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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LE IIIe SIÈCLE, LES DOCUMENTS

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vu, 4, 5-7, 8 ; x, 2- : }, édit. Bonwetsch du Corpus de Berlin, p. 458, 460, 464.

11° Littérature populaire : Actes apocryphes des apôtres. — C’est, de la période que nous étudions, et plutôt du début que de la fin, que datent les premières éditions des Actes apocryphes primitifs de Jean, de Paul, de Pierre, de Thomas, d’André. Leur origine gnostique est de plus en plus contestée et c’est bien plutôt dans les milieux populaires de la grande Église qu’il faut leur chercher des attaches. Or, il est remarquable que, dans les quelques conversions de pécheurs déjà baptisés qui y sont rapportées, il ne semble pas que la réadmission des coupables dans la communauté soulïre la moindre difficulté. Dans les Actes de Jean, c. xlviii-liv, est racontée l’histoire d’un jeune homme, adultère et meurtrier de son père (que Jean ressuscite, d’ailleurs). Jean le ramène à résipiscence : « Et le jeune homme reprit courage, s’étant repenti de ses péchés afin d’en obtenir rémission de la bonté de Dieu, et il ne se séparait plus de Jean », c. liv, édit. Bonnet, p. 178 (à la vérité, une des recensions spécifie que le héros de l’histoire n’était pas encore baptisé et ne reçut le baptême qu’après sa conversion). Dans les Actes de Pierre, il ne semble pas qu’aucune catégorie de pécheurs soit exceptée du pardon, et ce pardon est obtenu sans délai, quand le repentir véritable se manifeste : épisodes de Ruflne, c. ii, édit. Vouaux, p. 234 sq. ; de Marcellus, c. x, p. 290-299 ; la prière prononcée sur Marcellus, à l’occasion de sa réintégration dans l’Église ne pourrait-elle être un décalque de celles qui étaient réellement prononcées en de telles circonstances ? la comparer avec ce que dit Tertullien, De pudic, xiii, 7 : in parabola ouis capras tuas quæris.

12° La Didascalie des apôtres, composée en Syrie au cours du nie siècle, fournit, sur la pénitence canonique, des renseignements précieux. On sait que les Constitutions apostoliques n’en sont qu’un remaniement postérieur, du milieu du ive siècle. Il y a parfois intérêt à comparer les deux rédactions. Les références sont données d’après l’éd. Funk, Didascalia et Constitutions apostolorum, t. r, Paderborn, 1905.

Décrivant les qualités du vrai pasteur, la Didascalie insiste sur le fait que l’évêque doit être irréprochable, ce qui lui permet d’exercer sur les fidèles une véritable autorité et de traiter les pécheurs comme il convient. « A la vérité, nous ne pensons pas qu’un baptisé puisse encore commettre les exécrables iniquités des gentils ; tout le monde sait que celui qui pèche après son baptême est condamné à la géhenne [s’il ne se repent et ne cesse de pécher, Constil. apostol.]. » II, vii, p. 42. Mais, enfin, il peut arriver qu’un baptisé tombe ; s’il sait à quel évêque il a affaire, « il n’ose prendre sur lui d’entrer dans l’assemblée, déjà repris qu’il est par sa conscience ; s’il y pénètre effrontément, il est repris et réprimandé par l’évêque ; voyant alors que tous, dans l’assemblée, sont sans reproche, il est couvert de confusion et sort avec respect et larmes ; ainsi le troupeau demeure sans souillure et lui, sortant, pleurera devant Dieu, se repentira de ses fautes et aura espoir ; et tout le troupeau, voyant ses larmes, cela lui servira d’exemple, car celui qui pèche périt [parce que le pécheur, par la pénitence, ne périt pas, Constil. apostol. ]. » II, x, 3-5, p. 46. Néanmoins, l’espoir reste aux pécheurs : « Évêque, juge-les avec puissance, comme Dieu, mais ceux qui se repentent, reçois-les avec charité, comme Dieu, encourage-les, objurgue-les, enseigne-leur que le Seigneur Dieu a promis avec serment qu’il ferait grâce au repentir. (Citation d’Ézéchiel, xxxiii, 11.) Il leur a donné l’espoir ; il ne faut donc pas que les pécheurs désespèrent et, demeurant dans leurs péchés, en accroissent le nombre, mais qu’ils fassent pénitence. Que, d’autre part, les chrétiens

demeurés innocenls persévèrent en cet état [afin qu’ils n’aient pas besoin des pleura, des gémissements, et des angoisses de la rémission, Ô^w ; |jl/) Sscovtxi ôS’Svrçç, X’J7r/ ; ç xxl xXa’j8 ; i.wv à^éasoç, Constil. apostol. ]. » II, xii-xiii, 1, p. 48.

Les textes laissent même entrevoir quelques-unes des cérémonies de la pénitence. Le coupable est expulsé de l’Église, il devra ainsi demeurer au dehors, où l’on ira prier sur lui. Puis l’évêque (sans doute après un certain temps) le fait introduire et examine s’il a fait correctement pénitence et s’il est digne d’être reçu dans l’Église ; il lui impose des jours de jeune en proportion de sa faute pendant 2, 3, 5, 7 semaines et le renvoie en lui recommandant de joindre la prière au jeûne, afin de se rendre digne de la rémission de ses péchés. II, xvi.p. 60. Quand le coupable a accompli sa pénitence, il est reçu dans l’Église ; pendant que toute la communauté prie pour lui, on lui impose les mains ; il a dès lors permission de demeurer avec ses frères. II, xviii, 7, p. 66.

L’auteur de la Didascalie insiste vivement sur le soin que l’évêque doit prendre des coupables, commentant avec beaucoup de détail un long passage d’Ézéchiel, xxxiv, 1-31. Sans doute, la miséricorde, chez le pasteur, doit s’accompagner de fermeté, mais, en définitive, c’est la mansuétude qui doit prévaloir et il ne semble pas que l’on ait le droit de refuser le pardon à un pécheur, si coupable soit-il, pourvu que ses dispositions soient convenables. * Celui qui expulse définitivement un pécheur de l’Église, il le tue pour l’éternité, le livre en pâture au feu éternel, sans prendre égard à la miséricorde de Dieu. » II, xxi, 8, p. 80. L’Écriture ne fournit-elle pas l’exemple du pardon accordé à deux fautes très graves, l’idolâtrie de Manassé, II Par., xxxiii, 1-13, l’adultère de la femme accusée devant le Sauveur ? Joa., viii, 1-11. L’insistance que met l’auteur à réagir contre le rigorisme qui se rencontre dans certains milieux laïques montre que la thèse de la miséricorde est encore, semble-t-il, de fraîche date et doit lutter pour s’imposer. C. Schmidt, Sludien zu den Pseudo-Clementinen, p. 279 sq.

13° Les Pseudo-Clémentines, sous leur forme primitive d’Écrit fondamental, sont issues, à l’estimation de Cari Schmidt, d’un milieu qui s’apparente assez étroitement à celui pour lequel a été rédigée la Didascalie syriaque. Mais, contrairement à cette dernière, l’Écrit fondamental ne cherche pas à réagir contre les tendances plus ou moins rigoristes de son entourage. On ne peut tirer de lui que des renseignements assez vagues sur la discipline pénitentielle. Au baptême, qui remet tous les péchés antérieurs, le chrétien reçoit le vestimentum mundum cum quo ei ingrediendum est ad csenam régis. Il doit prendre grand soin de ne pas le souiller, ce qui le ferait exclure comme indigne et réprouvé. Recogn., IV, xxxv, P. G., t. i, col. 1330. Le chapitre qui suit indique quelles sont les fautes qui exposent à cette sentence d’exclusion : Si quis recédât a Paire et condilore omnium Deo, alium recipiens doctorem prseter Christum… et si quis de subslantia divinitatis quæ cuncla prsecellil aliter quam dignum est sential, hœc sunt quæ usque ad mortem baptismi polluunt indumentum. Il s’agit beaucoup moins de l’hérésie que de la rechute (ou de la chute) dans le paganisme ; c’est la faute la plus grave. Ensuite, viennent les fautes d’actions, quæ in actibus polluunt : homicide, adultère, haine, avarice, cupidité. En troisième lieu, les péchés qui souillent le corps et l’âme, manducation des idolothytes, du sang, des viandes étouffées, ou de ce qui a été offert au démon. Ibid., col. 1331. Comparer Hom., VIII, xxiii, P. G., t. ii, col. 240. Malheureusement, notre texte ne dit pas si les fautes signalées excluent soit temporairement, soit définitivement de