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915 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉFINITIVES, TEXTES THÉOLOGIQUES 916

sont soulevés, montrent bien que ni La définition, ni le concept de sacrement ne sont encore très précis, mais les vues de notre théologien sur la confession, la pénitence et la rémission des péchés commencent à prendre un relief très accusé. L. II, part. XIV, P. L.. t. CLXXVI, col. 549-578. l’artisan très décidé de la nécessité de la confession pour les péchés graves, Hugues s’etïoree de trouver une théorie qui rende compte des textes, classiques en la matière, sur la nécessaire intervention de l’Église d’une part et l’action nécessaire de Dieu d’autre part. Pour insuffisantes que soient les solutions qu’il apporte, et nous aurons à les exposer plus loin, elles ne laissent pas d’avoir réagi avec bonheur contre l’enseignement d’Abélard qui tendait à minimiser l’action sacramentelle. Sa doctrine restera classique dans l’école victorine.

On la retrouve dans des Sentent iw divinitatis inédites, contenues dans les Cod. lat. Monacaues 18 918 (xiie s.), 16 063 (xin c s.), qui donnent une théorie assez complète de la pénitence envisagée comme sacrement et une revue intéressante des diverses opinions en cours. A plus forte raison s’étale-t-elle dans le Tractatus de potestate ligandi et solvendi de l’héritier spirituel d’Hugues, Richard de Saint-Victor († 1175), qui s’efïorce de défendre certains points plus que contestables de la doctrine de son maître contre les objections que lui a faites Pierre Lombard. P. L., t. exevi, col. 1159-1178. Toutes ces discussions nous avertissent qu’un certain nombre de questions désormais scolaires ne cesseront plus d’être posées autour du sacrement de pénitence.

c) Les Sententiaires. — Plusieurs des recueils ci-dessus énumérés rentrent déjà dans la catégorie des Sentences. Nous groupons ici ceux qui ont préparé l’avènement du Livre des Sentences par excellence.

Robert Pulleyn, « le premier cardinal anglais, qui écrit à peu près au moment où Abélard achève son Introduction, n’est pas un sentencier copiste », à la façon de tant d’autres. J. de Ghellinck, op. cit., p. 101. Mais ce n’est pas surtout par l’ordre de ses questions qu’il brille, et l’on a quelque peine à expliquer la place qu’il donne à la pénitence, t. VI, c. lviilxi ; t. VII, c. i-iv, P.L., t. clxxxvi, col. 906-914, après qu’il en avait déjà traité, t. V, c. xxix-xxxi, col. 851-854. Du moins a-t-il le mérite de renfermer les questions théologiques en de courtes formules, souvent fort expressives, et d’avoir tenté une solution du problème de la pénitence que nous avons déjà rencontré.

Bien qu’il ait perdu un peu de son importance, depuis les démonstrations fournies par P. de Ghellinck, op. cit., p. 178-223, le théologien-canoniste Gandolphe de Bologne (vers le milieu du xiie siècle) mérite néanmoins d’être cité. Édition J. de Walter. Vienne et Bratislava, 1924, § 137-197, p. 458-498. On a soutenu que c’était Gandolphe qui avait transmis à Pierre Lombard, et la théorie du pouvoir des clefs, et les précisions relatives au concept sacramentel. En réalité, le rapport pourrait bien être inverse.

Pierre Lombard, dans son grand ouvrage des Sententiæ, qui ne tardera pas à devenir classique, résume au mieux l’état des questions théologiques à l’époque où il écrit (1145-1150) ; s’il n’a pas toujours été capable de résoudre tous les problèmes qui se posaient, s’il se contente très souvent, un peu à la manière d’Abélard dans le Sic et non, de disposer en séries parallèles les arguments pour et contre, il ne laisse pas d’avoir rendu à la théologie les plus signalés services en précisant, quelquefois avec un rare bonheur, l’état des questions. Et d’abord, pour le point qui nous concerne, il a tiré au clair le concept de sacrement, chose capitale si l’on se souvient de toutes les

hésitations dont témoigne encore Hugues de Saint-Victor. Pour lui, le septénaire sacramentel est désormais une grandeur bien déterminée, I.ib. IV, dist. II, c. i ; la pénitence y prend la quatrième place, qu’elle ne quittera plus, après le baptême, la confirmation et l’eucharistie. La théorie du baptême l’amène à préciser l’efficacité générale des sacrements, et, à ce point de vue, la dist. IV est de capitale importance, non seulement pour le baptême, mais pour l’autre sacrement de la rémission des péchés : la pénitence. Voir en particulier le c. vu sur le sacrement reçu par quelqu’un qui est déjà justifié (par la contrition parfaite). Les dist. XIV-XXII, spécialement consacrées à la pénitence, soulèvent à peu près toutes les questions qui deviendront classiques : distinction entre pénitence publique (plus exactement solennelle) et pénitence privée, réitérahilité de cette dernière, dist. XIII. c. iv et v : les trois parties de la pénitence (envisagée du côté du pécheur), contrition, confession, satisfaction, leurs rapports mutuels, dist. XVI ; la confession, sa nécessité, dist. XVII : l’absolution (rémission i donnée par le prêtre, dist. XVIII, et le pouvoir des clefs qui en est la condition, dist. XIX : l’efficacité et l’objet de la confession générale, dist. XXI, c. vu et vin ; le secret de la confession, ibid., c. in. Outre ces questions, qui sont surtout de pratique, une dernière enfin qui touche au fond même de la doctrine, dist. XXII, c. h. On voit que le traité de la pénitence a pris désormais ses contours à peu près définitifs.

Les qualités de l’ouvrage de Pierre Lombard expliquent son succès. Il a très vite rejeté dans l’ombre des compositions similaires. C’est le cas pour la Summa sententiarum longtemps attribuée à Hugues de Saint-Victor, mais dont M. Chossat a bien montré la dépendance par rapport au Lombard, et qu’il attribue à Hugues de Mortagne. Les passages sur la pénitence, tract. VI, c. x-xiv, P. L., t. clxxvi, col. 146-153, nous laissent dans le même ordre d’idée déjà rencontré chez Pierre Lombard. A plus forte raison, les livres des Sentences de maître Bandinus, qui paraissent bien un abrégé du Maître. P.L., t. cxcii, col. 969-1112.

Il faut s’arrêter un peu plus à Pierre de Poitiers († 1205), puisque, aussi bien, il se situe à la limite de la période que nous étudions. Nous entendons parler ici non du chanoine de Saint-Victor, mais du professeur du cloître Notre-Dame, auteur des Sententiarum libri quingue, P. L., t. ccxi, col. 789-1280. Sa théorie sacramentaire est plutôt en recul sur celle de Pierre Lombard. Sans doute il connaît le septénaire sacramentel, t. V, c. iii, mais il est bien curieux qu’au lieu de traiter au long de la pénitence parmi les autres rites efficaces de la grâce, au t. V, il s’étende sur elle dans le 1. III qui se présente, en définitive, comme un traité de morale ; il y aborde, d’ailleurs, les mêmes questions que le Lombard avait traitées d’une manière plus logique : contrition et peines dues au péché, c. v-xi, reviviscence des péchés, c. xii ; confession, c. xm-xvi, avec un retour aux c. xvii et xviii sur la crainte servile et ses rapports avec la contrition. Tout cela très rapidement traité, mais quelquefois en d’heureuses formules.

d) Traités d’ordre pratique. — Tous les auteurs que nous venons de citer ne s’occupent guère que de la théorie. En voici quelques-uns qui visent davantage à l’utilité pratique, et dont les œuvres sont intéressantes pour faire connaître l’état de choses à la fin du xiie siècle.

Pierre de Blois (f après 1175) a laissé, parmi ses nombreux opuscules, deux petits ouvrages qui se rapportent à la pénitence, un Liber de confessione sacramentali, P. L., t. cc.vn, col. 1077-1092, et un De pa nitenlia a sacerdote injungenda, col. 1091-1098. Le premier insiste vivement sur les dispositions intérieures