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$99 PÉNITENCE. SOLUTIONS DÉFINITIVES, TEXTES CANONIQUES 900

détail, que la pénitence privée elle même y trouve son i ompte, el la plus célèbre des collections l’ait à la doci rine même du sacrement de pénitence une place considérable. Pour L’histoire littéraire, nous renvoyons, une fois pour toutes, à P. Fournier-G. Le Bras, Histoire des collections canoniques en Occident… jusqu’au décret de Gratien, t. i et ii, Paris, 1931, 1932.

a) La période de transition entre l’âge carolingien el l’âge ottonien. — Nous avons signalé plus haut, col. 880, les Libri synodales (ou mieux Libri de synodalibus causis) de Héginon, abbé de Priim († 915). P. L., t. cxxxii, col. 175 sq. Ils sont destinés à guider les clercs appelés à siéger dans les assemblées judiciaires connues sous le nom de synodes, qui se transportent dans le diocèse pour examiner si tout y est conforme aux règles. Le 1. II est consacré aux questions qui se posent relativement aux laïques. L’évêque ou ses représentants s’informent, en suivant un questionnaire établi à l’avance, des désordres les plus divers qui peuvent avoir lieu dans telle ou telle paroisse. A la suite de ce questionnaire, sont indiquées les peines qui expient ces divers crimes ou délits. Bien que tout ceci semble, de prime abord, nous laisser dans le domaine du for externe, l’ensemble du livre ne laisse pas de constituer un véritable pénitentiel dont la plus grande partie est inspirée par le pénitentiel dit de pseudo-Bède.

Il est intéressant de signaler que certaines collections italiennes, sensiblement contemporaines, reproduisent, elles aussi, des textes du même genre, mais surtout empruntés à la Dacheriana et excluant les canons insulaires. P. Fournier, t. i, p. 333 sq. et 341 sq. C’est la preuve que les textes pénitentiels carolingiens ont fini par traverser les Alpes.

b) Les tentatives de réforme au début du XIe siècle. — La seconde moitié du xe siècle a amené des contacts plus prolongés entre la Germanie (tout spécialement la région rhénane) et l’Italie ; nous aurons à signaler plus loin des conséquences importantes de cet état de choses dans le domaine liturgique. Une étroite alliance s’établit dans le premier quart du xr 3 siècle pour la réforme ecclésiastique entre la papauté, représentée par le pape Benoît VIII, et l’empire, qui est pour lors aux mains de Henri II.

De ces tentatives de réforme, le plus précieux’témoin est la volumineuse compilation canonique de Burchard de Worms qui porte le nom de Décret et qui a été réalisée entre 1008 et 1012. P. L., t. cxl, col. 5371058. Le t. XIX, qui se rencontre souvent à l’état isolé dans les mss. et qui porte le titre de Corrector, est, en vérité, un pénitentiel, qui est, comme le dit P. Fournier, dans le droit fil des pénitentiels composites de l’époque carolingienne. Voir ci-dessous l’art. Pénitentiels. Rien ne saurait donner une meilleure idée sur la pratique, au début du xie siècle, que ces pages où se rencontrent à la fois les rites de la pénitence, les questionnaires à adresser par le confesseur aux fidèles, les conseils donnés aux confesseurs. Le livre a joui d’une immense vogue, comme en témoigne le nombre des manuscrits.

Contemporaine, ou à peu près, du Décret de Burchard est la Collection en 5 livres (inédite), originaire de l’Italie méridionale entre les années 1014 et 1020 et qui fait une large place, en son t. IV, aux textes relatifs à la pénitence. Indépendante du Décret, elle se rattacherait plutôt à la seconde des collections italiennes mentionnées ci-dessus. Voir P. Fournier, t. i, p. 421.

Au contraire, c’est surtout au Décret de Burchard que se rattache la Summa de judiciis omnium peccatorum, « recueil d’un caractère pratique, fait à l’usage des supérieurs ecclésiastiques, chargés d’administrer la pénitence, et des fidèles qui s’adressent à eux… Sous réserve d’exceptions peu nombreuses, la Summa peut être considérée comme un extrait pénitentiel

du Décret de Burchard. I’. fournier, t. I, p. 130 sq.J texte dans Schmitz, Die liussbucher, t. n. p. 180 sq. Cette compilation est certainement d’origine cisalpine, mais l’Italie, à partir du xr siècle, présente aussi des recueils, d’ailleurs médiocres en général, faits de matériaux empruntés ; i des sources variées, mais surtout au Décret de l’évêque de Worms. Voir 1’. Fournier, t. n. p. III sq. Nous dirons, plus loin, ce qu’en pensait saint Pierre Damien.

c) La ré/orme grégorienne. — La collaboration entre l’Église et l’empire s’est bientôt avérée inefficace à promouvoir la réforme tant désirée. A partir du milieu du xr siècle, c’est le Saint-Siège lui-même qui prend la tête du mouvement réformateur. Comme l’a très bien vu 1’. Fournier, c’est dès l’époque de saint Léon IX (1048-1054) que les canonistes dévoués au Siège apostolique entreprennent des recherches systématiques, pour rassembler les textes favorables à la réforme, et groupent, en des recueils méthodiques, les documents ainsi rassemblés.

Sans doute, leur préoccupation essentielle n’est pas tournée du côté de la pénitence, mais il était impossible que celle-ci n’obtînt pas de l’un ou de l’autre de ces canonistes l’attention qu’elle méritait. C’est ainsi qu’Anselme de Lucques, neveu du pape Alexandre III (1061-1073), et mort lui-même en 1080, consacre tout le 1. XI de sa célèbre Collection à la pénitence. L’édition Thaner n’est malheureusement pas terminée, en sorte que l’on n’a encore de ce 1. XI que les 15 premiers chapitres, mais la table qui précède donne un aperçu fort intéressant sur ce véritable traité de la pénitence. La méthode et l’esprit rappellent ce que nous avons déjà rencontré dans la Dacheriana, mais l’ensemble est plus complet et plus méthodique, d’autant qu’à l’âge où nous sommes arrivés la séparation est nettement faite entre pénitencepublique et pénitence privée. Pour la première, Anselme s’efforce de faire revivre les vieilles prescriptions canoniques sur les diverses incapacités qui frappent les pénitents, cf. can. 89, 121, 123, 129, 130-133. Voir F. Thaner, Anselmi ep. Lucensis collectio canonum, Berlin, 1906, 1915.

D’inspiration un peu différente se révèle rénorme contribution apportée par Yves de Chartres († 1116) à la science canonique. De la Panormia, les textes pénitentiels ont été systématiquement écartés, mais, dans le Décret qui l’avait précédée, il y a une véritable profusion de textes de ce genre. On les trouvera au 1. VIII (mariage et atteintes diverses qui lui sont portées), au 1. IX (inceste), 1. X (homicide), 1. XI (sortilèges, superstitions diverses), 1. XII (mensonge et parjure), 1. XIII (vol, usure, fautes diverses) et surtout au 1. XV (De pwnilentia sanorum et infirmorum et qua commutatione leniri possit psenitentia). Yves se montre hésitant entre les données proprement canoniques^ et celles qui proviennent des anciens pénitentiels. Massive, désordonnée, son œuvre est un bon témoignage de la confusion qui reste encore dans les esprits au sujet du traitement des pécheurs. Texte dans P. L., t. cxxi.

Or, à la même époque ou à peu près, Bonizon de Sutri, dans son Liber de vita christiana, traitant aux livres IX et X des règles générales de la pénitence et des sanctions applicables à chaque péché, emprunte ses textes pénitentiels à peu près exclusivement aux vieux recueils insulaires de Théodore, Cumméan, Bède. Egbert, qui. depuis près d’un siècle, avaient trouvé accueil dans la péninsule italique. Texte publié pour la première fois au complet par l’Académie de Berlin. Texte : ur Geschichte des rômischen und kanonischen Rechts im M. A.. 1930.

Il serait aisé tle multiplier les titres de collections canoniques produites d<i ectement ou indirectement