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PÉNITENCE. LA PÉRIODE ARCHAÏQUE


aeooç àSbcou… fxv) Ta/suç 7UcrreiJovTeç xaxâ tivoç, (x ?) àTvÔTOfioi èv xplaci, etSÔTEÇ cm Trâvxeç ôçeiXÉTai èa[i.èv àjj.apTÈaç. L’allusion est évidente aux fonctions de juge que remplissent les presbytres. En rapprochant ce texte de ceux de la Didachè et de saint Paul, on entrevoit, nous semble-t-il, quelque chose de la discipline pénitentielle qui commence par exclure les coupables de la communauté.

5. Une charmante anecdote relative à saint Jean, bien qu’elle ne nous soit rapportée que par Clément d’Alexandrie, Quis dives salvetur, 42, P. G., t. ix, col. 649, pourrait être signalée ici, car Clément la donne comme une histoire religieusement transmise et confiée à la mémoire des fidèles. Quoi qu’il en soit de ses rapports avec la réalité, le récit existait depuis quelque temps quand le prêtre alexandrin l’a consigné, et ceci nous fait remonter dès lors jusque dans la période que nous étudions.

Tout le monde connaît cette délicieuse historiette. Lors d’une visite à une Église voisine d’Éphèse, l’apôtre Jean remarque parmi les catéchumènes un beau jeune homme, qu’il confie plus spécialement aux soins de l’évêque du lieu. Le catéchumène baptisé, l’évêque s’en désintéresse quelque peu ; finalement, le protégé de Jean tourne fort mal et devient un chef de brigands. Venue inopinée de l’apôtre dans la ville en question. Il demande à l’évêque des nouvelles du jeune homme. Force est bien à celui-ci de confesser la triste vérité. Et Jean de partir incontinent à la recherche de la brebis perdue. Il la découvre enfin et la ramène au bercail. Quelques expressions sont à noter : le jeune homme « expie autant qu’il le peut ses crimes par ses sanglots ; ses péchés, il les lave dans l’eau de ses larmes comme dans les eaux d’un second baptême ». C’est le premier début, la pénitence personnelle, la rentrée du coupable en lui-même. Et voici maintenant la pénitence canonique, si l’on peut déjà s’exprimer ainsi : ayant ramené son converti à l’Église, Jean « par des prières ardentes et continuelles, par des jeûnes austères qu’il partage tous avec le coupable, combattant le courroux de Dieu et implorant sa miséricorde, rassure cette âme effrayée, la persuade, la console par mille discours tendres et touchants et ne la laisse point qu’il ne l’ait réconciliée avec elle-même, rendue à l’Église, pleine de force et de confiance ».

On voudrait être tout à fait assuré de l’authenticité de l’anecdote. Elle fournirait un exemple tout à fait topique de réconciliation ecclésiastique. La difficulté est de discerner, dans le récit, la part personnelle du narrateur ; et c’est pourquoi il convient de ne pas trop en urger la portée, du moins a-t-elle quelque valeur pour renseigner sur l’état des choses à l’époque de Clément et à Alexandrie.

2° La pénitence dans le « Pasteur » d’Hermas. — Ce livre curieux, rédigé à Rome vers le milieu du iie siècle, roule tout entier autour de la question de la pénitence. Qu’elles soient dictées par l’Église elle-même, dans les Visions, qu’elles soient faites par l’ange de la pénitence dans les Commandements ou les Paraboles, les communications célestes dont Hermas est favorisé n’ont pas d’autre raison que d’amener la communauté romaine, disons mieux, l’Église tout entière (cf. Vis., II, iv, 3 : Clément adressera le livre aux autres villes) à un renouvellement complet par le repentir.

Aussi bien, des souillures nombreuses déparent l’Église. Croissant en nombre, elle n’a pas également grandi en qualité. Hermas n’a pas besoin d’aller loin pour rencontrer le mal ; c’est dans sa propre maison qu’il le trouve : ses enfants, élevés dans la foi chrétienne, ont fort mal tourné. Vis., II, ii, 2, 3. Jusque dans les rangs de ceux qui, étant les chefs de la communauté devraient en être les modèles, il y a des défaillances regrettables. Il est plus que temps que

ces scandales cessent. Peut-être le tableau est-il poussé un peu au noir et les misères morales sont-elles quelque peu exagérées. La parabole du saule laisse l’impression que, malgré le nombre des défaillants, la plus grande partie des fidèles « a conservé le sceau de son baptême ». Ceux qui rapportent verdoyants les rameaux à eux confiés forment la majorité, to Se 7rXsïov l^époç toû Ô^Xou TOiow-aç pâoSo’jç ÈTiéStSouv. Simil., VIII, i, 16. Il n’en reste pas moins qu’une sérieuse rénovation s’impose.

Ne tenons pas compte des fautes légères et de pure fragilité, cf. Simil., VIII, x, 1, 2, pour lesquelles il ne se pose pas de questions. La repentance intérieure, accompagnée du jeûne et des œuvres de miséricorde, a toujours été considérée dans l’Église comme en assurant le pardon. La grosse affaire, c’est le sort réservé à ceux qui ont péché gravement : « apostats et traîtres à l’Église qui ont rougi du Seigneur », ibid., vi, 4, « imposteurs qui introduisent des doctrines étrangères et pervertissent les serviteurs de Dieu », vi, 5, « disputeurs et querelleurs, qui ne peuvent vivre en paix avec les autres », vii, 1, « hommes d’affaires qui vivent à l’écart des fidèles », viii, 1, et se sont prêtés à des compromissions plus ou moins graves, ix, 1, demi-chrétiens, « qui se sont contentés d’embrasser la foi, mais sans tenir compte de la loi dans leur conduite et ont commis les œuvres d’iniquité », x, 3. A lire cette longue description, on a l’impression d’une masse assez considérable de gens vivant plus ou moins en marge de l’Église, qu’ils s’en soient séparés d’eux-mêmes, ou qu’ils en aient été officiellement exclus. Toute cette masse, dont il semble, à première vue, que personne ne s’occupe, est-il possible d’en refaire de vrais chrétiens ? Et, parmi ceux-là mêmes qui vivent extérieurement en accord avec l’Église, des fautes n’existent-elles pas qui doivent leur donner les plus légitimes inquiétudes ? Voir Mand., IV, i, 1-3 ; rapprocher Vis., i, i, 2, 8.

Pour aucun de ces coupables, s’ils se décident à venir à résipiscence, il ne saurait être question de recommencer les rites de l’initiation chrétienne, qui jadis les avaient purifiés de leurs souillures passées. Le baptême in remissionem peccatorum ne se reçoit qu’une fois. Mais n’existe-t-il pas, au moment où écrit Hermas, un succédané de cette première et unique purification ? A lire le Pasteur il ne semblerait pas que ce soit là un point admis de tous. « Seigneur, dit Hermas, s’adressant à l’ange de la pénitence, j’ai entendu dire par certains docteurs qu’il n’y a pas d’autre pénitence que celle que nous avons faite le jour où nous sommes descendus dans l’eau et où nous avons reçu le pardon de nos péchés antérieurs. » Mand., IV, iii, 1 sq. La question est aussi clairement posée que possible et la réponse de l’ange est non moins claire : « Tu as bien entendu, car il en est réellement ainsi, xaXwç rjxouffaç - outo yàp Ego. ^ * au " drait, en effet, que celui qui a reçu la rémission de ses péchés ne péchât plus, mais persévérât dans la pureté. Ainsi l’ange de la pénitence fait siens, dans la théorie, l’enseignement des docteurs en question et la raison qui le justifie. Seulement, la pratique révèle tout aussitôt les difficultés de l’application. A s’en tenir à la lettre de cet enseignement, les chrétiens qui ont fauté après leur baptême n’auraient plus de rémission à attendre. C’est bien dur. Aussi l’ange fait-il entrevoir à Hermas qu’il existe pour ces âmes un espoir de salut : « Mais, continue-t-il, pour répondre à tes minutieuses questions, je vais encore te révéler ceci : toutefois je ne veux fournir par là aucun prétexte à ceux qui, dans l’avenir, passeront au christianisme ou qui viennent tout récemment d’y passer. toïç ^liXXouai. TriuTSueiv 7) toïç vûv 7uaTSÛo-aaiv elç xôv Kûpiov. » Ces deux catégories de personnes « n’ont