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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES Ve ET Vie SIÈCLES, THÉORIES

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/II. LES théories. — Il nous reste à fixer les idées que l’on se faisait à l’époque étudiée de cette discipline pénitentielle, de sa nécessite, de son caractère, de son mode d’efficacité.

Nécessité du recours à la pénitence ecclésiastique.


Après ce que nous avons dit de l’abandon où tombe peu à peu la pratique de la pénitence pour les bien portants, il pourrait sembler que l’on ait quelque peu perdu de vue, à cette époque, la nécessité de recourir à l’Église pour obtenir la rémission des péchés graves. Or, c’est là une conclusion tout à fait inexacte.

Sans aucun doute, on trouve dans les textes parénétiques de l’époque les mêmes développements, déjà relevés antérieurement, sur la valeur satisfactoire des exercices personnels de pénitence et des bonnes œuvres, prières, jeûnes, aumônes. L’insistance qu’on met à recommander ces pratiques ne doit pas faire oublier l’insistance que l’on rencontre également à affirmer qu’elles ne sont pas capables, à elles toutes seules, d’effacer la culpabilité provenant des fautes graves et de donner à l’âme sécurité devant le tribunal divin. Césaire d’Arles, en particulier, abonde en formules de ce genre. Voir les textes énumérés, col. 822. Comment, dès lors, concilier cette affirmation avec la pratique dont témoignent nos textes, ceux de Césaire comme les autres ? Comment comprendre, en particulier, que des évêques pieux laissent librement accéder à la sainte table des pécheurs dont ils savent l’indignité et qu’ils devraient par la correptio, soit privée, soit publique, contraindre à passer d’abord par les ans ! erités de la pénitence ? - - Le cas d’abord, n’était pas nouveau, Augustin l’avait déjà signalé, voir col. 806. Seulement, à l’époque où nous sommes arrivés, il se généralise d’une manière effrayante. La conscience chrétienne aurait-elle perdu toute idée de la nécessité du recours à l’Église pour la rémission des fautes graves ?

Non certes, car il n’est aucun de ceux que nous voyons aborder la table sainte sans être passé par la pénitence, qui voudrait se présenter sans elle au tribunal de Dieu. Si l’on veut comprendre l’idée que l’on se fait de la pénitence à l’époque, il faut mettre avant tout l’accent sur la i pénitence des malades ». Plus ou moins explicitement, les pécheurs qui, s’étant sérieusement purifiés pendant le carême par les moyens personnels qu’on leur recommandait, communiaient à PAqueS, ces pécheurs avaient l’idée de l’absolution dernière sans laquelle aucun d’entre eux ne voulait mourir. Et, pour prendre les choses du point de vue moderne, ce votum sacramenti, plus ou moins implicite. tait suffisant avec le repentir de leurs fautes pour les en purifier. La nécessite de la réconciliation pénitentielle ressort aussi des craintes que l’on éprouve sur le sort de ceux qui, coupables de fautes graves, n’ont pas reçu cette réconciliation. Même s’ils ont été admis dans l’ordre des pénitents, ils ne reçoivent pas, d’après l.i discipline romaine, les honneurs de la sépulture ecclésiastique et l’on n’offre pas pour eux le sacrifice

eucharistique. La discipline gallicane est un peu moins fait étal des bonnes dispositions, du votum, si l’on veut, manifesté par le coupable.

aractire sacramentel < ! < In pénitence canonique, in avons signalé les preuves aux âges précédents, i Iles témoignent que la discipline pénitentielle n’esl

pas considérée seulement comme une affaire qui se

entre l’autorité ecclésiastique et le pécheur,

mais que, parallèlement, une ad ion se déroule dans le

domaine de la conscience ou Dieu seul a accès. Les

textes liturgiques que nous avons rencontres pour la

prem :.n..ii, période mettent en pleine lu Il leiine Voir COl. 816 sq Dans la formule donnée pal le s., , rainent aire gélasien pour

udi samt. ou entend l’archidiacre demande ! <

l’évêque de rapprocher le pécheur de Dieu par la grâce de la divine réconciliation, per divinse reconciliationis gratiam fac hominem proximum Deo. Et, quant aux oraisons prononcées par l’évêque lui-même, nous avons marqué que, si la seconde insiste sur le fait de la réintégration dans l’Église, le troisième affirme que le but essentiel de la cérémonie est de rendre la vie au pécheur. La cérémonie est appelée un sacramentum reconciliationis, soit par le gélasien, soit par le Liber ordinum wisigothique. Encore qu’il ne faille pas presser à l’époque le mot sacramentum, l’emploi de l’expression ne laisse pas d’être tout à fait remarquable. On voit donc l’erreur qui a été commise par les théologiens des trois derniers siècles qui, pour des raisons d’ordre apologétique, se refusaient à considérer la « pénitence canonique » comme d’ordre sacramentel et ne voyaient en elle qu’une discipline du for externe. Il faut non moins résolument écarter l’idée qui perce à divers endroits, ici même dans les deux articles Absolution et Confession, et suivant laquelle l’absolution aurait été donnée aux pénitents publics au début même de l’entrée en pénitence. Elle est formellement exclue, soit par les textes liturgiques que nous venons de citer, soit par les textes canoniques qui refusent la sépulture ecclésiastique aux pénitents décédés avant la « réconciliation >, même s’ils ont reçu la pénitence.

L’étude des textes parénétiques, de ceux-là surtout qui comparent la pénitence au baptême, confirmerait les conclusions précédentes. Relever au moins, col. 827, le mot rapporté par Victor de Vite dans l’histoire de la persécution vandale.

Mode d’efficacité.

En l’absence d’une doctrine

définitive sur le mode d’action des sacrements, les Pères et les écrivains de cette époque, comme ceux de l’âge précédent, n’arrivent pas encore à équilibrer leurs diverses affirmations. — D’abord, il leur arrive d’insister sur le rôle des dispositions intérieures, des œuvres personnelles, des exercices particuliers de pénitence, des moyens satisfactoires, prière et surtout aumône, avec une force telle qu’il semblerait que c’est à ces « actes du pénitent » que se doit attribuer la part prépondérante dans la rémission du péché. Cette satisfaction personnelle est multipliée si l’on peut dire par les prières de toute la communauté. Voir la phrase de Césaire mentionnée ci-dessus, col. 838 : videl qucnitens ) se contra tam qravia mala soluin non posse suffi’cere ; ideo adjutorium tolius populi cupit expetere. L’oubli où nous avons laissé tomber non seulement l’idée de la satisfaction collective, mais celle même de la salisfaction personnelle, nous fait considérer, avec tant soit peu d’inquiétude, l’insistance que mettent les prédicateurs des v c et vre siècles à recommander aux chrétiens de faire « de dignes fruits de pénitence ». S’ils témoignent quelque appréhension au sujet des effets de la pteniteniia momentanés, donnée m extremis, c’est que, précisément, celle ci ne laisse pas le temps convenable pour faire pénitence ».

Mais cette insistance sur les efforts personnels ne doit pas faire oublier celle qu’ils mettent à accentuer le rôle de l’Eglise dans la rémission des péchés. Les

dispositions canoniques sur le traitement des pénitents morts au cours des exercices et sans la réconciliation jettent un jour particulièrement vif sur l’efficacité de cette dernière cérémonie. Lié par l’autorité

ecclésiastique (et l’entrée en pénitence est proprement l’acceptation de ce lien), le pénitent doit cire délié par

elle s il iii I se présenter sans crainte dans cet audelà mystérieux ou les jugements de l’Église oui un

retent Issemenl, oli i ol 835.

I I. pourtant, malgré cette affirmation si ferme du rôle de I Église dans le pardon du péché, les Pères de

i i poque et ils suivaient un guide Illustre, saint Au

gUStln se rendent compte <|u<- ce pardon ne peut