. 323 ; Dispulalio J. Eccii et M. Lutheri Lipsiæ habita, de psenilentia, dans Werke, t. ii, p. 359 sq. ; De caplivitate Babijlonica (de sacramento pœnitentisc), dans Werke, t. vi, p. 545 ; Articles de Smalkalde, part. III, a. 3, n. 3, 10, 11, 18, dans Joh. Tob. Millier, Die symbolischen Bûcher der evangelisch-lutherischen Kirche, Gùtersloh, 1898, p. 312-314. Cf. Luther, col. 1211-1215.

Il est évident que Luther se lance dans ces excès par réaction contre certaines assertions de la théologie nominaliste sur le rôle de notre volonté dans le mouvement de conversion vers Dieu. Voir Nomixalisme, t. xi, col. 771-776, et Luther, col. 1186. Son disciple Mélanchthon le marquera fortement dans la Confession d’Augsbourg, accusant les catholiques d’enseigner que le pécheur mérite la grâce par ses satisfactions, a. 12 ; et, dans la Défense de la confession, imputant à la doctrine catholique que les bonnes œuvres faites sans la grâce méritent la grâce, par une sorte de pacte divin ; que, par l’attrition, nous méritons la grâce ; que la seule détestation du crime suflit à effacer le péché, etc., a. 12, § 1, 2, 3, 4. Millier, op. cit., p. 41, 170. Mélanchthon professe d’ailleurs, sur la nature de la pénitence, la même doctrine que Luther. Voir Confession d’Augsbourg, loc. cit. ; Défense de la confession, a. 12, op. cit., p. 168 ; Loci communes, dans l’édition de Halle (Corpus reformatorum), t. xxi, col. 215, 490, 877 ; Lxamen ordinandorum, t. XXIII, col. 46-48.

Même après le concile de Trente, Chemnitz ose affirmer que « les théologiens catholiques enseignent que le libre arbitre, par ses seules forces naturelles, et sous la seule indication de la loi naturelle, sans aucune opération de l’Esprit-Saint, peut commencer, concevoir et réaliser une véritable douleur et détesfation des péchés », Examen decretorum roncilii Tridentini, De contritione, a. ! ’.

Contre ces prétendus enseignements, la formule luthérienne est celle qui fut promulguée dans la Confession d’Augsbourg, a. 12. De pœnitentia.

Constat… pœnitentia pro prie his duabus partlbus.

Altéra est conlritio seu

lerrores InConCUSSl conscien ti : e BgnitO peccalo ; altéra

est lides, (|iue ccmripitur ex

Evangelio seu absolutione,

ci crédit propter Christum

remittl peccata, et consola tnr coiiscientiam et es terroribui libérât.

i Millier, op. cit., p. Il i

La pénitence est consti tuée de deux parties. L’une

est la contrit ion, c’est-à-dire la terreur dont la connais

sance du niche frappe la con science coupable ; l’autre est

la foi qu’engendre l’Évangile

ou l’absolution : le pécheur

croil alors que ses péchés lui sont remis a cause do Christ ;

sa conscience est consolée ci

llbi ré<’i' tes ci tintes.

2° Valeur de la contrition. Il s’agit de la contrition entendue au sens que Luther prête aux théologiens catholiques.

poui tes catholiques, d’après Luther, la contrition

T.


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