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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. SAINT THOMAS, PRINCIPE FONDAMENTAL

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suade être présentement libéré de ses péchés à cause des mérites du Christ. De telle sorte que l’absolution du prêtre n’est nécessaire ni en réalité, ni en désir, qu’elle ne possède aucune causalité ni proprement, ni improprement dite, pas même par manière de condition sine qua non, mais consiste en une pure et simple déclaration d’un effet qui est produit et ratifié indépendamment d’elle. Or, tout autre est la conception des anciens scolastiques. Sans doute, de prime abord, ils paraissent n’accorder à l’absolution qu’une valeur purement déclarative quant à la rémission des péchés. Néanmoins, leur système diffère essentiellement du système protestant. On pourrait d’abord faire observer qu’ils n’ont jamais fait dépendre la justification de la confiance en l’application des mérites du Christ. Mais, en demeurant dans les limites du présent sujet, on a pu constater que, pour les théologiens antérieurs à saint Thomas, la justification sacramentelle est toujours l’effet d’une contrition impliquant la confession et l’absolution, soit en réalité, soit en désir. Le pouvoir des clefs, confié uniquement aux prêtres, est formellement reconnu. L’obligation de soumettre ses péchés à ce pouvoir, afin d’en recevoir le pardon, est expressément enseignée ; et c’est sur le droit divin lui-même qu’on la fait reposer. Deux vérités sont mises en relief par nos théologiens : l’autorité suprême de Dieu, c’est-à-dire le pouvoir principal dans la rémission des péchés ; le pouvoir ministériel confié aux seuls prêtres. Ils n’arrivaient pas à expliquer comment le pouvoir ministériel peut, par l’efficacité reçue du pouvoir principal, élever la simple attrition au degré de disposition prochaine et suffisante à la justification dans le sacrement de pénitence. De là leurs hésitations, leurs insuffisances, leurs erreurs même, dans la subordination des deux pouvoirs dans l’œuvre du pardon des péchés. De là, les imperfections des comparaisons qu’ils empruntent à l’Évangile (résurrection de Lazare, solvite eum ; guérison des lépreux, oslendile vos sacerdotibus).

Un abîme sépare une thèse de l’autre. Celle des anciens théologiens respecte le principe de la justification sacramentelle et fait même pressentir les explications du concile de Trente. Celle des protestants est directement opposée au dogme et n’a de commun avec l’autre que des expressions mal choisies, recouvrant une explication déficiente du pouvoir ministériel des clefs. Cf. Billot, De sacramentis, t. ii, th. xxii.

Jean Morin, Opéra postlmma. III. De contritione et attrittone, Paris, 1703 ; Commentarius historiens de disciplina in administratione særamenti pœnitentiæ Irederirn primis sœculis in Bcclesia occidenlali et huciisque in orientait obsernata, Bruxelles, lf>S. r > ; Amédée Teetært, La confession aux laïques dans t’feglise latine depuis le VIIIe siècle jusqu’au XIV’siècle, Wetteren-Paris, 1926 ; D. Palmieri, Tractatns de pienitenlia, Prnto, 1896, th. xxvi (exposé peu critique et souvent tendancieux) ; P. Galtier, De pœnitentia, Paris, 1923, th. xi et xxii ; Michel Buchberger, Die Wirkungen des Busssakramentes nacli der Lettre des ht. Thomas von AfHin.Fribourg-en-B., 1901, introduction (§ 1-4) ; S. Alonso, IJ mlntstro del sacramento de la penitencia, dans Ctencta tomistn, sept.-oct. 1931, p. 115-173.

III. La doctrine de saint Thomas d’Aquin. La doctrine de saint Thomas d’Aquin constitue un bout issement d’une é olul ion qui remonte à plusieurs Siècles Malgré les nombreuses tentatives faites par les théologien ! antérieurs et contemporains du Doc

leur angéliqæ pour concilier l’élément objectif et l’élément subjectif, pour rapprocher l’élément divin

et l’élément humain d ; ins le processus de la justlflefl Htm, personne n’avait encore réUUl A établir une

connexion définitive entre la contrition et l’absolution. La solution défectueuse et Incomplète « le ce problème compliqué doit être attribuée principalement au fait qu’avant saint Thomas tous les auteurs consl

déraient les diverses parties du sacrement de pénitence comme agissant successivement, et chacune pour son propre compte. Ils distinguaient, en effet, divers éléments dans le péché, à savoir la faute, la peine éternelle, les peines canoniques, les peines du purgatoire, etc. Or, d’après tous ces théologiens, chaque partie du sacrement contribuait à la rémission de l’un ou de l’autre élément du péché. De plus, ils distinguaient formellement la réconciliation avec Dieu et la réconciliation avec l’Église. Le mérite de saint Thomas est d’avoir négligé toutes ces divisions et toutes ces distinctions et d’avoir considéré le sacrement de pénitence comme constituant un tout, une entité dont toutes les parties concourent à produire un même effet : la rémission du péché. » A. Teetært, op. cit., p. 272.

Or, ce qui est ici remarquable, c’est que, dès ses premiers écrits sur le sacrement de pénitence (commentaire sur le IVe livre des Sentences), la position de saint Thomas est prise. Sa pensée ne variera plus que sur des questions accessoires. Dans ses grandes lignes, elle a déjà atteint la doctrine parfaite, qui plus tard sera canonisée à Trente.

1° Principe fondamental de la théologie thomiste sur le sacrement de pénitence. — C’est la théorie de l’unité de signification et, par suite, d’efficacité des éléments d’un même sacrement : le sacrement signifie la grâce qu’il produit. Dans le sacrement, « l’union de la matière et de la forme se fait selon leur signification, moins déterminée et par conséquent délcrminable, dans la matière, plus expressive, et par conséquent déterminante dans la forme… Et les choses, s’unissant aux paroles selon l’ordre de la signification moins parfaite à la signification plus parfaite, constituent un sacrement, précisément parce que la signification demeure une. » Matière et forme, I. x. col. 341, 353.

De plus, le sacrement, un, nonobstant la multiplicité de ses éléments constitutifs, matière et forme, est cause véritable, quoique simplement instrumentale, de la grâce qu’il signifie et qu’il contient. Cette causalité instrumentale ne saurait être conçue comme une condition sine qua non, ou comme une simple concomitance. 7/i 7Vum Sent., dist. I, q. i, a. 4 ; Sum. theol., 1 1 1°, q. lxii, a. 4.

Or, le sacrement de pénitence comporte, dans son unité de signification et d’efficacité, une pluralité d’éléments : d’une part, les actes ou les paroles du pénitent, qui en sont comme la matière ; d’autre part, les paroles du prêtre qui en constituent la forme : III a, q. lxxxiv, a. 2, 3. Voir comment saint Thomas justifie la distinction des parties d’après les actes du pénitent, q. xc, a. 2 ; cf. In I Vum Sent., dist. XVI, q. i, a. l, qu.2, 4 ; dist. XVII, q. iii, a. 3, qu. 4 : dist. XX II, q. ii, a. 1, qu. 2, ad 3 llm : (’.ont. gent., I. IV, c. i.xxii ; opusc. De Ecclesiæ sacramentis.

Dans la pensée de saint Thomas, c’est le sacrement tout entier, et non pas telle ou telle de ses parties, qui produit la justification, encore que la forme, réalisée par l’absolution sacerdotale, joue, dans cette production de la grâce, le rôle principal. Cf. III*, q. xc, a. i, ad lum. Les éléments <u sacrement de pénitence sont des parties intégrales qui, toutes ensemble, doivent réaliser le tout, sans que chacune d’elles en ait toute la puissance active et toute l’essence ». Q, <. a. 3 ; cf. In / V’" » Sent., dist. XVI. q. I, a. I, qu. 3.

Il importe dès maintenant de dissiper une équi

voque. Certains auteurs du xvir siècle <>nt affirmé que la doctrine de saint Thomas, tombant la remis sion des péchés, se rapprochait sensiblement de celle d’Alexandre de Ilalès et de saint Bonaventurc. Cf..1. Morin, De conlrliione et attrilione, c. vij De disciplina in administrations særamenti psenltenttæ,

I I.’w III, n 16 ; et, dans une certaine mesure. I BU

noy, » r mente conclut Trldenttni cirai conlrillonem