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PÉNITENCE. PREMIÈRES NÉGATIONS DE LUTHKR


précède la conversion vers Dieu. La crainte filiale seule, qui procède de l’amour, est digne d’être appelée pénitence. Nous verrons, sur ce point, une évolution se produire chez Luther : la crainte filiale procédera de la foi ou confiance. Voir plus loin. Luther insiste sur l’impossibilité de substituer l’indulgence à la pénitence intérieure. Ibid., p. 377.

4° Sermo de pœnitentia. — Ce sermon (avant Pâques 1518), Werke, t. i, p. 317-324, doit être simplement signalé. Il renferme, en effet, la plupart des propositions relatives au sacrement de pénitence, que relèvera et condamnera la bulle Exsurge Domine. Voir aussi, en allemand, un sermon sur le sacrement de pénitence en 1519, Werke, t. ii, p. 709-723.

La dispute de Heidelberg (3e dimanche après Pâques 1518) n’apporta aucun élément nouveau aux controverses sur la pénitence et les indulgences. Werke, t. i, p. 350-374. De nouvelles polémiques surgirent bientôt entre Carlstadt, au nom de Luther, et Jean Eck. Toute entente paraissait désormais impossible.

5° La bulle « Exsurge Domine » et les thèses sur la pénitence. — 1. Justification ( ?) de Luther près de Léon X. — Dans une longue déclaration au pape, Luther, avec une assurance parfaite, réitère et « prouve » ses premières déclarations.

Les quatre premières conclusions n’apportent qu’une précision sur la pensée de Luther ; en déclarant que la pénitence prescrite par Jésus-Christ n’est pas la pénitence sacramentelle, Luther entend affirmer que la pénitence évangélique est immuable, comme de droit divin, tandis que la pénitence sacramentelle est essentiellement variable, le pape pouvant y apporter, selon sa volonté, des modifications (par exemple, les indulgences). Werke, t. i, p. 532-533.

La cinquième conclusion insiste sur l’inutilité de la satisfaction sacramentelle pour la rémission des péchés. Ibid., p. 534-548. Mais, dans la septième, se trouve déjà esquissée la doctrine qui prévaudra plus tard sur la nature du pouvoir des clefs : la rémission des péchés se fait par la foi, et la prédication de l’Évangile nous donnant cette foi, constitue l’exercice du pouvoir des clefs. Ibid., p. 541. Voir aussi, concl. 26, p. 574.

2. Les condamnations de la bulle « Exsurge « . — Parmi les propositions condamnées, plusieurs concernent directement la théologie de la pénitence.

1. Hæretica sententia est, sed usitata, sacramenta novae legis justificantem gratiam illis dare, qui non ponunt obicem.

(Resoluliones disputalionum de indulgentiarum virtute, 1518, concl. 7, Werke, t. i, p. 544.)

5. Très esse partes pasnitentiæ : contritionem, confessionem et satisfactionem, non est fundatum in sacra Scriptura nec antiquis sanctis christianis doctoribus.

(Sermon (en allemand) sur l’indulgence et la grâce, prop. 1, Werke, t. i, p. 243.)

6. Contritio, quæ paratur per discussionem, collationem et detestationem peccatorum, qua quis recogitat annos suos in amaritudine anima ? suæ ponderando peccatorum gravitatem, multitudinem, fœditatem, amissionem aeternæ beatitudinis, ac aeternæ damnationis acquisitionem, hæc contri C’est une doctrine hérétique, bien que commune, d’affirmer que les sacrements de la Loi nouvelle donnent la grâce justifiante à ceux qui n’y mettent pas d’obstacle.

Qu’il y ait trois parties dans la pénitence : la contrition, la confession et la satisfaction, ce n’est fondé ni sur l’Écriture, ni sur les plus anciens docteurs chrétiens.

La contrition préparée par la recherche, la comparaison, la détestation des péchés, par laquelle un pénitent repasse ses années dans l’amertume de son âme, pesant la grièveté, la multitude et la laideur des péchés, la perte de la béatitude éternelle et l’éternelle damnation méritée, cette contrition fait

tio facit hypocritam, imino niagis peccatorcm.

(Sermo de pienilentia, 1518, Werke, t. i, p. 319.)

7. Verissimum est proverbium et omnium doctrina de contritionibus hue usque data præstantius : de cetera non fæere, stimma pœnitentia ; optima pænitentia, nova vita.

(Sermo de pœnilenlia, 1518, p. 321.)

8. Nullomodo præsumas confiteri peccata venialia, sed nec omnia mortalia, quia impossibile est, ut omnia mortalia cognoscas. Unde in primitiva Ecclesia solum manifesta mortalia confitebantur.

(Sermode pœnilenlia, 1518, p. 322.)

9. Dum volumus omnia pure confiteri, nihil aliud facimus, quam quod misericordiae Dei nihil volumus relinquere ignoscendum.

(Sermo de pœnilenlia, 1518, p. 323.)

10. Peccata non sunt ulli remissa, nisi rémittente sacerdote credat sibi remitti ; immo peccatum maneret, nisi remissum crederet : non enim sufficit remissio peccati et gratise donatio, sed oportet etiam credere esse remissum.

(Resoluliones…, concl. 7, p. 543.)

11. Nullomodo confidas absolvi propter tuam contritionem, sed propter verbum Christi : Quodcunque solveris, etc. Hinc, inquam, confide, si sacerdotis obtinueris absolutionem, et crede fortiter te absolutum, et absolutus vere eris, quidquid sit de contritione.

(Sermo de pœnilenlia, 1518, p. 323.)

12. Si per impossibile confessus non effet contritus, aut sacerdos non serio, sed joco absolveret ; si tamen credat se absolutum, verissime est absolutus.

(Sermo de pœnilenlia, 1518, p. 323.)

13. In sacramento pænitentiae ac remissione culpas non plus facit papa aut episcopus, quam infimus sacerdos : immo, ubi non est sacerdos, aeque tantum quilibet christianus, etiamsi mulier aut puer esset.

(Sermon (en allemand) sur le sacrement de pénitence, 1919, Werke, t. ii, p. 716.)

14. Nullus débet sacerdoti respondere se esse contritum, nec sacerdos requirere.

(Sermo de pœn itenlia, 1 518, p. 322.) Denzinger-Bannw., n. 741, 745-754.

Le développement et la « justification » luthérienne de ces articles se lisent dans deux écrits de Luther : l’un de décembre 1520 : Assertio omnium arliculorum M. Lutheri per bullam Leonis X novissimam danmato l’homme hypocrite et même plus grand pécheur.

C’est une maxime trèi vraie et plus excellente que toutes les doctrines enseignées jusqu’ici sur les différentes espèces de contrition, que ne plus faire mal à l’avenir est la plus excellente pénitence ; la meilleure, c’est une vie nouvelle >.

Ne vous embarrassez en nulle façon de confesser les péchés véniels, ni même absolument tous les péchés mortels, parce qu’il est impossible de connaître tous ses péchés mortels. Aussi, dans la primitive Église, ne confessait-on que les péchés mortels publics.

Vouloir confesser absolument tous ses péchés, c’est ne rien vouloir laisser à pardonner à la miséricorde de Dieu.

A nul homme les péchés ne sont remis s’il ne croit qu’ils sont remis quand le prêtre les remet ; le péché demeurerait s’il ne croyait qu’il est remis, car la rémission du péché et le don de la grâce ne suffisent pas ; il faut croire encore que le péché est remis.

N’ayez nullement confiance que vous êtes absous à cause de votre contrition, mais à cause de la parole du Christ, Tout ce que vous lierez, etc. Ayez confiance, si vous avez reçu l’absolution du prêtre, croyez fortement que vous êtes absous, et vous l’êtes, quoi qu’il en soit de la contrition.

Si par impossible celui qui se confesse n’était point contrit, ou que le prêtre l’eût absous par dérision et non sérieusement, s’il se croit absous, il l’est très véritablement.

Dans le sacrement de pénitence et dans la rémission de la coulpe, le pape ou l’évêque ne fait pas plus que le dernier des prêtres ; et même, s’il n’y a point de prêtre, que tout chrétien, fût-ce une femme ou un enfant.

Nul ne doit répondre à un prêtre qu’il a la contrition, ni le prêtre l’interroger làdessus. Hefele-Leclercq, op. cit., p. 738-739.