Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/429

Cette page n’a pas encore été corrigée
843
84
PÉNITENCE. LES Ve ET Vie SIÈCLES, THÉORIES

’être donné que par Dieu. Le retour à la vie de la grâce est une œuvre essentiellement divine et, de quelque

façon que les théologiens modernes envisagent ee que l’on appelle aujourd’hui la causante des sacrements, ils sont obligés de faire une place à ce facteur mystérieux, essentiellement impondérable, qu’est l’action intérieure de la Cause première. Les Pères avaient peut-être de cette action un sentiment plus vif. Nul, a l’époque qui nous retient, ne l’a mieux exprimé que saint Grégoire le Grand ; il faudrait citer et commenter toute l’homélie sur les mots de Joa., xx, 19-31, « les péchés seront remis à qui vous les remettrez », pour faire apprécier toutes les finesses, disons même foutes les subtilités de sa pensée. L’histoire de la résurrection de Lazare lui fournit, comme à Augustin, l’occasion de distinguer l’action de Dieu qui ressuscite l’âme et celle de l’Église qui la débarrasse de ses liens « Voyez, dit-il. les disciples débarrassent de ses bandelettes le mort que Jésus avait déjà ressuscité. S’ils avaient ainsi délié un Lazare mort, ils auraient remué de la corruption plutôt que montré leur pouvoir. Et cette considération nous permet de voir que notre autorité pastorale ne doit pas lier ceux-là dont nous savons que notre maître les a rappelés à la vie par sa grâce ressuscitante. Ce retour à la vie, même avant que le ressuscité fasse le bien (ante operationem reclitudinis), se reconnaît dans le fait seul qu’il confesse son péché. Aussi Jésus, devant le tombeau de Lazare, ne dit-il pas : « reviens à la vie », mais « viens au jour ». Tout pécheur, en elïel, tant qu’il cache sa faute au fond de sa conscience, est enfoui dans les profondeurs du sépulcre. Mais le pécheur mort vient à la lumière, quand, spontanément, il confesse ses misères… Allons ! que le mort sorte ! c’est-à-dire que le pécheur confesse sa faute. Et, une fois sorti, que les disciples le délient, je veux dire, que les pasteurs de l’Église lui enlèvent la peine qu’avait méritée, celui qui n’a pas rougi de confesser ce qu’il a fait. » Hom., II, xxvi, P. L., t. lxxxvi, col. 1200 sq.

Laissons à cette belle page de Grégoire toute l’imprécision qui convient en pareille matière ; le bon pape, s’adressant non à des théologiens, mais à son habituel auditoire de fidèles, essaie de lui faire comprendre que, dans cette œuvre admirable du rappel à la vie, à la communion des saints et à V activité surnaturelle de l’âme morte par le péché, bien des facteurs entrent en jeu : œuvres personnelles du pécheur dont la confession est surtout ici mise en relief (n’est-ce pas elle qui déclenche tout le mécanisme pénitentiel ?), action de l’autorité ecclésiastique aussi ; mais, sous tout cela, communiquant aux « œuvres » du coupable et à l’absolution de l’Église une efficacité souveraine, l’action profonde de Celui qui, seul, est capable de rappeler un mort du fond de son tombeau. Cela ne résume-t-il pas tout ce que pensait, tout ce qu’espérait, tout ce que pratiquait, en organisant la pénitence, l’Eglise des premiers siècles ? Et n’est-ce pas cela encore que pense, que croit et qu’espère l’Église d’aujourd’hui ?

Les sources ont été énumérées et classées au cours de l’article. — Pour les travaux, se référer a la bibliographie des articles antérieurs, Absolution, Confession, Contrition, ou des articles consacrés aux différents auteurs étudiés : Augustin (Saint), Grégoire (Saint), Hermas, etc.

On n’indiquera guère ici que les travaux les plus récents, qui ont projeté une nouvelle lumière dans un domaine qui commence seulement à s’éclairer. Ces travaux ont modifié et souvent renouvelé l’aspect général des questions. On signalera d’abord les études d’ordre général ; ensuite celles qui se rapportent à des points particuliers, en suivant l’ordre même de l’article. Il va de soi que certaines études générales traitent parfois, avec beaucoup de détail, tel point particulier ; on ne les citera pas à nouveau pour autant.

I. Études générales.

Il faut au moins mentionner, car il convient toujours d’en tenir compte, les beaux tra vaux des anciens : l’etau, De psenitenties uelere in l : > ratione diairiba, 1622, en appendice a l’édit. de saint Épiphane (cl. P. (., t. xi.n, col. 1015-1046), et Diairiba de pœniUnlia et réconciliations veteris Ecclesia ; moribus re

1033, en appendice à la 2’éd. des Œuvres de Synésius (reproduit dans les Dogmata theologica, éd. Vives, t. viii, p. 1 12153, eu l’on trouvera aussi, p. 177-190, la dissertation préci dente) ; Sirmond, Historia pesnilentix publiées, Paris, 1651 ; Morin, Commentoriua historiens de disciplina in administratione sacramenii pœnitentiæ, Paris, 1651 ; ces ouvragi spécialement le dernier, restent des mines de renseignements.

A. Boudinhon, Sur l’histoire de la pénitence a propos d’un Hure récent (celui de l.eal, dans Heu. d’hist. et litt. relig., t. ii, 1897, p. 306-344, 196-524, admirable esquisse, dont les travaux ultérieurs n’ont fait que confirmer l’exactitude d’ensemble et qui est le préambule obligatoire à toute étude soi la pénitence ; II. Kocli (encore catholique i, Die Bûsserenllassung in der allen abendldndisclwn Kirche, dans Theol. Quarlalsclirift, 1900, p. 481-534 ; P. Batillol, Les origines de la pénitence, dans Éludes d’hist. et de théol. positive, I r’série, Paris, 1902, tenir compte des quelques modifications apportées dans les rééditions successives ; P. A. Kirsch, ’Lur (leschichte der kalh. Beichte, Wurzbourg, 1902 ; E. Yacandard, nombreux articles résumés ici à l’art. Confession, et dans Les origines de la confession sacramentelle des Études de critique et d’histoire religieuses, IIe série, Paris, 1910 ; G. Rauschen, Eucharistie und Busssakrament in den ersten sechs Jalirhunderlen der Kirche, Bonn, 1908, trad. franc, de M. Decker et E. Ricard, Paris, 1910 ; E. Schwartz, Bussslufen und Katechumenatsklassen, dans Schriflen der wiss. Gesells. in Strassburg, fasc. 7, Strasbourg, 1911 ; A. d’Alés. L’édit de Callisle. Étude sur les origines de la pénitence chrétienne, Paris, 1914, touche à un très grand nombre de questions ; J. Tixeront, Le sacrement de pénitence dans l’antiquité chrétienne, Paris, 1914, reproduit un article de V Université catholique, 1913, p. 97 sq., 221 sq. ; Oscar D. Watkins, .1 history of Penance, being a study of the authorities, 2 vol.. Londres, 1920, rassemble et discute un très grand nombre de textes ; H. Brewer, Die kirchliche Priuatbusse im christlichen Alterlum, dans Zeitschr. fur kathol. Théologie, t. xlv, 1921, p. 1-43 ; R. S. T. Haslehurst, Some account of the penitential discipline of the early Church in Uie firsl four centuries. Londres, 1921 ; A. d’Alés et P. Galtier, art. Pénitence, dans Dictionn. apologétique, t. iii, 1922, col. 1756-1865 ; P. Galtier, De pœnitentia traclaius dogmatico-historicus, Paris. 1923, nouv. édit., 1931 ; Umberg, Absolutionsptlicht und altchristliche Bussdisziplin, dans Scholastik, 1927, p. 321 sq. ; B. Poschmann, Die abendlàndische Kirchenbusse im Ausgang des christlichen Allertums, Munich, 1928 ; K. Adam, DU abendlàndische Kirchenbusse im Ausgang des christlichen Allertums. Kritische Bemerkungen zu Poschmanns Untersuchung, dans Theol. Quartalschrift, 1929, p. 1-66 ; B. Poschmann, Dos christliche Alterlum und die kirchliche Priuatbusse, dans Zeitschr. fiir kathol. Théologie, t. i.iv, 1930, p. 214-252 ; P. Galtier, L’Église et la rémission des péchés aux premiers siècles, Paris, 1932.

IL Questions particulières. — 1° Le Souueau Testament. — Se référer aux commentaires récents sur les évangiles et les épîtres ; voir spécialement ici à l’art. Paul (Saint) ce qui est dit de l’épître aux Hébreux.

La période archaïque.

Voir surtout la bibliographie

de l’art. Hermas.

L’organisation pénitentielle au III’siècle.

1. Généralités.

— F. Cavallera, La doctrine de la pénitence au III’siècle. dans Bulletin de litt. ecclés. de Toulouse, 1929, p. 19-36, 49-63.

2. Sur Tertullien et l’édit de Calliste.

E. Rollfs, Dus Indulgenz-Edict des rômischen Bischofs Kallist, dans Texte und Unters., t. xi, fasc. 3, 1893 ; G. Esser, Die Bussschri/tcu Tcrtullians und dus Indulgenzedikl des Pabstes Kallistus, Bonn, 1905 ; du même, Der Adressât der De pudicitia und der }’erfasser des rômischen Hussedikts, Bonn, 191 1 ; K. Adam, Der sogen. Bussedict des Papstes Callistns, Munich, 1917 : A. d’Alés, Zéphyrin, Calliste ou Agrippinus, dans Hccherch, s de science relig., 1920, p. 254 sq. ; G. Bardy, L’édit d’Agrippinus, dans Reuue des sciences relig., t. iv, 1924, p. 1-25.

3. Sur Origène.

B. Poschmann, Die Sundenvergebung bei Origenes (programme), Braunsberg, 1912, et les travaux signalés à l’art. Origène.

4. Saint Cyprien et Novatien.

B. Poschmann, Zur Bussfrage in der cuprianischen Zeil, dans Zeitschr. fur kathol. Théologie, t. xxxvii, 1913, p. 25-54, 244-265 ; et les travaux signalés à l’art. Novatien, en particulier celui d’il. Koch, Cyprianische Untersuchungen, 1926.