Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée
793
794
PÉNITENCE. LES IVe ET V « SIÈCLES, LES DOCUMENTS


aussi qu’unique est le baptême, unique le renouvellement ; toutefois, l’Apôtre, aussitôt après les paroles si dures qu’il vient d’écrire, ne laisse pas d’ajouter : « Quoique nous parlions ainsi nous avons de vous une opinion meilleure et plus favorable à votre salut. Car Dieu n’est pas injuste au point d’oublier vos bonnes œuvres. » Hebr., vi, 9-10. Ainsi l’Apôtre, tout en déclarant qu’il ne peut y avoir un second renouvellement, n’exclut pas du salut ceux qui se repentent ultérieurement ; il fait entrevoir aux coupables un Dieu qui est prêt â les accueillir, en considération de leurs bonnes œuvres, -rijç àyixQoepyia.< ; ocùtwv x*P tv > s’ils se repentent de leurs transgressions, se convertissent et changent de sentiments. Et, après avoir discuté l’autre erreur des novatiens, relative à l’interdiction des secondes noces, Épiphane, revenant à son premier sujet, aligne un certain nombre de textes scripturaires parlant de la vertu du repentir. Ce n’est pas, continue-t-il, une raison pour se laisser aller à une liberté sans frein. Il faut se tenir à égale distance entre une confiance exagérée et une rigueur inutile. Qui sait ce que Dieu réserve à ceux qui reviennent ainsi ? La seule chose qu’il faille retenir, c’est que de la pénitence il ne peut sortir d’inconvénients, tout au contraire, et que les paroles de l’Écriture, aussi bien que les exemples du Sauveur, sont bien faites pour rendre confiance au pécheur. C’est dire qu’il faut condamner l’attitude intransigeante des novatiens dans la question de la réconciliation des pécheurs.

b) C’est le même sujet que traite, mais bien plus largement, saint Ambroise dans le De psenilentia, P. L., t. xvi (1866), col. 485-546, qui est expressément dirigé contre les novatiens. La date n’est pas facile à déterminer, mais la composition peut se placer entre 380 et 390. Après un exposé sommaire (et quelque peu inexact, d’ailleurs) de la pratique novatienne (d’après Ambroise, I, ni, 10, Novatien ne remettait pas les péchés, même moins graves), l’évêque de Milan entend établir que l’attitude de la secte est en contradiction avec la miséricorde divine ; il est donc amené tant à énumérer les textes scripturaires, qui invitent le pécheur à la confiance, qu’à discuter les passages que les novatiens objectaient aux catholiques. Remarquons, dans la première série, l’attention qui est apportée aux textes évangéliques relatifs au pouvoir donné aux apôtres de remettre les péchés. I, vii, 33 ; viii.

La discussion des objections est faite avec plus d’ampleur. Successivement Ambroise passe en revue les textes désormais classiques dans la question des péchés irrémissibles : I Reg., II, 25 ; I Joa., v, 16 ; Hebr., vi, 4-6. Cette dernière citation l’amène à discuter l’attitude de saint Paul dans l’affaire de l’incestueux de Corinthe. l’usé, en effet, que l’épltre aux Hébreux est de l’Apôtre, il faut démontrer que, dans l’incident de Corinthe, Paul, après avoir livré le coupable à Satan (c’est à dire aux maladies infligées par le diable et qui lui serviront d’expiation), fait ensuite miséricorde à l’incestueux, compte tenu de Bon expia lion. Ainsi, les paroles si dures en apparence de l’épltre aux Hébreux doivent pouvoir se concilier l’attitude de Paul à Corinthe. Il faut donc interpréter le texte dis I lébreux de manière à lui faire dire non quelque chose de contraire, mais quelque chose de différent. On peut penser que l’Apôtre entend Ini ulquer aux I lébreux l’idée que le baptême ne peut Itérer ; ou encore traduire le mol si absolu : t n

si impossible » en disant que Cela est impossible pour les hommes, mais non pour Dieu. I, xm-xiv ; II, ii,

m i angélique relatif au blasphème contre

uni Esprit appelle des remarques analogues,

ted Ici, viii, 21-23, que les novatiens

venaient de verser aux débats.

Cette polémique n’épuise pas le contenu du De psenilentia dont la seconde moitié (la division en 2 livres correspond mal à la division du sujet) est consacrée à montrer ce que doit être la pénitence pour le chrétien désireux de rentrer en grâce avec Dieu. Sans s’astreindre à un ordre logique, Ambroise examine les divers gestes du pénitent : 1. L’aveu que l’on fait à Dieu d’abord II, vi, 40-41 ; vii, 53, textes souvent cités à faux), mais qui n’exclut pas la confession faite au ministre de Dieu (voir III, viii, 74, les allusions que fait Ambroise à ses sentiments personnels quand il reçoit les aveux des coupables). 2. Les œuvres de mortification et d’humiliation que négligent trop souvent les pécheurs, à cause des conditions très dures que la pénitence canonique fait à ceux qui l’ont acceptée. Le tout se terminant par une remarque sur le danger de différer la pénitence. 3. Au passage, un mot est dit du pardon accordé par l’Église. I, viii, 37.

Au total, traité du plus vif intérêt tant au point de vue de la théorie qu’à celui de la pratique, malgré un certain manque de composition qui en rend assez difficile l’intelligence d’ensemble. Il y a avantage à en rapprocher certains passages du commentaire sur saint Luc ; voir surtout l’épisode du fils prodigue, t. VII, n. 235-238, t. xv, col. 1852.

c) I’acien de Barcelone (t avant 392) est contemporain du grand évêque de Milan. On a dit, ci-dessus, t. xi, col. 1718, tout l’essentiel sur l’œuvre littéraire de ce personnage, et l’on a fait l’analyse des textes qui intéressent spécialement l’histoire de la pénitence. Les lettres à Sympronianus représentent plutôt les théories des catholiques sur la rémission des péchés, par opposition aux novatiens ; la parénèse De pœniienlia nous renseigne surtout sur la pratique de la pénitentielle. Nul écrit ne jette un jour plus vif sur les institutions du ive siècle. C’est par un commentaire détaillé de ce petit traité qu’il faudrait introduire une étude sur les divers aspects de la pénitence à cette époque.

2. Textes plus indépendants de la polémique novatienne. — a) A peu près tous les textes patristiques que nous avons signalés à l’art, précédent, col. 730 sq. font allusion à un aspect ou à l’autre de la pénitence ecclésiastique, envisagée comme étant une des manifestations du repentir intérieur. On y joindra un très beau texte du Syrien Aphraate (milieu du ive siècle). Demonst., vii, Pair. Sijriaca, t. i, col. 313 sq.

b) Il convient, d’autre part, d’attirer l’attention sur le fait que les quelques exposés d’ensemble que l’on possède sur les sacrements, De musleriis de saint Ambroise, De sacramentis d’un auteur contemporain. Catéchèses myslagofiiqucs de saint Cyrille de Jérusalem, Grande catéchèse de Grégoire de Nyssc, ne font pas de place à la discipline pénitentielle, pas même au rite final de la réconciliation. Mais il n’y a pas à urger cette constatation et l’exemple même de saint Ambroise, qui considère à coup sur le pardon ecclésiastique comme un rite sacramentel (voir surtout De psenilentia, I, viii, 37, où il met en parallèle baptême et pénitence), montre bien que cette absence ne doit rien faire préjuger du caractère que l’on reconnaissait alors à la pénitence. Les catéchèses mystagogiques (le De nujsteriis et le De sacramentis compris) ont un objet strictement limité : mettre les néophytes au clair sur les sacrements de l’initiation chrétienne qu’ils viennent de recevoir, et dont la discipline de l’an ane leur a caché jusque là les rites et la signification essentielle. La discipline pénitentielle leur étal ! connue, puisque les pénitents partageaient jusqu’à un

certain point leur condition, et que les exercices auxquels ceux ii liaient soumisse déroulaient partiellement sous leurs yeux. Les nombreux sermons ou