Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/422

Cette page n’a pas encore été corrigée
829
830
PÉNITENCE. FIN DE L’AGE ANTIQUE. LA PRATIQUE


coupables ; il le faisait parfois en public, même quand il s’agissait des grands, dénudons crimina singulorum et pro remissione deprecans assidue confilentium. Au besoin, il faisait usage de l’excommunication, comme cela arriva au roi Clotaire. Ibid., col. 1080. — L’historien des Francs rapporte d’assez fréquents exemples d’excommunication, sans qu’il soit possible de discerner toujours s’il s’agit de la simple exclusion de la table sainte ou d’une peine plus grave : cf. Hisl. Franc., V, xxxiii, col. 348 : Y, xxxvii, col. 352 : VIII, XL, <<>l. 170 :, viii, col. 535 ; X, xvi, col. 547 (procès de Basine et des autres religieuses de Sainte-Croix de Poitiers révoltées contre leur abbesse). — Notons enfin le fait singulier qu’au concile de Mâcon (585), Pévêque de Cahors, qui avait favorisé un rebelle, est condamné à faire pénitence trois ans, Hist. Franc. VIII, xx, col. 102 : ut psenitentiam tribus annis agens, neque capillum, neque barbam tonderel, vino et carnibus abstinent, missas relebrare, cleriros ordinare, eeclesiasque et chrisma benediccre. eulogias dare penitus non auderet ; dans un procès analogue Prétextât de Rouen avait été déposé. Hist. Franc, Y, xx, col. 337.

Cette pénitence imposée à un évêque rappelle le trait qui se lit dans le récit de la mort d’Isidore de Séville. Sentant sa fin prochaine, le saint évêque se fait transporter dans la basilique de Saint-Vincent, pour y recevoir la pénitence. Les prêtres lui imposent, qui le cilice, qui les cendres, cependant que Pévêque implore la miséricorde divine : suscipe in hac hora, s’écrie lil. confessionem meam, et peccata quæ innumerabiliter contraxi ab oculis trans/er luis. Après quoi il reçoit le corps et le sang du Seigneur. Et toute la cérémonie terminée, on le ramène dans sa cellule, et le quatrième jour après sa confession ou sa pénitence il mourut dans la paix du Seigneur. P. L., t. lxxxi, col. 30 32. Il y aurait un intérêt majeur à étudier les récits des derniers moments des saints personnages ; mais en commençant par sérier chronologiquement les récits que nous en avons.

II. LA PRATIQUE. Ici encore, il convient de faire précéder l’exposé de ce que fut la pratique pénitentlelle, à l’époque considérée, de quelques observations sur ce qu’étaient alors les mœurs et la vie chrétienne.

1° l.a nie religieuse et morale à l’époque considérée. 1. Conditions extérieures. Dans tout l’Occident, le vieil ordre de choses achè’ve de se dissoudre puisque, en masses plus ou moins denses, les barbares ont pénétré partout, juxtaposés d’abord à l’ancienne OCiété romaine, S’y mêlant peu à peu. au moins dans les régions ou ils se convertissent au catholicisme. Ce brassage des deux éléments se fera plus tôt dans le nord de la Gaule OÙ les nouveaux venus sont passes directement du paganisme dans l’Église catholique. Ailleurs, où les conquérants restent longtemps ariens. les deux couches cle population resteront encore dis

cernables pendant un certain temps, c’est le cas du midi de la (.aule. de l’Espagne, cle l’Afrique surtout. L’Italie péninsulaire, bien que conquise elle aussi. beaucoup moins submergée et, à partir de la conquête byzantine, semble reprendre quelques-uns

des Iraits extérieurs cle l’époque ancienne. Il n’y a pas

grande différence entre Patl Itude pastorale d’un sain ! m, i celle d’un saint Léon, les homélies qu’ils idressenl. leur peuple ont, malgré la distance et les vicissitudes par lesquelles Rome est passée, plus d’un Irait commun. Ici moins qu’ailleurs s’est fait sentir le passage des bai b

a I Quelle est donc la tenue

morale de la toctéh romaine demeurée plus ou moins Intacte > ir.ivcis toutes < es catastrophes ! Désormais

chrétienne tout entière, est-elle vraiment régé >

pu la pratique cle l’Évangile qu’elle a accepté)’u |uger p.n certaines accusations, on ne le croirait

guère, et s’il fallait prendre à la lettre le De gubernatione Dei du prêtre marseillais Salvien (f après 4711), on en serait à des constatations bien affligeantes. Mais Salvien soutient une thèse où la corruption des civilisés, opposée aux vertus des peuples de la nature, est un argument pour défendre la Providence. Il insérait pas équitable de juger, exclusivement d’après ses déclamations, les populations romaines de la lin de l’empire. Les prédications d’un Pierre Chrysologue, d’un Maxime de Turin, d’un Césaire d’Arles donneraient une note plus juste. Inlassable dans la poursuite du péché, Pévêque d’Arles fait mieux comprendre qu’aucun autre quels sont les vices les plus communs de ses ouailles. Le portrait n’est pas flatté, il a des chances d’être juste, mises à part les exagérations qu’un prédicateur peut toujours se permettre. Quand il fait, dans ses sermons, l’examen de conscience de ses fidèles, Pévêque met l’accent sur les nombreuses violations graves de la loi divine : s’il n’est plus question d’idolâtrie au sens propre du mot, que de pratiques superstitieuses sont demeurées ! le blasphème est fréquent ; le respect de la propriété d’autrui n’existe pas toujours : la règle des mœurs est couramment violée par les jeunes gens, lesquels vivent en concubinage avec des femmes qu’ils abandonnent quand vient l’occasion de faire un beau mariage ; les hommes mariés ne sont guère plus tempérants et, loin de regretter leurs fugues extra-conjugales, ils se vantent volontiers de leurs bonnes fortunes : si les femmes sont moins volages, semble-t-il, elles ont trop souvent de la maternité une horreur qui les fait recourir à des pratiques abortives ou tout au moins à des manœuvres anticonceptionnelles ; l’ivrognerie, en ce pays de vins généreux, est un vice trop commun, passe encore pour un dérangement passager, mais chez trop de personnes l’ivresse est passée à l’état d’habitude.

Notons que Césaire s’adresse surtout à des citadins ; il faudrait demander au De correctione ruslicorum de Martin de Braga, presque contemporain, ce qu’étaient les vices des campagnes. Souvent remployé par des auteurs des âges suivants et dans les régions les plus diverses, il ne décrit donc pas seulement les mœurs des populations de la Galécie. La survivance de pratiques nettement idolâtriques, où la foi elle-même se trouve compromise, est l’abus principal auquel s’attaque cet évêque, qui recommence, à un siècle et plus d’intervalle, la lutte menée par saint Martin de Tours contre les restes du paganisme. Cette lutte à plus forte raison faudra-t-il la mener quand les barbares seront passés par les baptistères de l’Église catholique. Bien peu d’entre eux appliqueront le pré cepte donné à Clovis par saint Bcmi de Reims :

Brûle ce que tu as adoré. »

Telles étant les mœurs, de quelle ressources spirituelles disposent ceux qui veulent faire la guerre au péché ? Quel est. en particulier, l’usage des sacre ments ? Nous avons « lit. col. 801, ce qu’était le bap tème à l’âge précédent ; pour bien des àmes d’élite, c’était le point de départ d’une véritable conversion. Or. cette conception du baptême apportant dans la Vie d’Un adulte un changement complet, profond, définitif, disparaît peu à peu, maintenant que, de plus en plus, le baptême s’administre à cle tout petits enfants. Encore que, dans l’état actuel de nos connais sauces, il ne soil pas [acile cle retracer l’histoire de la

pratique baptismale a cette époque, il paraît bien, sauf erreur, que le baptême des enfants, au moins

pour la société romaine, soil cle plus en plus en us : iLie

Non moins difficile est il cle préciser quand a cesse

la vieille habit ucle. pour le commun des fidèles, de l.i réception fréquente cle l’eucharistie Laissons de CÔté

les monastères, dans lesquels cm pouvait discuter si la communion hebdomadaire était la bonne règle ou s’il