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807 PÉNITENCE. LA RÉFORME CAROLINGIENNE, LES DOCUMENTS 868

éd. Mansi, t. a, p. 104 ; mais surtout les Capitula synodiea d’Hincmar de Reims, où l’on trouve, relative ment à l’administration de la pénitence, de curieux renseignements. Voir P. L.. t. cxxv, col. 785 sq., 7 ! > : i, 797, 802. On peut rattacher a ce groupe les règles monastiques ; la plus importante est la Régula canonicorum de saint Chrodegand, évêque de Metz. P. L.. t. i.xxxix, col. 1097 sq. ; voir surtout : c. xiv, De confessionibus, c. xv, De gravioribus eulpis.

Documents liturgiques.

1. La pénitence publique,

dont tous les réformateurs de l’époque pressent la résurrection, a dû s’administrer conformément au cérémonial réglé par le Sacramentaire gélasien, envoyé à Charlemagne par le pape Hadrien et devenu, par la volonté du roi, la norme liturgique de toutes les Églises. A la fin du péniterrtiel d’Halitgaire, sont consignées, mais tout à fait en bref, les formules pour la réconciliation des pénitents, le jeudi saint, P. L., t. cv, col. 704. Par contre, un des mss. du pénitentiel attribué à Egbert, archevêque d’York († 766), donne tout au long Vordo agentibus publicam pœnitentiam. On le trouvera dans Morin, De pœnitentia, appendice, p. 19 sq. ; l’ordre des cérémonies et la teneur des prières sont sensiblement les mêmes que nous avons décrits dans le gélasien. Ci-dessus, col. 810.

2. La pénitence privée.

Un certain nombre de pénitentiels de l’époque décrivent également la manière dont elle s’administre ; on trouvera dans Morin, toc. cit., p. 12 sq., un Ordo quatiter suscipi debeant pœnitentes ; p. 15, un Ordo ad pœnitentiam dandam, qui peuvent être du viiie ou du ixe siècle. Nous analyserons sommairement Vordo qu’Haï itgaire donne dans son pénitentiels, P. L., t. cv, col. 693 sq.

Un assez long prologue explique au prêtre les dispositions où il doit se mettre : son rôle n’est pas seulement d’entendre les pénitents, il doit s’unir à leurs mortifications et à leurs réparations ; la peine principale étant le jeûne, le prêtre doit jeûner, pendant quelque temps, de concert avec celui à qui il impose cette pénitence. Il doit être zélé aussi, appelant les fidèles à la pénitence, les encourageant dans leurs aveux. Cet avertissement ne s’adresse pas à tous les clercs, qui ne doivent même pas lire les pénitentiels ; seuls les évêques et les prêtres ont le pouvoir des clefs. Quant aux diacres, en cas de nécessité, ils peuvent recevoir le pénitent ad satisfactionem vel sanctam communionem. col. 695 B.

Quand donc quelqu’un se présente au prêtre pour confesser ses péchés, celui-ci doit se retirer un instant dans son oratoire et faire une prière où il implore de Dieu la grâce de bien remplir son office. Ensuite commence proprement la confession, sous forme sans doute d’interrogation : après l’aveu de chaque faute, le prêtre doit indiquer la pénitence à accomplir. Après quoi sont marquées les orationes ad dandam pœnitentiam. On le voit, le rituel ne donne aucune explication sur le rapport qu’il y a entre l’aveu, l’imposition de la pénitence et la réconciliation. Celle-ci est pratiquée par les prières suivantes : le prêtre récite successivement (avec le pénitent, disent d’autres textes), les psaumes xxxvii, en, l (en partie), lui, li (en partie), séparés les uns des autres par des oraisons ; ce sont vraisemblablement celles dont le texte est donné à la suite. Deus cujus indulgentia nemo non indiget… — Deus sub cujùs oculis… — Deus infinilæ misericordiœ… — Precor, Domine, clementiæ et misericordiæ tuæ majestatem. La dernière de ces oraisons est précédée de la rubrique : oratio manus impositionis ; en voici le texte :

Domine sancte Pater omnipotens, aeterne Deus, qui per Jesum Filium tuum Dominum nostrum vulnera nostra curare cligna tu s es ; te supplices rogamus et petimus nos

Inimités tui sacenlotes (remarquer ce pluriel), ut precibm nostris aurem tua ; pietatis inclinarc dlgneris, remittasqne omnia crimina et peccata unlversa condones, desque tiuic famulo tuo, Domine, pro suppliciis veniam, pro mœrore ketitiam, pro morte viUim.ut de tua miserieordia confidens pervenire mereatur ad vitam asternam.

Si long qu’il nous paraisse, ce cérémonial est relativement bref, comparé à d’autres qui font précéder la confession elle-même d’une série d’interrogations sur les diverses vérités de la foi, d’exhortations de divers ordres. Le nombre des psaumes varie également, comme aussi celui des oraisons. Quant à la teneur de celles-ci, on observe les plus grandes divergences. Citons au moins cette formule que donne Morin, loc. cit., p. 19.

Sis namque absolutus a Deo Pâtre et Filio et sancto Spiritu ab omnibus tuis peccatis, similiter etiam sis absolutus a sanctis apostolis et martyribus et confessoribus, sive ab omnibus timentibus Dominum et a me, quamvis indignus, et hic et in futuro sæculo.

Voir d’autres ordines ad dandam pœnitentiam. dans Schmitz, Die Bussbùcher, t. ii, p. 57 (sacramentaire de Fulda).

Textes d’allure théologique.

1. Des textes de

ce genre se rencontraient déjà dans les documents étudiés ci-dessus. Certaines préfaces soit des Capitulaires épiscopaux, soit des collections canoniques, soit des pénitentiels expriment, parfois d’une manière heureuse, ce qu’est la pénitence et la manière de l’accomplir avec fruit. La préface de la Dacheriana est particulièrement instructive.

2. Il faut interroger aussi les commentateurs de l’Écriture, et celui-là d’abord qui forme le trait d’union entre l’Église ancienne et celle du viiie siècle. Bède le Vénérable († 735) ; une lecture même rapide des commentateurs de l’âge suivant montre combien ceux-ci dépendent de ce vieux maître. Trois passages scripturaires doivent surtout être étudiés : Matth., xvi, 19 sq. (et aussi xviii, 15 sq.) ; Joa., xx, 22, 23 ; Jac, v, 16. — h’Expositio in Matthœum attribuée à Bède n’est pas d’une authenticité certaine, mais les idées et les expressions qui se rencontrent dans l’explication de Matth., xvi, se retrouvent dans une homélie sur le Tu es Petrus. Homil., II, xvi, P. L., t. xciv, col. 223. L’auteur y met en parallèle le texte de Matth., xvi (xviii) et celui de Joa.. xx. pour conclure qu’aujourd’hui encore il y a. dans l’Église, chez les évêques et les prêtres, un pouvoir de délier et de lier : ut videlicet, agnilis peccantium causis, quoscumque humiles ac vere pœnitentes aspexerinl, hos jam a timoré perpetuæ mortis miserons absolvat ; quos vero in peccatis quæ egerint persislere cognoverit, illos perennibus suppliciis obligandos insinuet. Ce pouvoir redoutable est confié à toute l’Église des élus, omni electorum Ecclesiæ, mais il réside plus particulièrement dans Pierre et ses représentants actuels. — Le commentaire sur Joa., xx. ajoute peu de chose à ceci : c’est la charité, qui. répandue par le Saint-Esprit dans les cœurs, remet les péchés à ceux qui y participent. P. L., t. xcii, col. 921. — Plus important est le commentaire sur Jac, v, 16, parce qu’il donne définitivement à ce texte valeur de preuve pour la nécessité de la confession. Comme l’explication de Bède passera dans tous les auteurs suivants, il convient de la donner en entier. Il s’agit dans le texte, on le sait, de l’onction que Jacques recommande de pratiquer sur les malades. Après avoir expliqué le sens de cette onction, l’exégète continue : Si ergo in/irmi in peccatis sint et hœc presbyleris Ecclesiæ confessi juerint, ac per/cclo corde ea relinquere alque emendare satagerint dimittentur « ’s, xeque ENIM sink coxfessioxe emexdationis peccata QUBUNT dimitti. Et cet axiome