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903 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉFINITIVES, TEXTES LITURGIQUES 904

le grand recueil officiel que donnera, sous les auspices du pape Grégoire IX, saint Raymond de Pcnafort. Ce que nous avons dit sur l’évolution des collections canoniques, entre les Libri synodales de Réginon de Prum et le Décret de Gratien, suffira pour montrer toute l’importance de ces recueils quand il s’agit de faire l’histoire non seulement de la pratique pénitentielle, mais des doctrines qui étaient sousjacentes à celle-ci.

5. Les pénitenliels.

Voir la partie de l’article Pénitentiels qui est consacrée aux derniers textes de ce genre. Plusieurs des textes que nous devions classer parmi les compilations canoniques sont en même temps des pénitentiels, c’est le cas tout spécialement du 1. XIX du Décret de Burchard. D’autre part, l’ouvrage d’Alain de Lille (f vers 1203), qui porte le titre de Liber pœnitentialis, P. L., t. ccx, col. 281-304, n’a plus rien, ou peu s’en faut, de commun avec les livrets des vieux moines cettes ou anglo-saxons. Nous sommes ici beaucoup plus près de la Praxis confessarii de saint Alphonse que du Pénitentiel de Théodore. Les tarifs ont presque entièrement disparu ; les quelques indications qui en prennent la forme sont surtout données à titre d’exemples ; il semble bien que l’imposition de la pénitence soit laissée complètement à l’arbitraire du confesseur, et que la tendance aille dans le sens d’un adoucissement considérable des pénalités anciennes. Ici encore, nous sommes arrivés au terme d’un développement.

C’est entre les pénitentiels et les ouvrages du genre de celui d’Alain de Lille qu’il faut situer les Summæ confessorum (sive de casibus conscientiœ) qui commencent à apparaître dans les toutes dernières années du xiie siècle et se multiplieront abondamment aux âges ultérieurs. Voir une étude d’ensemble de F. Dietterle, Die Summæ confessorum von ihren Anfângen an bis zu Sitvester Prierias, parue en articles dans la Zeitschrift fur Kirchengeschichte, dans les t. xxivxxviii, 1903-1907. Le même auteur avait antérieurement étudié, Die franziskanischen Summee confessorum und ihre Bestimmungen ùber den Ablass, programme du gymnase de Dobeln, 1893. La première composition de ce genre est celle de Robert de Flamesbury, un Anglais, mais qui a surtout travaillé en France et qui a été pénitencier de Saint-Victor de Paris au début du xiie siècle. Son livre, encore inédit pour l’ensemble (Morin et Jacques Petit, au xviie siècle, en ont publié des fragments), se dénomme encore un pénitentiel, mais il est l’ancêtre très authentique de la Somme des cas de conscience que compilera un peu plus tard saint Raymond de Penafort. En somme, recueil mi-canonique, mi-théologique, fournissant au confesseur, sous un volume restreint, les notions qui lui permettent de juger rapidement les cas d’espèce qui lui sont soumis. Il s’agit moins d’appliquer mécaniquement aux fautes accusées les tarifs des anciens pénitentiels que d’apprécier la culpabilité du pénitent. L’ouvrage de Robert est divisé dans le meilleur ms. (Prague, bibl. Lobkowitzsch, n. 432) en dix livres : 1. Rapports entre confesseur et pénitent. 2. Notions sommaires sur le droit canonique matrimonial. 3. Ordre, irrégularités et empêchements. 4. Le péché ; les sept péchés « mortels », les satisfactions à imposer. 5-10. Les diverses catégories de péché : meurtre, fautes sexuelles, parjure, sacrilège, incendie, attentats à la propriété, ivresse. Les derniers chapitres du dernier livre ont trait à l’application de la pénitence, aux commutations et rémissions. Le tout se termine par une petite dissertation sur la dispense : d’après le nouveau droit, dit Robert, le pape seul peut dispenser des règles ecclésiastiques générales.

Textes liturgiques.

1. Les rites de lu pénitence

publique. — L’importance accordée a la pénitence publique par les réformateurs carolingiens a donné lieu, tout spécialement dans la région intermédiaire entre France et Allemagne, à un rajeunissement, à une amplification des vieux rites transmis par le sacramentaire d’Hadrien.

Nous allons décrire cet état de choses d’après l’un des exemplaires de ce Pontifical rornano-germanique, dont.M. Andrieu a si clairement démontré qu’il est né en pays rhénan, à Mayence, aux environs de 950, qu’il s’est répandu très vite dans les régions limitrophes, qu’il a été porté à Rome à l’époque d’Othon I", s’est ainsi acclimaté au delà des Alpes, en attendant que des transformations successives fassent de lui le Pontifical romain actuel. Voir M. Andrieu, Les Ordines romani du haut Moyen Age, t. i, Louvain, 1931, p. 494-548. Nous utiliserons le texte fourni par Melchior Hittorp, De divinis catholicæ Ecclesiæ officiis et mysteriis, Cologne, 1568 ; on trouvera un texte sensiblement analogue dans P. L., t. cxxxviii. col. 983 sq. Rubriques et prières sont fournies par VOrdo romanus anliquus (= Ordo l d’Andrieu), qui était une des parties importantes du Pontifical en question.

a) Cérémonie du mercredi des cendres (Hittorp, col. 27-33). — Elle est fort mal décrite ; après avoir indiqué que le début du carême est le moment où les pénitents doivent se rassembler pour recevoir la pénitence, l’auteur transcrit un Ordo pœnitentiæ complet, visiblement destiné à l’administration de la pénitence privée. Ce texte résulte d’une fusion entre celui d’Halitgaire (ci-dessus, col. 863) et celui que l’on trouve dans pseudo-Alcuin, Liber de divinis officiis, c. xiii, P. L., t. ci, col. 1192-1200. Cet ordo se termine par des indications relatives à la messe du mercredi des cendres ; après la postcommunion de celle-ci on lit la rubrique suivante : Hic miltendus est cinis super caput pœnitentis et dicendum : « Mémento homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris, âge pœnitentiam ut habeas vitam œternam. » Statimque imponendum cilicium et dicendum : « Contere cor tuum et humilia animam tuam in cinere et cilicio. » Après une oraison, le pénitent est chassé de l’église, et la signification de ce geste est expliqué par les mots : Ecce hodie ejiceris a liminibus sanctæ malris Ecclesiæ propter peccala et scelera tua ; sicui Adam primus homo ejectus est de paradiso propter transgressionem suam. Tous ces textes sont passés dans le pontifical actuel, où ils ont été simplement renforcés de quelques autres.

b) Cérémonie du jeudi saint (Hittorp, col. 56-61).

— Les pénitents sont présentés à l’évêque devant la porte de l’église par l’archidiacre, qui utilise encore la vieille formule du gélasien : Adest, venerabilis pontifex, etc. Une longue cérémonie se déroule d’abord dans l’atrium ; appels réitérés de l’évêque : Venite, venite, venite, filii, auxquels les pénitents répondent en avançant progressivement vers le pontife ; après chaque avance, prostration. La troisième prostration terminée, et pendant que le choeur chante le psaume Benedicam Domino in omni tempore, les plebesani (prêtres chargés du soin des pénitents) remettent leurs clients à l’archidiacre, celui-ci à l’évêque, qui, les tenant par la main, les introduit dans l’église où la cérémonie de la réconciliation va désormais s’accomplir. On chante d’abord le Miserere, durant lequel l’évêque se prosterne en même temps que les pénitents, puis, ceux-ci demeurant étendus, l’évêque se lève et récite sur eux une longue série de versets, puis d’oraisons. Le texte transcrit dans P. L., loc. cit., ne donne souvent que l’incipit des oraisons : on trouvera le texte intégral dans Hittorp : plusieurs