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PÉNITENCK, Dl Xllie AU XVI’- SIKCI.K


antérieurement à la réception du sacrement. Comme ledit Prévostin (texte cité dans Schmoll, op. cit., p. 84, note 1) res priverait sacramentum, ce qui est proprement l’inverse de ce qui devrait se passer. Le mérite de Pierre Lombard a été, sinon de résoudre définitivement le problème, du moins de montrer que ce n’était ]>as exclusivement ici qu’il se posait. Il se posait, somme toute, de la même manière dans le cas d’un adulte admis au baptême et qui, de toute nécessité, devait avoir, soit avant la réception du sacrement, soit au moment même où il le recevait, une contrition de ses fautes informée par la charité. Il ne viendrait de ce chef à personne l’idée de proclamer l’inutilité du rite baptismal. De même convient-il de donner au rite pénitenliel toute son importance, en dépit des actes intérieurs qui l’ont précédé ou qui doivent l’accompagner. Prévostin, qui allègue le même principe de solution, ajoute une considération que les théologiens de l’avenir développeront, quand ils parleront de la « grâce sacramentelle ». « L’objection que l’on fait. écrit-il, que la réalité (res) précède le signe (sacramentum ) n’est point un inconvénient ; en réalité, le signe produit bien ce qu’il figure : bien que le pécheur. en effet, soit déjà purifié par la contrition, il l’est de plus en plus dans la satisfaction (pour lui la confession est une partie de la satisfaction) et bien que le péché ait été déjà remis quant à la peine tout entière (entendons la peine éternelle), la grâce ne laisse pas d’être augmentée dans la satisfaction ; c’est comme dans le cas du baptême de l’adulte, à qui le péché a été remis dans la contrition, et pourtant, dans le baptême, il est davantage remis, en d’autres termes, la grâce est augmentée : magis dimittitur vel gratta augetur. s Loc. cit.

Conclusion générale. — En définitive, à l’époque où le IVe concile du Latran impose définitivement le précepte de la confession annuelle, l’ensemble des solutions théoriques et pratiques auxquelles nous sommes présentement accoutumés est véritablement acquis. La liaison s’est faite de plus en plus nette entre l’idée de rémission des péchés et celle de l’intervention ecclésiastique. Sans méconnaître le moins du monde la part énorme que jouent, dans le grand œuvre de la rémission des péchés, les dispositions intérieures du pécheur repentant, on déclare à l’envi que, pour obtenir un résultat certain et complet, ces dispositions doivent s’accompagner de ce que le pape saint Léon appelait déjà « l’intercession sacerdotale ». Certes, tout n’est pas encore absolument définitif dans les solutions proposées par les premiers scolastiques, mais, dans leurs constructions trop souvent incomplètes, se discernent néanmoins les points d’attache où leurs successeurs viendront insérer leurs additions ultérieures.

Ce faisant nos auteurs se raccordent, il faut l’ajouter, à la plus authentique tradition de l’Église. Car, si l’on compare aux idées du passé les concepts ainsi aménagés par eux, on ne peut que constater la continuité qui règne entre ceux-ci et celles-là. A coup sûr, un saint Cyprien eût été, de prime abord, un peu étonné, en voyant Robert de Flamesbury recevoir, au monastère de Saint-Victor, les confessions des étudiants parisiens. Mais il n’eût pas été besoin de bien longues argumentations théologiques pour lui faire entendre que la pratique, dont il avait été jadis l’exécuteur (et partiellement le promoteur), se retrouvait, en dernière analyse, dans ce qui se passait maintenant à Saint-Victor. Peut-être même eût-il plus aisément compris la chose que des gens d’une époque intermédiaire, un Césaire d’Arles ou un Grégoire de Tours ; tant il est vrai que la discipline et la pratique pénitentielles du xiie siècle retrouvaient, jusqu’à un certain point, les formules et les gestes du ine siècle. En définitive, c’était toujours dans et par l’Église que s’obtenait, normalement la rémission des péchés.

Los sources ont été signalées et classées au cours de l’article. L’histoire des sources proprement canoniques est faite au mieux dans 1°. Fournier-G. Le Bras, Histoire des collections canoniques en Occident depuis les Fausses Décrétâtes jusqu’au Décret de Gratien, 2 vol., Paris, 1931, 1032. — Pour les travaux, se référer à la bibliographie des articles antérieurs. Tenir compte, en outre, des ouvrages suivants :

I. ÉTUDES GÉNÉRALES.

Aux travaux de Sirmond, Morin, ajouter.1. Petit, Theodori Cantuariensis patnitentiale, 2 vol., Paris, 1(177, dont la thèse générale est fausse, mais où se trouvent rassemblées quelques pièces intéressantes. — Boudinhon, Watkins, voir col. 814 ; B. Poschmann, Die abendlàndische Kirchenbusse im friihen Miltelidter, Breslau, 1930 ; A. Teetært, La confession aux laïques (huis l’Église latine depuis le VIII » jusqu’au XIV’siècle, Bruges-Paris, 1920, dépasse de beaucoup les limites que le titre semblerait assigner.

IL Questions particulières. — 1° Les origines de lu pénitence privée. — Pour les Pénitentiels voir l’article spécial. — Sur le rôle des moines cettes : L. Gougaud, Les chrétientés celtiques, Paris, 1911 ; A. Malnory, Quid Luxovienses monachi discipuli sancti Columbani ad régulant monasteriorum atque ad communem Ecclesiæ profe’lum contulerint, Paris, 1894.

La réforme carolingienne.

P. Fournier, Études sur les

pénitentiels, série d’articles extrêmement remarquables qui débordent le domaine de l’histoire littéraire, parus dans Rei>. d’hist. et lill. rel., 1901, p. 289-317 ; 1902, p. 59-70, et 121127 ; 1903, p. 528-553 ; 1904, p. 97-103, voir particulièrement la conclusion, p. 100 sq. ; M. Fayard, La pénitence d’après Alcuin (thèse de la faculté de théol. de Lyon), 1914 : quelques renseignements curieux fournis par Alph. Michel (J. Turmel), Conjessions et absolutions données par écrit, dans Rev. d’hist. et litt. rel., 1921, p. 58-75.

Vers les solutions définitives.

K. Muller, Der L’mschwung

in derLehre von der Busse wdlirenddes XII. Jahrhunderls, dans les Theologische Abhandlungen C. von ^Yeizsdcker gewidmet, 1892 ; P. Schmoll, Die Busslehreder Frùhscholastik, Munich, 1909 ; J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, Paris, 1914 ; N. Paulus, Geschichte des Ablasses im Mittelalter vom Ursprunge bis zur Mille des XIV. Jahrhunderts, t. i, Paderborn, 1922 ; A. Landgraf, Grundlagen fur ein Verstandniss der Busslehre der Friihund Hochscholastik, dans Zcitschr. fur kathol. Théologie, t. li, 1927, p. 161 sq. ; du même, Siinde und Trennung von der Kirche in der Friihscholastik, dans Scholastik, t. ii, 1930, p. 210-248 ; du même, Das Sacramentum in voto in der Friihscholastik, dans Mélanges Mandonnel, t. ii, Paris, 1930, p. 97-143.

Pour les Summæ confessorum, nous donnons une fois pour toutes la nomenclature des articles que leur a consacré J. Dietterle, cette nomenclature devant servir aussi pour l’article suivant : J. Dietterle, Die franziskanischen Summse confessorum und ihre Bestimmungen iiber den Ablass (progr.), Dôbeln, 1893 ; du même, Die Summæ confessorum (sive de casibus conscientiie) von ihren Anfàngen an bis zu Silvester Prierias, dans Zcitschr. fur Kirchengeschichle : la série est répartie en trois sections : i. Fin du xii’et xme siècle : t. xxiv, 1903, p. 353-374, 520-548 ; t. xxv. 1904, p. 248-272 ; t. xxvi, 1905, p. 59-81 ; n. Les xiv et xve siècles, jusqu’à Nicolas d’Ausimo ; t. XXVI, 1905, p. 349-362 ; t. xxvii, 1906, p. 70-79, p. 166-188 ; m. Seconde moitié du xv° siècle, xvie siècle : t. xxvii, 1906, p. 296-310, 131-442 ; t. XXVIII, 1907, p. 401-431.

É. Amaxii.

III. — PÉNITENCE, DU IVe CONCILE DU LATRAN A LA RÉFORME. - Cet article embra—e toute la période qui va de 1215 aux premières manifestations de la Réforme.

Le concile du Latran rappelle l’obligation de la confession au prêtre et met ainsi en relief la valeur de l’absolution sacramentelle. La doctrine dominante qui se dégagera pour lors des discussions théologiqueest l’efficacité ex opère operato du sacrement de pénitence. Avant saint Thomas, de sérieuses tentatives sont déjà faites pour dégager la théologie du sacrement d’une conception trop subjective en ce qui concerne la rémission du péché. Les explications ne sont pas parfaites ; mais la tendance est bonne. Les théologiens, même les plus fidèles à Pierre Lombard, sentent que la contrition n’est pas, ne peut pas être la