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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. FIN DE L’AGE ANTIQUE, LES DOCUMENTS

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genre sous le titre d’Excerpta canonum dont on se fera une idée d’après le texte publié dans P. y… t. lxxxiv, col. 25-92. D’après (<. Le)5ras, les 6 premiers livres de cette table ont été composés dans la seconde moitié du vir siècle, le nombre ayant été ensuite porté à 10. Nous dépassons, il est vrai, au point de vue chronologique, les limites que nous nous sommes assignées ; mais il est extrêmement vraisemblable, au dire de cet auteur, que des tables méthodiques analogues à celleci aient existé antérieurement, tant pour [’Hispana que pour d’autres collections.

Quoi qu’il en soit de ces questions chronologiques, une simple lecture de la table en question permet à l’historien de se rendre compte assez vite de l’ensemble de la législation relative à la pénitence telle que la fournissaient les recueils canoniques du haut Moyen Age. Admettons que les évoques gaulois ou espagnols ne disposaient pas toujours de tables aussi bien faites que celle-ci ; ils ne laissaient pas d’être suffisamment outillés quand il s’agissait de trancher, « d’après les canons », les divers cas particuliers. Voir, par exemple, dans Grégoire de Tours, la façon dont on apporte aux évêques rassemblés pour juger l’affaire de Prétextât de Rouen les libros canonum. Hist. Franc, V, xx, P. L., t. lxxxi, col. 337.

Pour en revenir à la table de l’Hispana, elle contient de multiples références à la discipline pénitentielle ; notons seulement les principales : L. I, De institutionibus clericorum : tit. xvi, les clercs ne sont pas admis à la pénitence ; tit. xix, 5 ; xx, 8 ; xxiii, 6 ; xxiv, 3 ; xxvii. 19 ; xxxiv, 7, 8, 14, irrégularité que constitue le fait d’être passé par la pénitence pour la réception des différents ordres ; tit. xxx, 8, 10, 11, rôle du prêtre dans la réconciliation des pénitents ; tit. lui, péchés des prêtres ou des diacres antérieurs à l’ordination, peines dont ils sont frappés, quand ils sont découverts après coup. — L. II, De institulione monasteriorum et monachorum atque ordinibus pœnitentium ; outre diverses prescriptions contenues dans les titres relatifs aux moines et surtout aux religieuses (tit. vi), toute la fin du livre est consacrée ex professo à la pénitence : tit. xiv, De appetendo pœnitenliæ bono ; tit. xv, Quid possit psenitentia ; tit. xvi, De dilatione pœnitenliæ et communionis ; tit. xvii, De danda pœnitenlia et temporibus pœnitendi ; tit. xviii, De pœnitentium legibus ; tit. xix, Detemporibus remissionis pœnitentium ; tit. xx, De non recipiendis pœnitentibus ; tit. xxi, De his qui in pœnitentia positi moriuntur ; tit. xxii, De damnatione transgressorum pœnitentium et profitentium castilalem.

— Le t. III, consacré aux jugements et à l’administration ecclésiastiques, contient un tit. xxix.De e.rcommunicatis, qui permet de faire une théorie de l’excommunication et de ses rapports avec la pénitence. — Le t. V, De diversitalibus nuptiarum et scelere flagitiorum, contient, à partir du tit. vi, les énumérations des diverses fautes graves et des sanctions qui les frappent.

Ce que nous venons de dire suffît pour faire comprendre l’erreur de méthode commise par ceux qui, dans l’histoire de la discipline pénitentielle, n’accordent pas une attention suffisante aux collections canoniques. C’est là, en tout premier lieu, que l’on doit aller chercher ses renseignements ; c’est d’après ces textes qu’il faut éclairer les passages des théologiens, des historiens, des prédicateurs contemporains. C’est à une table comme celle-ci (nous avons dit qu’elle a été précédée par d’autres) qu’il faut demander comment l’époque concevait, du moins en théorie, la discipline de la pénitence. Faire abstraction de ces données, c’est commettre l’erreur où tomberait un historien, étranger à notre Église, qui, voulant décrire ce qu’est aujourd’hui la confession chez les catholiques, négligerait d’ouvrir un traité de théologie morale à l’usage des séminaires.

2° Textes liturgiques. Autant faut-il en dire des textes liturgiques. L’époque précédente ne nous en avait pas fournis. Celle-ci en apporte quelques-uns dont la datation, à vrai dire, n’est pas absolument certaine, mais qui ne laissent pas de présenter le plus grand intérêt.

1. Liturgie romaine. C’est la liturgie romaine

qui semble fournir les plus anciens. On sait qu’une réaction se dessine, depuis quelques années, contre la tendance à rabaisse ! ’la date des trois særamentaires-types, léonien, gélasien, grégorien ; leur origine, quoi qu’il en soit des remaniements ultérieurs subis par eux, les rapprocherait davantage de l’époque des papes dont on leur a donné plus tard le nom. D’ailleurs, abstraction faite de la date précise de leur compilation, il demeure incontestable que certaines des formules liturgiques qu’ils contiennent peuvent être fort antérieures à la date où elles ont été rassemblées. Sous le bénéfice de ces remarques, interrogeons ces trois sacrament aires.

a) Le sacrumentaire léonien, on le sait, est mutilé du début de l’année liturgique ; il ne contient pas les offices du carême, où l’on aurait chance de trouver les rites de l’exclusion et de la réconciliation tics pénitents. Relevons, dans des messes pour les défunts, les oraisons relatives aux pénitents qui sont morts sans avoir pu être admis à la réconciliation :

Omnipotens et misericors Deus, in cujus omnis lnimana conditio potestate consistit, animam famuli tui (iUius) quasumus ab omnibus absolve peccatis, ut pœnitentUv fraction, quem voluntas ejus opta vit, pneuentus morlalitate non perdat.

Satisfaciat tibi, Domine, quæsuraus, pro anima famuli tui (illius), sacrificii prsesentis oblatio et peccatorum veniani quam quæsivit inveniat, et quod officio vocis implere non potuit, desiderata ; psenitentia ; compensatione percipiat. C. xxxiii, n. 2, P. L., t. LV, col. 134 sq. ; voir aussi les oraisons de la messe, n. 3, qui suit.

bj Les mêmes oraisons ou des prières analogues se retrouvent dans le gélasien. Voir c. xcviii, P. L.. t. i.xxiv, col. 1238 sq. Mais ce recueil a surtout l’avantage de parler des rites mêmes de la pénitence.

Relevons d’abord, à l’endroit cité, la rubrique qui précède les oraisons, et qui est très expressive. Il s’agit précisément de ces pénitents qui ont perdu connaissance avant de pouvoir être réconciliés : Si quis pœnitentium petens, dum sacerdos venit, fuerit officium (sic) linguæ privatus. constitutum est ut, si idonea testimonia hoc dixerunt et ipse per motus aliquos satisfacit, sacerdos implcai omnia circa pœnitentem. ut moris est. Quelles étaient ces cérémonies ? C’étaient plus ou moins abrégées, celles qui étaient pratiquées en public tant pour l’admission à la pénitence, a l’entrée du carême, que pour la réconciliation le jeudi saint. Voir c. xxxviii, à la suite des prières du jeudi saint, la formule intitulée reconciliatio pœnitentis ad mortem. Ibid., col. 1097. (La formule donnée c. cm. col. 1244, a été de toute évidence ajoutée après coup au sacramentaire.)

Mais les cérémonies publiques avaient naturellement un caractère plus imposant. La rubrique du mercredi des cendres résume brièvement ce qui doit se passer et ce jour-là et le jour du jeudi saint : Ordo agentibus publicam pœnitenliam : Suscipis eum /F » feria même in capile Quadragesimæ, et cooperis eum eilicio, oras pro effet inclaudis usque ad Cœnam Domini. Qui eodem die in gremio præsentatur ecclesiæ. et prostralo eo omni corpore in terra, dal oralionem pontifex super eum ad reconciliandum in P » feria Canæ Domini. sicut ibi continetur. Ibid., col. 1066. Antérieurement à cette rubrique, le sacramentaire avait donné le texte des oraisons à réciter sur le postulant au moment de son entrée en pénitence. Le fait que ces