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PAYS-BAS


donner pour les œuvres de la paroisse. A toutes les messes du dimanche il y a non seulement deux ou trois quêtes, mais on y recueille l’argent dû pour les places non louées. La location est d’ailleurs plus ou moins élevée à mesure que la place est plus ou moins rapprochée de l’autel. U paraît que Lacordaire se scandalisait tellement du tapage répété, causé par les boîtes et les plats qui servent aux quêtes, — musique peu liturgique, mais qui a pour le bon entendeur un son évangélique, — qu’il refusa de prêcher à Rotterdam à moins que, pour cette occasion, toutes les places ne fussent gratuites. Pour la construction de chaque église on a multiplié les sermons de charité, les circulaires, les campagnes de quêteurs et de quêteuses, et on continue toujours à bâtir de nouvelles églises, dans le but de conserver les paroisses aussi petites que possible, ne dépassant pas, autant que faire se peut, 5 000 âmes. Aujourd’hui, entre les cheminées d’usine et les moulins à vent, de plus en plus rares, ce sont les flèches des clochers, surmontées de la croix, qui caractérisent les paysages de plaines unies, qu’elles rappellent au Sursum corda.

La double antithèse entre le catholicisme d’un côté et le calvinisme et le jansénisme de l’autre a donné aux catholiques une nuance papale très prononcée. Le peuple les appelle ordinairement « romains », nom par lequel ils aiment à se désigner aussi entre eux. Le désir de Rome concernant la communion fréquente et la communion des tout petits a été exaucé sans délai, et c’est à l’observation de cette loi qu’on attribue l’accroissement considérable des vocations sacerdotales, surtout chez les religieux et tout particulièrement chez les missionnaires. Jac. van Ginneken, dans le Jaarboek van het Onderwys en de Opvoeding, 1928, p. 427 et sq. Sur 200 hommes catholiques, on compte un étudiant ecclésiastique, et sur 100 un qui se fait religieux.

La Hollande compte 2 millions et demi de catholiques sur 8 millions d’habitants environ. Depuis 1890, la population catholique a relativement diminué pour des causes naturelles, telles que la mortalité excessive des enfants dans les provinces méridionales, où l’hygiène était négligée, et la pauvreté disproportionnée de la campagne, où les circonstances ne permettaient souvent pas aux catholiques de se marier. Il faut aujourd’hui ajouter le facteur de l’apostasie, suite des mariages mixtes, qui menace de contrebalancer la restriction systématique des naissances chez les noncatholiques.

Le noyau religieux des paroisses est plus florissant que jamais, mais la périphérie décline dans les endroits où l’on a restreint plus que de droit la notion de paroisse, en y comprenant presque seuls les paroissiens fidèles. D’après les dernières statistiques, l’archidiocèse d’Utrecht compte pins de 400 000 catholiques, dont 23000 ne font pas leurs pftques. Si, dans le diocèse de Bois-le— Duc, pour le même nombre de communiant s, celui des non-communiants est trois fois moindre, dans d’autres diocèses le nombre des catholiques pratiquants diminue tous les ans de plusieurs centaines, et de plusieurs milliers dans celui de Haarlem. où se trouvent les grandes villes. Ici, il est vrai, on enregistre, en moyenne, si* conversions par jour. Quant a Amsterdam, il v a 50 000 catholiques environ qui ne font pas leurs pâques, tandis que le protestantisme u’j effondre visiblement chez la foule et se résout dans l’indifférence, i bien qu’un quart de toute la population ne professe plus nu une religion et que deux tiers des mariages sont purement civils. Parmi les coreligionnaires de cette ville | (. nombre des mari mixtes, écueils de la foi, surpasse déjà celui « lis ma riagei m re catholiques. Ces conditions alarmantes on) pu se développer pane que d’une p

étaient situées le plus souvent au centre de la ville et que celui-ci s’est peu à peu dépeuplé pour devenir une sorte de cité commerciale, et que, d’autre part, dans les faubourgs, elles n’ont pas été construites avec la promptitude requise. Ajoutons à cela les causes sociales. Le catholicisme se ressent toujours de la persécution séculaire en ceci qu’il est trop souvent accompagné de paupérisme. A Amsterdam la moitié ou presque des familles assistées sont catholiques, et la formation intellectuelle du peuple a été bien souvent abandonnée à des hétérodoxes. G. C. J. Kropman, dans la revue hebdomadaire De Nieuive Eeuw, 1924.

Comme dans toute l’Europe, on trouve en Hollande deux courants opposés : une élite intellectuelle qui est poussée vers le christianisme et la foule aux conceptions vieillies qui s’en éloigne. Ce phénomène stimule le dévouement entier, à qui l’amour inspire des méthodes bien appropriées à notre époque.

Le sens de la réalité y est foncièrement concret. Les religieux ne vont point encore partout avec leur habit : les processions sur la voie publique ne sont encore permises que dans une seule des onze provinces, mais la patience refuse de sacrifier la substance à un beau geste. On recommande du haut de la chaire toutes sortes d’œuvres sociales, profanes en apparence, qui sont affichées à la paroi ouest des églises. Afin de pouvoir faire fréquenter tous les ans à 200 000 personnes une des douze maisons de retraites, fondées depuis 1906, on a institué « le sou des retraites », propagé par tous les moyens qu’inspire la charité, initiée aux lois de l’économie. Les catholiques ont aussi leur poste émetteur de T. S. F. à Huizen ; celui-ci, muni de tous les perfectionnements modernes, est mis à la disposition de la propagation de la foi et diffuse des grand’messes et des conférences religieuses ; voilà le moyen d’exécuter à la lettre le Prædicate super tecta.

Comme pour unir le ora au labora, le poste de Huizen diffuse en outre les cérémonies religieuses de l’apostolat des malades, fondé en 1925 par l’abbé L. J. Willenborg, curé de Blœmendaal. Cette œuvre réunit les malades à l’église pour un triduum, surtout dans le but d’évangéliser les autres par leur exemple ; on les renseigne sur leur vocation, qui élève leurs souffrances jusqu’à être la meilleure forme de prière. Leur manuel s’inspire des prières liturgiques. La correspondance imprimée du directeur avec ses malades dérive de l’Évangile, où il est si souvent question des malades qui furent apportés au Sauveur. Cette forme d’apostolat a été en peu de temps transplantée dans d’autres pays. Le fait qu’elle relève de la liturgie de l’Église est garant de la solidité de son esprit.

Le mouvement liturgique, propagé en Hollande par des bénédictins de Flandre, a été organisé aussitôt après 1. Il par le clergé séculier et popularisé de telle sorte qu’il a mérité d’être proposé à l’imitation des Allemands par le P. Jos. Braun. Stimmen der Y.cii, t. nu, 1922, p. 125 sq. Un des moyens pratiques par lesquels on vulgarise le mouvement est constitué par les tracts en lingue vulgaire, qu’on distribue à l’occasion d’un mariage ou d’un enterrement à tous les assistants. Puis, il y a les Images, espèce de catéchisme illustré, destiné aux enfants : (eux ci, a mesure qu’ils ont appris par cœur la légende d’une image, sont ré compensés par le numéro suivant d’une même série. L’exécution de la musique religieuse est réglementée de façon qu’aucune composition ne finisse être exécu allant les offices divins, si elle n’a obtenu au

préalable le nihil obëtat d’une commission épiscopale.

On ne dédaigne pas le secours des laïques dans le ministère, surtout dans les grandes villes, ou la foi est en jeu et où l’action Indirect* f ors indispen C’est le dévouement laïque qui. dès 1881 donné naissance < une dévotion remarquable nommée