Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/406

Cette page n’a pas encore été corrigée
797
798
PÉNITENCE. LES IV « ET Ve SIÈCLES, LES DOCUMENTS


quoi. Depuis l’époque où les novatiens s’étaient séparés de l’Église, pour ne pas vouloir communiquer avec les lapsi de la persécution de Dèce, les évêques avaient ajouté à la liste des offices ecclésiastiques le prêtre pénitencier, pour que ceux qui auraient fauté après le baptême vinssent confesser leurs péchés au prêtre à ce désigné. Cette règle est encore en vigueur aujourd’hui dans diverses confessions religieuses ; seuls les catholiques (oc ro3 ô(ioovff : ou ppovi, iiïto : ) et les novatiens qui professent la même foi (trinitaire ) ne connaissent pas le prêtre pénitencier. Les novatiens ne l’ont jamais eu ; quant aux chefs des églises (catholiques) qui avaient gardé cet usage pendant longtemps, ils l’ont mis de côté sous l’épiscopat de Nectaire, dans les circonstances suivantes : Une dame de noble naissance s’adresse un jour au prêtre pénitencier et lui confesse les fautes qu’elle avait commises depuis son baptême. Le prêtre impose à cette femme des jeûnes et des prières qui devaient, en même temps que sa confession, témoigner de son repentir. Or, cette femme allant plus outre, Trpoëatvouora (ou bien après quelque temps) se mit à s’accuser d’une autre faute et dit qu’un diacre de l’Église avait eu des rapports intimes avec elle. Cette accusation fut cause que le diacre fut déposé, mais, en même temps, une grande agitation se produisit dans le peuple. On était indigné, non seulement du fait en lui-même, mais de ce que l’affaire procurait à l’Église de diffamation et de déshonneur. Et, comme les hommes consacrés à Dieu en étaient tout malmenés, un prêtre nommé Eudémon, Alexandrin d’origine, donne à ï’évêque Nectaire le conseil de supprimer le prêtre pénitencier et de laisser dès lors à la conscience de chacun (de décider s’il pouvait ou non) participer aux saints mystères ; qu’il ne voyait que ce moyen d’empêcher l’Église d’être diffamée. C’est pour avoir entendu ceci de la bouche même d’Eudémon que je prends sur moi de le consigner par écrit… Et je n’ai pu m’empêcher de lui dire : « Votre conseil, ô prêtre, a-t-il été utile ou non à l’Église ? Dieu seul le sait. Pour moi, je vois bien qu’il a été cause que les fidèles n’accusent plus les péchés les uns des autres et que l’on ne met plus en pratique le commandement de l’Apôtre : N’entrez pas en communion avec les œuvres stériles des t ténèbres, mais plutôt accusez-les. »

Sozomène, qui dépend évidemment de Socrates, ajoute quelques traits qu’il convient de relever. H. E., VII, xvi, P. G., t. lxvii, col. 1457. Que Nectaire ait supprimé l’office de pénitencier, suivi en cela par presque tous les évoques, c’est un fait, dit-il, dont on a donné diverses explications, et sur lequel il veut dire son sentiment. Puisque l’infirmité est la condition de l’humaine nature, que Dieu a ordonné de pardonner au repentir, mais qu’il faut en demandant ce pardon confesser son péché, il a paru, dès le début, aux autorités ecclésiastiques qu’il était trop dur d’imposer une confession publique ; on avait donc institué l’ofllce de pénitencier ; les pécheurs s’adressaient à ce prêtre, et celui-ci leur ayant imposé les satisfactions convenables, les congédiait, àreéXoe (ou bien les absolvait ? ) leur laissant le soin d’accomplir par devers eux leur pénitence. Naturellement, chez les novatiens, ceci n’existe pas ; mais, dans les autres confessions, cela se pratique encore aujourd’hui. Et Sozomène de raconter comment, en Occident, et spécialement à Moine, les choses se liassent ; son texte vaut d’être traduit littéralement :

A Rome, Il y a (dans l’église) un lieu distinct pour ceux qui sont en pénitence ; ils s’y tiennent dans la honte et les larmes ; et, à la fin de la liturgie, à laquelle Us n’ont pas le droit de participer, ils se prosternent avec des lamentations et des gémissements. I.’évêque, tout en larmes, vient au devant d’eux et tombe également prosterné ; pendant que le peuple qui est dans l’égliM M répand aussi en lamentations, l’uls ï’évêque se relève et fait relever les (pénitents) prosternés et, ayant dit sur les pécheurs repentants l’oraison convenable, il les renvoie, et chacun d’eux se macère en ton particulier par des Jeûnes, par la privation des bains, par l’abstinence ou toutes autres œuvres qui lui ont été Impo*..t 1 1 l.i pendant Is temps que Ï’évêque lui a prescrit. Au |our marqué, le pi nitent, aant accompli sa pi un-, est absous de ton péché (.t. : ku*0T<a< svfcrac) et rentre

dans la communauté des fidèles. Ainsi agissent les évêques de Rome depuis les origines, et cela jusqu’aujourd’hui.

A Constantinople, continue Sozomène, c’était le prêtre pénitencier qui administrait tout cela..Mais, depuis le scandale auquel a donné lieu la confession de certaine dame, cet office a été supprimé. (L’histoire des relations avec le diacre est donnée un peu différemment, peut-être parce que Sozomène n’a pas bien compris le texte de Socrates.) Quoi qu’il en soit, on engagea Nectaire à donner l’autorisation à chacun de participer aux mystères selon que sa conscience l’y autoriserait eroYxcopeïv ëxaaxov, wç Sv èau-ro) auvsiSetv) xal Ôappeïv oSivaixo, xoivcovstv twv ; xu<mr)p[cov. Du moins supprima-t-il le prêtre pénitencier. Depuis lors, ceci est resté en vigueur, et ce n’a pas été pour le profit moral de l’Église. Car, autrefois, semble-t-il, il y avait moins de péchés tant à cause de la honte qu’il y avait à s’accuser ainsi, que de la sévérité des juges (ecclésiastiques) à ce préposés.

Il s’en faut que tout soit également clair dans ce récit. On comprend assez bien comment le scandale a éclaté ; la confession de la dame a amené, de la part du prêtre pénitencier, une enquête sur le complice qui a finalement abouti à la déposition du coupable. Ceci cause une vive émotion, à cause sans doute de la violation du secret. Et c’est une raison non pas pour blâmer ou pour condamner le prêtre en question, mais pour supprimer définitivement l’office dont il était chargé. Pourquoi, sinon parce que la fonction emportait de soi l’idée que le titulaire devait procéder en quelque sorte à la manière d’un juge d’instruction, recevoir non seulement les aveux spontanés des coupables, mais encore les accusations venant de tierces personnes. N’est-ce pas le sens des réflexions que Socrates fait, en dernier lieu, au prêtre Eudémon qui a conseillé la mesure de la suppression totale ? Cette mesure n’a pas fait de bien, pense-t-il, elle a supprimé (mais n’était-ce pas une nécessité des temps ?) le contrôle des fidèles les uns sur les autres.

Ce qui est beaucoup moins clair, c’est la question de savoir par quoi l’on a remplacé l’office supprimé. Socrates et Sozomène disent bien que l’on a donné à Nectaire le conseil de laisser à la conscience de chacun le soin de décider s’il pouvait ou non participer aux saints mystères. Ils ne disent, ni l’un ni l’autre, que l’archevêque ait promulgué semblable décision : il a supprimé la fonction de pénitencier ; c’est tout. Les pécheurs dont la conscience ne pouvait se rassurer pleinement avaient toujours la ressource de s’adresser directement à Ï’évêque. On comprend néanmoins qu’une telle démarche était moins facile qu’à l’époque où un prêtre était député à cette unique fonction. Inévitablement l’usage de la pénitence canonique a diminué. Ni Socrates, ni Sozomène ne disent qu’elle ait entièrement disparu. Elle avait dû prendre, d’ailleurs, une forme assez différente de celle qu’elle revêtait à Rome, d’où la remarque de Sozomène. Que la mesure prise par Nectaire ait été aussi généralisée que le disent nos deux historiens, c’est ce dont il est permis de douter. Tout au plus s’est-clle appliquée dans le ressort Immédiat de Constantinople, et, à ce moment, ce ressort est encore restreint.

3. L’attitude de Jean Chrysoslome.

Sur les idées de saint Jean Chrysostome relatives à la pénitence, il faut rapporter le mot de Socrates, II. E., VI, xxi. A propos de la mort du saint, l’historien porte sur lui un jugement qui s’efforce d’être impartial, mais qui, dans la réalité, est injuste. II reproche à l’archevêque quelque intempérance de langage. Lui, dit-il. qui pour son compte pratiquait si exactement la chasteté, aoxppoaûvTf) (la réserve dans la vie), il enseignait dans si s homélies à en faire peu de cas. Alors, en effet.