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PÉNITENCE, SOLUTIONS DÉFINITIVES, LA THÉOLOCxIE


fession ? » cela ne saurait préjuger de sa pensée de fond. Mais les deux chapitres xxiv et xxv du Scito te ipsum laissent à coup sûr, une impression un peu mêlée. Tout en montrant les avantages de la confession, Abélard semblerait, de prime abord, la considérer plutôt comme très utile que comme indispensable et il appuie avec quelque lourdeur sur les inconvénients inévitables de l’institution, inconvénients qui, en certains cas, seraient assez grands pour que le pécheur se dispensât de l’aveu aux hommes. L’exemple de Pierre, dont on ne lit point dans l’Écriture qu’il ait confessé sa faute, est allégué pour justifier ceux qui, en certains cas, voudraient différer ou même laisser de côté la confession. L’essentiel est qu’il n’y ait pas chez eux mépris pour l’institution. Et Abélard d’énumérer quelques cas où l’on pourrait, en somme, se dispenser de l’aveu. Rien, cependant, d’une thèse en tout ceci et plusieurs des cas qu’il examine seront résolus comme lui par les moralistes de l’avenir. De l’ensemble, néanmoins, se dégage une impression fort différente de celle qu’on éprouve en lisant Hugues de Saint-Victor : pour Abélard, à coup sûr, la confession, si elle est commandée ou tout au moins fortement conseillée, n’est pas considérée comme de nécessité de moyen. Le lien si ferme établi par d’autres contemporains entre l’aveu et le pardon se relâche beaucoup ici. Les développements de Roland Bandinelli sur le même sujet, loc. rit., p. 213-219, sont plus nets, et la discussion roule plutôt, chez lui, sur la manière dont confession et contrition concourent à l’effet total. On ne trouve pas chez lui, néanmoins, les déclarations tranchantes que l’on découvre chez les victorins. Voici sa conclusion : Bien que le péché soit remis par la contrition du cœur, la confession de bouche et la satisfaction ne sont pas superflues. En péchant, nous avons offensé à la fois Dieu et l’Église, Dieu directement, l’Église en la scandalisant ; ayant offensé l’un et l’autre, nous devons satisfaire l’un et l’autre ; Dieu par la contrition intérieure, l’Église par la confession de bouche et les œuvres satisfactoires, si la qualité du temps le demande : si temporis qualilas exposcit. » Loc. cit., p. 249. Il n’est pas difficile « le voir quelles échappatoires permettrait l’argumentation de Roland.

Il faut ajouter, pour terminer, que la lutte contre les hérésies anticcelésiastiques aura pour résultat d’amener dans l’ensemble une fermeté plus grande des docteurs sur la présente question. Au fond, les objections que pouvaient faire contre la nécessité de la con-Fession Vbélard et ses disciples, étaient des arguments île ; elles ni’visaient en rien la pratique. Du jour où l’on sentira menacée la vieille thèse de la nécessaire Intervention de l’Église en matière de rémission des péchés, l’accord se fera aisément entre les docteurs catholiques sur ce point de dogme. En somme, à la lin du ir siècle, la thèse de la nécessité de la confession a définitivement cause gagnée.

b) Rôle respectif de la contrition et de la confession.

Avec le problème dogmatique sur la nécessité de la

confession Interférait, avons-nous dit, un problème

i héologique que les auteurs de l’époque arrivaient dif In ilenient : i isoli i II i tait d’autant plus malaise d’y

parvenir qu’une autre question encore se grelTait sur

première : celle du sens qu’il fallait donner a

olution accordée par le prêtre a la suite de la con I l Issayons d’en débrouiller les tenants et abou fils, .

Quand ils parlent de contrition, les auteurs du

kii* sic. te onl d’ordinaire en vue un repentir Inspiré

par l’amour de Dieu ; nul d’entre eux ne songeait -i

i". m point de départ de ce mouvement, la

te des [ugements divins (saint Bernard, sm ce

Chapitre, est f « >r t catégorique) : mais on les aiii.nl 6 OUp sur bien étonnés en leur disant que cette crainte

eût été suffisante, même dans le sacrement de pénitence, pour obtenir la rémission des péchés. Gratien résume l’enseignement courant quand il écrit : sine caritate nulli adulto peccalum remittitur. De psenit.. dist. II, c., Dict. Grat. Yoir art. précédent, col. 734 sq. Tous les auteurs de cette époque sont contritionistes, pour parler le langage de la théologie postérieure et la contrition qu’ils exigent, même dans le sacrement, est bien ce que nous appellerions aujourd’hui la contrition parfaite. Voir, sur ce point, quelques indications intéressantes dans J. Périnelle, O. P., L’attrition d’après le concile de Trente et d’après saint Thomas d’Aquin, Kain, 1927 = Biblioth. thomiste, t. x. Or, dès ce moment aussi, l’on admet que l’acte de charité parfaite est incompatible avec la présence du péché dans l’âme. Celui-là donc qui a la contrition parfaite est, de ce chef, purifié de ses fautes graves et recouvre l’amitié divine. Ce phénomène peut intervenir bien antérieurement à la réception de la pénitence ecclésiastique. Comment, dès lors, peut-on soutenir la nécessité absolue de la confession pour le pardon des fautes, alors que ce pardon est accordé depuis longtemps peut-être ? Admettons même que cette contrition ne se manifeste, avec toutes ses qualités, qu’au moment même de la confession. C’est alors une autre question qui se pose, celle du sens de l’absolution ; le péché étant remis par la contrition, que vient faire cette formule par laquelle le prêtre implore le pardon divin (formule déprécatoire) ou bien déclare que ce pardon est accordé (formule déclaratoirc) ? On le voit, le problème intéresse à la fois et l’obligation de soumettre les fautes commises aux clefs de l’Église et la signification même de ce pouvoir des clefs.

Si, pour un instant, on laisse de côté ce deuxième aspect, il était une réponse qui sauvegardait, sinon la nécessité absolue, du moins la grande utilité de la confession. Permettant au prêtre de juger de l’état du pénitent, la confession lui rendait possible d’imposer les satisfactions convenables et d’indiquer par là même au coupable, déjà pardonné, mais toujours débiteur de la justice divine, le moyen d’éteindre, dès cette vie, la dette de peines temporelles qu’il avait contractée. Bien qu’en général nos auteurs n’y insistent pas de façon très expresse, on sent à leurs réponses que c’est dans ce sens que s’oriente leur pensée. La place d’ailleurs qu’ils feront au reatus pœnse dans leurs théories relatives au pouvoir des clefs montre bien l’importance qu’ils attachent tant à la commutation de la peine éternelle en peine temporelle, qu’à l’extinction de la dette temporelle. C’est aussi dans le même sens que va une autre réponse dont on voit déjà une première ébauche à cette époque. Exercice humiliant, l’aveu des fautes constitue déjà par lui-même un commencement de satisfaction. Ainsi, de ces deux points de vue, la confession joue un rôle considérable dans la rémission totale du péché.

3. L’absolution. NOUS avons déjà dil la manière dont se posait à son tour le problème du sens de l’absolution. C’est uniquement ce problème théologique que nous envisagerons ici, car le problème dogmatique (l’absolution est-elle nécessaire pour la rémission des péchés ?) a déjà été touché ci-dessus quand il a été parlé de la nécessité de la confession. L’aveu des fautes, en effet, s’ordonne normalement à l’absolution sacramentelle. Pour répandue qu’ait pu être la confession , iu laïques, laquelle ne peut se terminer par une absolution au sens propre, elle ne constitue qu’un pis aller ; ce n’est guère qu’à l’époque suivante que l’on se

préoccupera d’en examiner la théorie ci nous pouvons ici faire abstraction « lu problème spécial qu’elle |

En fait, au xir siècle, tout le monde est d’accord, sinon dans la théorie, au moins dans la pratique, pour dire que, dans les conditions normales. |g rémission