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909 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉFINITIVES. TEXTES THÉOLOGIQUES 910

Textes théologiques.

1. Les premiers temps de

la période considérée sont très pauvres en textes strictement théologiques : c’est aux canonistes surtout qu’il faut s’adresser, en même temps qu’aux textes liturgiques, pour recueillir sur la pénitence les idées des hommes du x" et du xi° siècle.

Nous ne reviendrons pas sur les noms de Réginon de Prum, d’Atton de Verceil, de Rathier de Liège, au xe siècle. Les Collationes d’Odon de Cluny († 942), leur contemporain, ne fournissent qu’une contribution théologique insignifiante. Voir Coll., i, 19, un développement sur le principal pouvoir du sacerdoce, celui de lier et de délier. P. L., t. cxxxiii, col. 532 sq., dont on rapprochera ce que dit Rathier, Præloquia. iii, 11-12, P. L., t. cxxxvi, col. 225 sq., surtout 227 BC.

Les débuts du xie siècle ne fournissent pas une moisson beaucoup plus riche. En dehors de Burchard de Worms, on peut signaler son contemporain, Fulbert, évêque de Chartres en 1007, mort en 1029, voir Serm., ii, où est indiquée en phrases augustiniennes, la distinction classique entre crimina et peccala, P. L., t. cxli, col. 318 : le très court opuscule de la col. 339, intitulé De peccatis capitalibus, a les allures d’un bref pénitentiel, qui vise à être très pratique. On s’attendrait à trouver quelque chose dans les ouvrages d’édification d’Otloh de Saint-Emmeran († 1070) : en fait, les glanures y sont insignifiantes.

Il faut arriver à Pierre Damien (1007-1072), pour être quelque peu payé de ses peines. Ardent réformateur, il a compris toute l’importance de la confession dans la restauration de la discipline ecclésiastique. Le Liber gomorrhianus, P. L., t. cxlv, col. 159-190, protestation véhémente contre certains vices de moines, est en même temps une attaque en règle contre les tarifs pénitentiels en cours, leur laxisme et leur inconséquence. C’est aux vieilles prescriptions canoniques qu’il faut revenir, et Pierre Damien rappelle les textes qui interdisent l’ascension aux ordres supérieurs des clercs tombés dans la luxure. Les chapitres vi et sq. prévoient le cas de l’absolution donnée à un complice in peecato turpi. Bref, il serait possible d’extraire de cet opuscule un certain nombre de traits intéressants sur la pénitence dans les couvents. Vu t an t en dira t-on d’un certain nombre de remarques qui se rencontrent dans les lettres : on sait que Pierre s’est fait le zélé propagateur de l’usage de la « discipline comme pénitence, voir par exemple Epist., vi, 27, t. (.xi. iv. col. 415 ; v, 11, col. 349 ; Opusc., xiv, t. cxlv, col. 332 A (type de substitution : Dantur ex more tria millia scoparum (coups de verges) pro uniiis (inni pœnitentia, sive viginti psalteria, util viginti quinque missrn) ; Op., iii, ibid., col. 75fi (comment Dominique l’encuirassé arrivai ! à s’acquitter en peu de temps d’une pénitence de cent ans : qui viginti psalteria mm disciplina décantât, eentum annorum pttnttentiam m peregitse confluai). Mais m s’agit Ici de virtuoses de la pénitence Le pèlerinage a Jérusalem est une autre (orme de macérât ion, cf. Epiât., vu. 17. t. cxi.iv, COl 155 : infan ri libi ut pro peccatis qu : r mihi confessas ri Hierosolymam pétera. El ce ne doIl pas être un olé ; si Pierre n’impose pas cette rude pénitence à ceux que leurs obligations en rendent incapables, il Ml d’autres pécheurs qu’il exhorte A cette œuvre pénible horlamur ut spirituailt r.rilii iter arripiant. Retenir aussi, comme descripi ion des usages du temps,

oe que dit Pierre Damien de la confession de l’impé i air i. Op., i.vi. 5, I. i. col, XI I |). Plus

curieux, en ce qui eoneerne la doctrine sacramentelle en général et le caractère de la pénitence en parti CUlier, le Sermon i.xix. t. (xiiv. col. 897 9(12. ou

Pierre énumère, avec pour chacun un bref commen les douze sacrements qui sont dans l’Église :

baptême, confirmation, onction des Infirmes, consé cration de l’évêque, onction du roi. dédicace dis églises, confession, canonicat, profession monastique, profession des ermites, profession des moniales, enfin mariage : bizarre mélange, qui montre assez que la doctrine sacramentaire a besoin de plusieurs aménagements.

2. La préscolastique.

a / Les docteurs. - Aucun des auteurs que nous venons de citer n’a été professeur au sens exact du mot. Il faut arriver à la seconde moitié du xie siècle pour relever des noms de maîtres qui aient enseigné ex professa sur la matière que nous étudions.

Lanfranc, à partir de 1042, donne à l’école monastique de l’abbaye du Bec une renommée inattendue († 1089). On a de lui un bref opuscule : Liber de celanda confessione, P. L., t. cl, col. 625-632, qui donne plus que son titre ne promet, car l’auteur est amené à y traiter non seulement du secret de la confession (revelator confessionis mortalis criminis reus est), mais de multiples questions relatives à la pénitence : aussi bien la remissio peccalorum compte-telle parmi les quatuor ecclesiastica sacramenta (les trois autres étant la foi, le baptême et la consécration du corps et du sang du Christ). On remarquera les textes passablement difficiles à interpréter, sur le confesseur : De occullis omni ecclesiastico ordini con/iteri debemus, de apertis vero solis convenit sacerdolibus, per quos Ecclesia quæ publiée novit et solvit et ligal, et sur ce qu’il faut faire au cas où l’on ne trouve aucun ecclésiastique : Vir mundus ubicumque sit requiratur. Col. 629 D. Il faudra du temps pour clarifier tout ceci.

— Relever aussi ce que dit Lanfranc, col. 639 B, de la confession des moines.

Disciple de Lanfranc, successeur de celui-ci au Bec, avant de l’être sur le siège de Cantorbéry, saint Anselme († 1109) n’a pas fourni d’enseignements ex professo sur la pénitence. Les quelques indications, fort précieuses d’ailleurs, que l’on retrouve, sont dispersées, soit dans les homélies (surtout Nom., xin sur l’évangile des dix lépreux, P. L., t. clviii, col. 660 sq.), soit dans les méditations (voir Médit., iv, col. 729 : iii, col. 736 ; viii, col. 745 ; la méditation sur le Miserere, col. 821-854), soit dans les oraisons {Orat., iv, col. 868 ; v, col. 871 : VI, col. 872). Sans compter, bien entendu, l’idée générale de la satisfaction, contenue dans les traités proprement sotériologiques.

Odon de Cambrai († 1113), qui fut longtemps écolàtre de Tournai, a traité, d’une manière qui fait déjà pressentir la vraie scolasiique, diverses questions proprement théologiques. Au point de vue qui nous occupe, il y a à prendre dans le petit traité Dr blasphemia in Spirilam Sanclum. P. L., t. ci. x, col. 11111117, encore que l’abus de la méthode dialectique embrouille plus qu’elle ne résolve la question des péchés

irrémissibles.

Nous n’en sommes plus à conjecturer ce que fui. relativement a la pénitence, renseignement d’Anselme de Laon († 1117). écolatrc fameux, niais dont il reste surtout des œuvres exégétiques. Deux pat sages des l’.narraliones in Mallhaitm sont particulu renient a signaler : sur Mat I h. m. 7 12 (prédication du Baptiste), ou sont clairement distingues les effets du baptême, de la confirmation, de la pénitence. P. L

t ( i xii. col. 1266 ; sur Mat th., xvi. p. », théorie du

pouvoir des clefs : rlaves regni caloTUm ipsam ditcel nenili srntentiam (plus loin discretinæm) et palentiiaa nominal, col 1396 B. Celle distinction, qui passer i dans la dluse intérim/ aue la latlh.xvi. 19, el à Jofl

xx. _’t i. fera fortune. Les Sententim Aruetmi, publiées par F, P. Bliemetzriedcr. contiennent le premiei

expose s -I emat ique de la I licologie du sacrement de pénitence i, (pli vient après le baptême, l’eucharistie