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PÉNITENCE. LES FRANCISCAINS AVANT DUNS SCOT


<list. XVII, q. i, a. 2 ; q. ii, a. 5, p. 296, 304 ; cf. De natura et gralia, Paris, 1540, t. II, c. xv, p. 159. L’un et l’autre admettent l’élévation, par l’absolution, de i’attrition à la contrition, simplement par l’habitus de la grâce et non par un acte nouveau de la volonté. Cano, Releclio de pœnit., part. VI, p. 1056 ; Soto, De natura et gratia, t. II, c. xv, p. 160. Les deux auteurs mettent en relief l’efficacité du sacrement ; aussi dénient-ils le caractère sacramentel à l’efficacité de la contrition précédant la réception du sacrement. Cano, ibid. ; Soto, dist. XV, q. i, a. 6. Ainsi se rapprochent-ils, avec Vitoria, de la « double voie » ouverte à la justification.

La confession est d’institution divine ; l’Église ne l’aurait pu instituer. Cano, Relect. de pœnit., part. VI, p. 1057. La possibilité d’une efficacité subséquente de la confession informe et valide est expliquée par Cano non par un ornatus, mais comme un simple effet de la causalité morale. Relect. de pœnit., part. VI, p. 1059. Soto nie complètement cette reviviscence. Quand saint Thomas l’a admise, il a parlé cum commuai vulgo : en réalité, il s’agit ici d’un simple effet de la contrition parfaite. C’est dans la Somme, IIP, q. lxix, a. 10, qu’il faut aller chercher sa doctrine définitive. Dist. XVIII. q. iii, a. 2-3, p. 329.

Sur les autres questions pénitentielles, les deux auteurs sont peu prolixes et se rapprochent de saint Thomas. Notons toutefois que D. Soto attache la rémission de la peine temporelle à une efficacité ex opère oprrantis de la satisfaction sacramentelle. Dist. XIV, q. i, a. 5 ; il reprend en conséquence l’opinion de saint Thomas sur l’inefficacité de la satisfaction accomplie par le pénitent retombé dans le péché. Ibid. Quanta la reviviscence des mérites, Soto professe une opinion moyenne : ceux-ci revivent avec une valeur correspondant au degré de la grâce perdue par le péché antérieur, si les dispositions nouvelles du pénitent atteignent ce degré de grâce. Si ces dispositions sont inférieures, leur valeur est proportionnée au degré de 5ràce répondant à ces dispositions. Dist. XVI, q. ii, a. 2.

iv. conclusion. — On l’a pu constater, tout l’effort de l’école thomiste a été, en suivant la voie tracée par le Docteur angélique, de chercher la conciliation entre l’efficacité de la contrition et celle du sacrement. La thèse de la valeur simplement déclarative de l’absolution est définitivement abandonnée : le sacrement est cause de la grâce et l’effet ultime du sacrement c’est la rémission des péchés. C’est la doctrine de l’ex opère operato. V >ir t. xi, col. 1084. Mais la plupart des thomistes a Invitent encore un intermédiaire entre le sacrement et la grâce, le rcs et sarramentum, dans lequel, en pljs dï la pœnitentia inlcrior, bon nombre veulent trouver un ornalus anima, qui explique à la fois la causalité dispositive du sacrement, et la possibilité d’un m -ut valide et informe, capable de reviviscence Sylvestre de Ferrare, le premier, réagit contre l’existence de cet ornatus et s’en tient à la pœnitentia interior, tout en maintenant la causalité dispositive. Cajétan rejet le a la fois l’ornalus et la causalité disposit ive il Inaugure, dans l’interprétation de saint Thomas, la causalité physique atteignant la grâce elle-même.

Déjà saint Thomas reconnaissait la différence entre la simple attrition et la contrition parfaite : mais il ne l’appuie, pour les distinguer entre elles, sur aucun de* motifs que nous invoquons aujourd’hui. Ses disciples demeurent encore dans le même vague, estimant contrition tout regret du péché émis en état de grâce L’attrition, qui est suffisante pour constituer rement de pénitence, n’esl qu’une contrition sans l’informai ion de la grâce : (l’on il suit qu’au leni on plus tard ce mol I ni pris tous les thomistes d’avant incite de Trente sont contrit ionist es. Vitoria seul

semble parfois réagir contre cette tendance. Le passage de l’attrition à la contrition s’explique, chez la plupart, par un acte explicite et nouveau de la volonté, provoqué dans le sacrement par Dieu et par l’absolution. Quelques auteurs, surtout les partisans de Vornatus, acceptent l’élévation de l’attrition par la simple information de la grâce, sans acte nouveau. Pour la plupart également, la justification opérée par la contrition parfaite est déjà une justification sacramentelle, en tant que cette contrition contient le désir du sacrement et reçoit du sacrement désiré son efficacité. Peut-être se rapproche-t-on davantage de la véritable pensée de saint Thomas en distinguant, avec Vitoria, plus expressément, la justification extrasacramentelle de la justification sacramentelle, tout en maintenant pour la contrition parfaite la nécessité du désir du sacrement. Tous, à l’exception de Soto, admettent la possibilité d’une reviviscence du sacrement, reçu validement quoique d’une manière informe. Les partisans de la causalité dispositive et de Vornatus n’y trouvent pas de difficulté spéciale. Cajétan, avec son système de la causalité physique, admet la chose sans pouvoir en donner de raison bien satisfaisante. Melchior Cano, protagoniste de la causalité morale, pense trouver en son système une nouvelle explication.

Les problèmes sont donc posés ; un certain nombre déjà sont résolus. Les solutions apportées par d’autres écoles, sur des points particuliers, permettront d’élucider certains aspects de la théologie du sacrement de pénitence. Et, quand les négations des novateurs s’opposeront, au xvi c siècle, à la doctrine reçue, le concile de Trente saura faire le partage entre les opinions et le dogme : son enseignement sera l’aboutissement de l’évolution doctrinale inaugurée par saint Thomas et poursuivie par ses disciples.

V. L’ÉCOLE FRANCISCAINE ET SCOTISTE. L’école

franciscaine, surtout avec son principal docteur, Duns Scot, a beaucoup fait, de son côté, pour dégager la doctrine sacramentelle de la pénitence des difficultés inhérentes à l’ancien concept de Pierre Lombard. Ses réactions sur l’enseignement dominicain n’ont pas été sans influencer l’évolution doctrinale dans le sens que devait plus tard consacrer le concile de Trente.

I. avant DUNS SCOT.

Entre saint Bonaventure

et Duns Scot, il faut citer Richard de Médiavilla. Guillaume de Ware, Alexandre d’Alexandrie, et quelques auteurs de Summæ confessorum. Le plus important est, sans contredit, maître Richard.

1° Richard de Médiavilla, - - Sur cet auteur, dont la vie est fort peu connue, voir E. Hocedez, S. J., Richard de Middleton, Louvain, 1925 ; J. Lechner, Die Sakramententehre des Richard von Médiavilla, Munich, 1925 ; W. Lampen, O. M., De patria Richardi de Médiavilla, dans Archivum franciscanum htstoricum, t. xvin (1925), p. 298-300 (établit qu’il faut dire : Médiavilla et non Middleton ou Middletown). Hichard fait son apparition dans l’histoire, quand, sorti des écoles d’Oxford, il se distingue dans celles de Paris. mis 1280. Il serait mort vers 1307 ou 1308. Il a écrit sou Commentaire sur les Sentences vers 1277-1283. Cf. Lechner, op. cit., p. 11-13 ; N. Paulus, Crschichle des

iblasseê toi Mttlelalter, t. i, p. 301. L’ordre des

matières dans le Commentaire est le suivant : disl. X IV. de la pénitence comme vertu ; disl. V. de la satisfaction et des œuvres satisfactoires : dist. XVI, des par tus du sacrement de pénitence et de la rémission des pèches véniels ; disl XVII, de la confession et de la

Justification ; dist XVIII, de l’excommunication ;

dist. l, pouvoir des clef S et correction fraternelle ; défense du prochain Opprimé.disl V confession au lit de mort, purgatoire et indulgences : disl XXI,

encore du purgatoire ; de la confession générale et du