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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. PREMIÈRES NÉGATIONS DE LUTHER

contreront encore, très vivaces, chez les picards de Bohème et de Moravie. Nous avons déjà cité quelques textes à l’art. Ordre, col. 1336. Voici, plus expressément, sur le sacrement de pénitence, ce que rapporte le dominicain Henri Institoris :

Art. 23 : « Sur le sacrement de pénitence, il y a diversité d’opinions parmi eux : les uns en nient la nécessité, parce qu’elle n’est pas attestée par l’Evangile fsimiliter confessionem auricularem et pœnitenlicim pro peccatis a sacerdotibus injunctam rem oanam arbitrantur ) ; d’autres disent qu’il faut se confesser, mais ((lie toute personne peut absoudre, même les femmes ; d’autres enfin qu’il faut un prêtre, mais qu’un prêtre en péché mortel ne peut absoudre. » Hefele-Leclercq, Hisl. des conciles, t. vin. p. 931. Nous touchons au protestantisme formel.

II. Les doctrines de i.a réforme. — 1° Premières controverses de Luther. - 2° Synthèse de la doctrine luthérienne. —.’! " Les réformés. — - 1° Le protestantisme contemporain.

I. PREMIÈRES CONTROVERSES DE LUTHER 3US LE

3ACREME.VT de FÉ.v/TEXCE. — 1° Les thèses contre les indulgences. — Les thèses affichées le 31 octobre 1517 débutent par une attaque à peine déguisée contre le sacrement de pénitence :

1. En disant : Faites pénitence > (Matth., iv, 17), notre Maître et Seigneur, Jésus-Christ, a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence.

2. Cette parole ne peut s’entendre du sacrement de pénitence tel qu’il est administré par le prêtre, c’est-à-dire de la confession et de la satisfaction.

i.’toutefois, elle ne signifie pas non plus la seule (pénitence

) intérieure : celle-ci est nulle si elle ne produit pas au dehors diverses mortifications de la chair.

I. C’est pourquoi la peine dure aussi longtemps que dure la haine de soi-même, qui est la vraie pénitence intérieure, c’est-à-dire jusqu’à l’entrée dans le royaume des cicuw Hefele-Leclercq, t. viii, p. 634-635 ; Lulhcrs Werke, éd. de Wcimar, t. I, p. 233.

Les deux premières propositions pourraient être entendues dans un sens catholique. En disant : < Faites pénitence », Jésus a parlé d’une pénitence débordant le cadre précis du sacrement. D’ailleurs, ces paroles ont été prononcées avant l’institution du sacrement. Mais Luther veut insinuer que la pénitence voulue par Jésus-Christ est tout autre que celle que demande et pratique l’Église. La troisième proposition est acceptable dans sa première partie : à tout le moins exagérée dans la seconde. Dans la quatrième proposition. Luther a firme que la haine du péché consiste dans la haine de soi-même ; le pécheur ne doit compter que sur la miséricorde de Dieu. En conséquence, l’Église ne peut remettre la pénitence par des indulgences ni par des satisfactions. I.a satisfaction sacramentelle apparaît donc comme une simple mesure disciplinaire, ne contribuant en rien a la rémission des péchés. Bien plus, le sacrement lui-même n’a de valeur que connue œuvre de mortification, que comme manifestation rie la vraie pénitence intérieure, la haine de soi-même. Un certain nombre ri a ut res thèses touchent indirectement à la question de la pénitence. Voir surtout 5. 6. 7, 12, 26. Hefele-Leclercq, p. 635, 636 ; Werke, i. i. p. 233, 234.

2° Polémiques avec Tetzel.

thèses de Luther

Tetzel opposa des antithèses qu’il défendit publl quement contre Jean Knipstrow et Christian Ketterholdt. Cf. V. Grône, Tetzel und Luther oder LebensgeschtchteundRecht /eriigungdes.1 blasspredigersD* Jah, Tetzel, 1853, p. 71 81 ; voir aussi Der Katholik, nom Série, t. xxii, p. 120-132. Ces antithèses décèlent un théologien solide et compétent. Elles traitent avec ampleur de la pénitence et de l’indulgence, font r<s sortir le caractère sacramentel de la pénitence et en rappellent les trois parties essentielles ; elles dévi

loppent ensuite les enseignements de l’Église louchant la satisfaction, la contrition, l’efficacité du sacrement en vertu du pouvoir des clefs ; l’efficacité de la contrition, même minime, pour effacer le péché. Tetzel condamne la doctrine qui affirme que le pape, comme le plus humble prêtre, n’a sur les péchés qu’un pouvoir de déclaration ou de constatation ; que le plus humble prêtre chrétien n’a pas plus de pouvoir sur les péchés que l’antique synagogue des Juifs : que Jésus-Christ ne peut, à raison du suréminent pouvoir des clefs qu’il possède, remettre aucun péché ou sauver une âme sans confession faite au prêtre, à fin de constatation ou de déclaration. D’autres propositions, enfin, qui ne concernent pas notre matière, ont trait aux indulgences, au mérite des bonnes œuvres. Nous transcrirons simplement la thèse civ. en raison de sa facture scolastique :

I.a remise du péché (coulpe) vient fornuditer de la grâce, e/fuienter et causalive de Dieu, dispositive seulement de l’homme, en vertu de sa fonction et de ses dispositions, satisfactorie de Jésus-Christ et instrumentalitrr des sacrements. Cf. Hefele-Leclercq, p. 644-651.

Luther avait publié, en vingt articles, un de ses sermons sur l’indulgence et la grâce. Werke, t. i, p. 239246. Tetzel y répond dans son exposition ( Vorlegung) du 1 er avril 1518. Grône, op. cit., p. 216-231. Luther avait attaqué la division du sacrement de pénitence en trois parties : contrition, confession et satisfaction. Tetzel justifie la satisfaction par Matth., iii, 18, et les commentaires des Pères. Hefele-Leclercq, p. 651-652. De plus, il fait observer que l’indulgence ne supprime aucunement la troisième partie de la pénitence, la satisfaction, qui comporte la prière, le jeûne et l’aumône, puisque, pour gagner l’indulgence, il faut contrition et confession. Il en appelle aux Interrogations posées aux disciples de Wiclef et de Mus au concile de Constance, n. 26, 27, Denz.-Rannw., n. 676, 677. Aucune bulle d’indulgence ne dispense complètement des œuvres de satisfaction dues ou imposées pour les [léchés. Tetzel n’a pas de peine à montrer que Luther reprend les erreurs de Wiclef, Hus et Lierre ri’Osma contre la nécessité de la confession et de la satisfaction. Voir le résumé de toute cette polémique, dans Hefele-Leclercq, p. 652-658.

Le mal faisant des progrès nouveaux, Tetzel reprend 150 thèses plus approfondies, destinées à éclairer la religion des prolecteurs et des disciples de Luther. Il s’agit avant tout de l’autorité du pape, de la théologie de l’indulgence, de l’intelligence de la vérité catholique, de la tradition, de l’Écriture, des qualifications théologiques, du caractère de l’hérésie. Cf. Grône, op. cit., p. 106 sq. Sont à signaler, concernant le sacrement de pénitence, les thèses et i. rie

Tetzel ; cf. Hefele-Leclercq, p. 663, 666.

.’." Jean Eck et Luther. l’n autre adversaire redoutable rie Luther lui Jean Eck : voir t. iv, col. 2056. Il s’attacha tout d’abord à marquer la parenté des thèses luthériennes avec les doctrines condamnées de Wiclef et de lins. u courtes notes, obeliset, de Eck, Luther répliqua par ses asterisci. Werke. t. i, p. 281316. <)n y trouve les erreurs fondamentales sur l’Insuffisance de la contrition intérieure, l’inutilité de la satisfaction, l’inanité d’une absolution conférée en ei I n du p0U> oir des cleTs Sur ce dernier point, il est

Intéressant de noter que Luther argumente en prenant comme point de départ [’ancienne théorie sculas

tique de la valeur purement déclarât ive de l’absolution

par rapport a la rémission de la coulpe. Werke, t. i, p. 287, 361.

En 1519, a Leipzig, Eck disputera encore aec

Luther sur la pénitence Werke, t. n. p. 359 iq. Luther insiste sur les idées qui seront a la base de son Système pas de vraie pénitence dans la crainte qui