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PÉNITENCE. LES THOMISTES, XVe SIÈCLE


le sacrement extérieur, le res et sacramentum, et l’effet dernier, res tantum. Et ici, il faut non plus seulement une douleur quelconque, mais la contrition est indispensable. Sans aucune contrition donc pas de sacrement puisqu’il manque une partie essentielle ; avec une contrition quelconque et l’absolution, le sacrement existe avec un commencement d’effet, le res et sacramentum ; avec une véritable contrition, le sacrement est parfait et produit son effet dernier, la res sacramenti, grâce et rémission des péchés, perfectum recipit sacramentum lam prima quam secunda perfeclione et ex sacramento recipit non solum primam, sed ultimam rem sacramenti. De là, distinction entre sacrement formé et sacrement informe. Capréolus est donc à ranger parmi les précurseurs du contritionisme.

En rappelant que la justification peut se produire normalement, et plus fréquemment peut-être, par la contrition avec le désir du sacrement avant la réception effective de celui-ci, Capréolus établit le mode de causalité du sacrement. Le « contrit », ainsi justifié avant d’avoir reçu l’absolution qu’il désire néanmoins, est justifié virtute sacramenti, quod habet in proposito, et ex contactu spirituali vel virtuali ad sacramentum. Ibid. Dans ce cas, la pénitence intérieure est encore res et sacramentum du sacrement extérieur qui agit non seulement quand il est reçu actu, mais même quand il est désiré volo. Dist. XXIf, q. i, a. 3. La causalité dispositive n’est pas en question, quoi qu’en pense Durand de Saint-Pourçain (contre qui ces articles sont dirigés) ; et l’auteur pense rester fidèle à la doctrine de saint Thomas, Ill a, q. xlviii, a. 6, ad 2° m ; q. lvi, a. 1, ad 3um ; q. lxxxiv, a. 5, ad 2°™ ; In /V’um Sent., dist. XXII, q. ii, a. 1, sol. 2, et de Pierre de la Palu, Quodl., V, q. x (alias, IV, q. vii, a. 10). C’est Dieu qui agit toujours comme cause principale ; l’action du sacrement in volo n’est qu’analogique par rapport à celle du sacrement réellement reçu : c’est uniquement en tant qu’objet du désir du pénitent qu’il agit en son âme. Dist. XXII, loc. cit. Opinion d’ailleurs difficile à concilier avec la thèse de la causalité physique du sacrement que saint Thomas semble enseigner, tout au moins dans la Somme.

La reviviscence du sacrement est étudiée principalement dist. XVII, q. ii, et résolue conformément aux principes posés par saint Thomas, In IV a ! T * Sent., dist. XVII, q. ni, a. 4, col. 1 ; toutefois, dans l’a. 3, Capréolus expose avec plus de détails les cas où la fiction peut être admise sans léser l’efficacité du sacrement quant à son effet premier.

Sur la question de’ef]et dernier du sacrement (res sacramenti), dist. XIV, q. i, a. 1, Capréolus suit la doctrine de la Somme et du Commentaire sur les Sentences. La rémission de la faute n’entraîne pas nécessairement la rémission de toute la peine due à la faute ; la peine éternelle seule est certainement remise. Dans la dist. XXII, q. i, il établit que le sacrement produit instrumentaliter effective la rémission du péché, et instrumentaliter dispositive l’infusion de la grâce, ullima res sacramenti. La rémission de la peine par la satisfaction est exposée dist. XV, q. i, conformément

iux opinions de saint Thomas.

Dans la question de la reviviscence de la r/rdec et des nerlus, et aussi des mérites, Capréolus défend la position de saint Thomas contre les critiques de Duns Scot, Auriol et Henri de Gand, d’accord avec Bernard de Gannat. Dist. XIV, <[. II. Il note cependant que

l’enseignement de saint Thomas dans la Somme pire

sente quelque progrès sur celui des Sentences : c’est cet enseignement postérieur qu’il défend.

l.e grand mérite de Capréolus est d’avoir, en restant fidèle a l’esprit de saint Thomas, mis en relief l’action objective sacramentelle en la conciliant avec la nécessité des dispositions subjectives du pénitent. Mais sa

thèse, en ce qui concerne l’ornalus animæ, la grâce sacramentelle, disposition habituelle à la grâce de la justification, est discutable et sera discutée.

Jean Nyder.

Cet auteur mérite d’être signalé

en raison de son Manuale confessorum ( Prseceptorium divinæ legis).

C’est la partie II, c. iv (comment le confesseur doit s’assurer des dispositions du pénitent) qui nous intéresse particulièrement, tout au moins pour la pratique pénitentielle du xve siècle. Nyder insiste sur la nécessité, pour le pénitent, d’avoir une véritable contrition ; mais le confesseur doit, en règle générale, se contenter des affirmations du pénitent à ce sujet, sans lui imposer des serments ou autres déclarations extraordinaires. L’assertion est d’autant plus intéressante que Nyder rapporte les opinions, substantiellement identiques, de Humbert, maître général des frères prêcheurs († 1277), de Cancella, de Guillaume de Paris, de Pierre de la Palu. Cf. Gôttler, op. cit., p. 205.

Saint Antonin.

Les deux ouvrages qui nous

intéressent sont la Summa theologiæ et la Summa confessionalis, la première, commentaire développé de la II a de saint Thomas, la seconde, de caractère immédiatement pratique. Dans la spéculation, Antonin relève de saint Thomas et de Pierre de la Palu.

Cette dépendance s’affirme en premier lieu touchant la causalité sacramentelle. C’est une causalité instrumentale dispositive, en tant que l’efficacité du sacrement atteint directement la disposition à la grâce, caractère ou ornatus de l’âme, et, pari ratione (l’expression est un peu vague), la grâce sacramentelle. Antonin n’accepte pas, sur la grâce sacramentelle, la conception de Capréolus, mais ne s’explique pas clairement. Sum., III a, tit. xiv, c. x. Il admet, à la place du caractère, propre à trois sacrements, pour les quatre autres, un ornatus animæ, disposition qui appelle toujours au moins la grâce sacramentelle, quand le pénitent contrit n’a plus besoin de la grâce sanctifiante qu’il possède déjà. Dans l’âme déjà justifiée, cette disposition appelle une grâce plus abondante. Toutefois, alors que la fiction, même formelle, n’empêche pas le caractère, la fiction volontaire (absence de contrition, péché caché) empêche l’ornalus dans le sacrement de pénitence. Cet ornatus n’est d’ailleurs ni une puissance, ni un habitus, mais une simple disposition passive ad recipiendum, par rapport à la grâce sanctifiante et la grâce sacramentelle. Saint Antonin semble se rallier à l’opinion qui admet la persévérance de l’ornalus, même après la grâce récupérée, ce qui permettrait au pénitent une purification sans cesse renouvelée et accrue. III a, tit. xiv, c. xi, § 6. Il professe que la grâce sacramentelle, comme la grâce sanctifiante, est l’efjectus secundus du sacrement. A l’opinion commune, qui considère la grâce sacramentelle et la grâce sanctifiante comme identiques en soi, l’une se différenciant de l’autre comme la santé naturelle se différencie de la santé récupérée par l’art médical, il oppose l’opinion « singulière » ( ?) de saint Thomas, In /V’ « m Sent., dist. I. q. iv, a. 5 ; dist. VIII, q. ii, a. 2 ; Sum. (heol.. III a, q. lxii, a. 2, sans d’ailleurs la discuter. Cf. ibid.,

§ 7 L’entité res et sacramentum, pour Antonio comme pour Thomas, c’est la pirnilentia inlerior. Mais la contrition est la disposition de la volonté à la grâce sain t i liante ; l’ornalus est la disposition causée par le sacre ment ; de telle sorte que l’atlritus n’a qu’une disposi tion, tandis que le contrttus en a deux. Psenttentta enim sacramentum non tmprtmti caraclerem sed orna Imn. Kl conlrilio quidem rsl dispositto respecta liben arbitra et res et s<n rumriitum rttptctu gratta gratum

faclentls, ornatus autan respectu gratta sacramentalis

I A m attrito est iirnaliis rlsi non ronlrilm. In Contrito el eliam nrnniiis Inde ri major gratta tnfunditur respectu