Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/403

Cette page n’a pas encore été corrigée
791
792
PÉNITENCE. LES IV* ET V » SIÈCLES, LES DOCUMENTS


meut punis, niais on conseillera à leurs auteurs de s’abstenir pendant 3 ans de la communion, n. 13. Signalons le n. 3, qui pose le principe non bis in idem pour les clercs coupables. Le diacre fornicatcur sera réduit à l’état laïque, mais ce sera sa seule peine, il ne sera pas écarté de la communion.

Plus développée, VEpistola canonica de saint Grégoire de Nysse (f après 394) ne se contente pas d’exposer un tarif pénitentiel, si l’on peut déjà dire, elle donne un essai de justification des usages. P. G., t. xlv, col. 221-236. Grégoire classe les fautes en essayant de les rattacher aux trois fautes capitales dont le souvenir s’est encore conservé : apostasie, adultère, homicide. C’est ainsi, par exemple, qu’il cherche à faire rentrer les opérations magiques dans l’apostasie. Mais il est gêné par les fautes commises par avarice, en d’autres termes par les fautes contre la propriété, et s’étonne qu’elles n’aient pas été visées expressément par les anciens. Il propose différentes solutions selon les circonstances : pour le vol à main armée, la même peine que pour l’homicide, pour la violation de sépulture (crime énorme au point de vue de la loi civile), la même peine que pour la fornication. Quant au simple larcin, demeuré secret, le fait de le confesser au prêtre et de restituer suppléera à toute pénitence. L’épître témoigne, par ailleurs, de l’existence, de « stations pénitentielles », et aussi de la diminution de peines qui est acquise en vertu de l’aveu spontané.

3. Constitutions apostoliques et canons des apôtres.

— C’est à peu près à la même époque que les Constitutions apostoliques prennent leur forme définitive et que sont regroupés les 85 canons apostoliques qui se lisent à la suite du t. VIIIe des Constitutions. Au livre II de ces dernières, c. x-xvi, sont énumérés, à propos des devoirs des évêques, les obligations et les droits de ceux-ci à l’égard des pécheurs. Voir ci-dessus, col. 771, ce qui est dit de la Didascalie, dont les Constitutions se bornent d’ordinaire à gloser le texte. Le c. xvi donne un embryon de rituel pénitentiel. Les Canons des apôtres 24, 25, 31, 43, 48, 71 mentionnent diverses catégories de fautes et signalent les peines qui leur doivent être appliquées. Le principe non bis in idem est clairement formulé par le can. 25 : la fornication des évêques, prêtres, diacres est punie seulement de la déposition et non de l’exclusion temporaire de la synaxe eucharistique.

4. Les décrétâtes pontificales jouent, un peu plus tard, en Occident, le même rôle que les lettres canoniques en Orient. On a dit, art. Pape, col. 1879, ce qu’elles furent dans le principe : des réponses pontificales à des évêques, réponses qui n’ont pas tardé à créer la jurisprudence. Dès le vie siècle, Denys le Petit se préoccupait déjà de les rassembler comme étant des documents du même ordre que les décisions conciliaires. Voici les principales dispositions relatives à la pénitence que nous avons relevées dans les lettres des papes de l’époque considérée.

La lettre du pape Sirice (384-399) à Himère, évêque de Tarragone, Jaffé, n. 255, contient aux n. 4 (chiffres arabes dans P. L. et de même pour les suivants), 6, 18, des prescriptions importantes : pénitence perpétuelle imposée aux apostats, avec réconciliation à l’article de la mort seulement ; incapacités diverses qui frappent les pénitents ; mesures relatives aux clercs coupables. Voir les textes dans P. L., t. xiii, col. 1136, 1137, 1145. Voir aussi les canones de VEpisL, x, n. 3, 4, 8, ibid., col. 1182, 1183, 1187.

Les lettres du pape Innocent I er (401-417) sont remplies d’indications relatives à la discipline pénitentielle. Voir Epist., i, Jaflé, n. 286, n. 15 (conditions dans lesquelles s’accomplit la pénitence d’une vierge consacrée à Dieu et qui manque à son vœu), 16 (ques tion analogue), P. L., t. xx, col. 479-48(1. Ji/>ist., vi, Jaflé, n. 293, n. 5, 6 (règle sur la réconciliation en cas de maladie grave ;, col. 498. EpisL, xvii, Jaflé, n. 303, n. Il (interdiction d’admettre les pénitents dans le clergé), col. 534. Epist., xxv, Jaflé, n. 311, n. 10 (date de la réception des pénitents dans l’église ; c’est régulièrement le jeudi saint ; mais pour les pénitents à l’article de la mort il n’y a pas de date), col. 559. Epist., xxxviii, Jaffé, n. 315 (peine qui frappe les prêtres qui usent du mariage), col. 605. Epist., xxxix, Jaflé, n. 316 (interdiction d’admettre les pénitents dans le clergé), col. 606.

La décrétale du pape Célestin I er (422-432), adressée aux évêques de la Narbonnaise, contient une réponse intéressante sur l’admission des moribonds à la pénitence. Epist., iv, Jaffé, n. 369, n. 3, P. L., t. l, col. 431. (lotte réponse témoigne que l’usage rigoriste de refuser en certains cas la pénitence aux mourants n’a pas encore complètement disparu ; mais le pape s’élève avec véhémence contre cet errement.

Le pape saint Léon (440-461) est à l’extrême limite de la période que nous étudions. Relevons dans sa volumineuse correspondance les textes suivants : Epist., clix, Jaffé, n. 536, n. 6 (pénitence à imposer à ceux qui se sont laissé rebaptiser), P. L., t. ut, col. 1138. Epist., clxvii, Jaffé, n. 544, n. 2 (impossibilité d’admettre à la pénitence les prêtres et les diacres), col. 1203 ; n. 7-13, col. 1206-1207 (remarquer entre autres le n. 13, qui atténue jusqu’à un certain point l’incapacité, pour le pénitent, de contracter mariage ou d’user du mariage déjà contracté). Epist., clxviii, Jaffé, n. 545, n. 2 (mesures prises pour protéger le secret de la confession), col. 1210-1211. Mais outre ces textes, intéressants pour fixer la pratique, il en est un qui, au point de vue doctrinal, est d’une importance capitale, Epist., cviii, Jaffé, n. 485, col. 10Il sq. Cette lettre donne, si l’on peut dire, une théorie presque complète de la pénitence ecclésiastique, on retiendra surtout le mot fameux : sic divines bonilatis prsesidia ordinantur, ut indulgentia Dci nisi supplicationibus sacerdotum nequeat obtineri. Cet aphorisme est d’ailleurs appuyé sur la collation faite aux apôtres de pouvoirs spéciaux.

On pourrait sans doute trouver d’autres indications encore ; celles-ci sont les principales. A les grouper, on se ferait quelque idée de ce qu’est, en Occident, à l’époque qui nous occupe, la discipline pénitentielle.

Textes d’allure plus théologique.

1. La polémique

anlinovatienne. — Il faut placer en premier lieu ceux qui, soit en passant, soit ex professo, réfutent les théories des schismatiques novatiens. En discutant les doctrines adverses, les Pères sont amenés à exposer leurs idées, celles de l’Église, tant sur la possibilité de remettre les péchés, même les plus graves, que sur la signification propre du pardon accordé par l’autorité ecclésiastique. On a donné une revue à peu près exhaustive de ces textes à l’art. Novatien, col. 830-831. Il reste à attirer l’attention sur les écrits les plus importants.

a) Saint Épiphane († 403) fait, dans le Panarion, le procès des cathares (novatiens). Hseres., lix, P. G., t. xli, col. 1017 ; éd. Holl, t. ii, p. 363-379. Il reconnaît sans doute qu’il n’y a qu’une seule pénitence parfaite, TeXela (ieràvoia, celle du baptême, mais, si quelqu’un tombe après le baptême, l’Église n’entend pas le perdre ; elle lui donne, en effet, la conversion et, à défaut de la pénitence, la résipiscence : StScooi yàp xal ItovoSov xal nsxà tt ; v (xeràvoiav tt, v u.exatiiXeiav. Que si les novatiens objectent le fameux texte de l’épître aux Hébreux, vi, 4-6, Épiphane ne demeure pas court. Il est bien vrai, repart-il, que le Christ ne peut plus être crucifié pour nous, il est vrai