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PÉNITENCE. LA PÉRIODE ARCHAÏQUE


schématisme et, par le fait même, dans l’inexactitude. 3° Pour essayer de rendre toute la complexité du réel, l’histoire en question ne doit pas non plus perdre de vue les conditions générales de la vie chrétienne à la période considérée. Nous raisonnons trop, quand nous étudions le passé, d’après les pratiques que nous avons sous les yeux. Dans nos pays de vieille civilisation chrétienne, le baptême des adultes n’est qu’une infime exception, et la pratique du sacrement de pénitence est tout naturellement déterminée par cet état de choses. Nous avons quelque peine à nous représenter des communautés primitives où la très grande masse des baptisés (et ces baptisés ne sont pas la très grande masse des chrétiens) n’a reçu le sacrement de l’initiation qu’à l’âge adulte, parfois très avancé, et, pour les périodes anciennes tout au moins, dans des conditions qui supposent une véritable et profonde conversion. Que si l’on « réalise » la situation morale de ces communautés, de celles-là surtout qui sont petites, tenues bien en main par les autorités, on se rend compte que les nécessités de la pénitence s’y faisaient moins sentir qu’à des époques postérieures. Il y a entre l’admission tardive au baptême et la pratique de la pénitence une corrélation qui n’a pas toujours été suffisamment aperçue, encore que saint Augustin la fasse expressément remarquer. Cf. Confess., t. I, c. xi, 17. L’essentiel n’est donc pas de montrer que, dans l’Église, la fréquentation de la pénitence a toujours été ce que nous la voyons aujourd’hui, mais de faire voir, ce qui est l’évidence, que, dans les divers cas où l’Église agissait en ce sens, elle pensait, comme l’Église d’aujourd’hui, remettre réellement le péché au nom de Dieu.

II. LES TEXTES RELATIFS A LA PÉNITENCE DANS LA

Période archaïque. — L’observation que nous avons faite ci-dessus, concernant les textes du Nouveau Testament, est également à sa place ici. Les allusions, même fugitives, à l’exercice du pouvoir de remettre les péchés commis après le baptême, sont rares, presque toujours contestables. Cela tient en partie, d’ailleurs, au fait que les documents littéraires de cette période sont peu nombreux. Nous grouperons d’abord les différents textes qui ont été allégués, puis nous ferons une place spéciale au Pasteur d’Hermas. 1° Allusions que ion a pensé trouver à la pénitence ecclésiastique. — 1. La Didachè, xiv, 1-2, décrit sommairement la réunion eucharistique du dimanche : lr jour dominical, réunissez-vous, rompez le pain et rendez grâces, après avoir, au préalable, confessé vos transgressions, 7rpoeÇo(xoXoYr / aâu.evoi xà naçxx.-Tt 70j[zaTa ûu, â>v, afin que votre sacrifice soit pur. Quiconque a contestation avec son compagnon, qu’il ne se joigne pas à vous avant réconciliation, afin que votre sacrifice ne soit p ; is souillé. » Il y a évidemment ici application du précepte de saint I’aul sur la « probation qui s’impose avant toute participation au repas sacré, 1 Cor., xi, 28, en même tempsqu’une claire allusion au précepte du Sauveur, Matth., v, 23-24. La pureté de mur est Indispensable à qui veut prendre place à la table du Seigneur, si cette pureté est ternie par quelque discussion entre frères, la réconciliation l’impose. En tout étal de cause, il y a lieu de rentrer pleinement en grâce avec Dieu par la confession des fautes. Rien n’indique qu’il s agisse ici de confession détaillée, effet tuée prlvément par chacun de ceux qui

miraient coupables, Ce sont tous les mernbri la co mm u n a u té qui. tons ensemble, se reconnaissent pécheurs devant Dieu Encore moins est-il question d’un rite de pardon La récitation de notre Conflieor, au débul de la messe., , , , ( avant la communion, t, en m mme, < i qui < DiTetpondrail le mieux la pratique h i d< i rite

l’ne confession de même genre, mais celle <i Indivl

duelle, est mentionnée iv. 14 : ’Ev ixxlr^’icç ÈÇotzoXoyr, crji xà 7rapa7VTa>u.aTâ aou xai où TrpoæXeôa’fl È7ti 7tpoæuxV aClU ^ v wuveiSrjæi TCovrjpâ : « Dans l’assemblée, tu confesseras tes péchés et tu n’iras pas à la prière avec une mauvaise conscience. » La reconnaissance de la culpabilité, reconnaissance qui peut être générale, est la condition préalable de la prière. Aujourd’hui encore, en bien des communautés, on récite le Conftteor avant l’oraison.

Peut-être y a-t-il une allusion plus certaine à la pénitence canonique dans xv, 3. Après avoir parlé de l’élection des évêques et des diacres, et du respect qui est dû à ces dignitaires, l’auteur continue : Reprenez-vous les uns les autres, non aveccolère, mais pacifiquement, comme vous le trouvez marqué dans l’Évangile ; et si un homme offense son prochain, que personne ne converse avec lui, qu’il n’entende mot de personne avant qu’il ait fait pénitence. » Sans doute, les paroles ne s’adressent pas spécialement aux chefs de la communauté ; mais, venant après les prescriptions relatives à ceux-ci, elles veulent, semble-t-il, attirer l’attention sur un de leurs devoirs : la réprimande des délinquants et les sanctions à prendre contre les récalcitrants. Cela rappelle assez ce que dit saint Paul. 1 Cor., v, 9-13 ; cf. ci-dessus, col. 753. La mise en quarantaine du coupable est, à l’époque suivante, le premier acte de la pénitence canonique ; nous en aurions peut-être ici un premier exemple.

2. On sait le but que vise la i a démentis : faire rentrer en eux-mêmes les révoltés de Corinthe, les amener à reconnaître leur faute d’insubordination. Le débul du c. lvii passe à l’application pratique : « Vous donc qui avez causé le principe de la discorde, soumettez-vous aux presbytres, soumettez-vous finalement à la pénitence, TCaiSeùGrjxe eÎç o-exâvotav, fléchissez les genoux de vos cœurs. Apprenez à obéir, déposez votre superbe et orgueilleuse arrogance de langage, etc. ». Quoi qu’on en ait dit, il est difficile de voir ici une allusion à la pénitence canonique. Les révoltés doivent abandonner leur précédente attitude à l’égard des presbytres qu’ils avaient malmenés. Le recours à une pratique sacramentelle pour rentrer par le fait en grâce avec Dieu n’est pas exclu, sans aucun doute ; il n’est pas indiqué non plus. Texte à ne pas retenir.

3. Autant faut-il en dire d’un texte de saint Ignace qui a sensiblement le même sens. Lors de son passage à Philadelphie, Ignace a pu constater, sinon des divisions très accusées, du moins des germes de discussions. Philad., ii, 1, 2. Déjà, durant son séjour, il a cric très haut : « Tenez-vous étroitement unis à votre évêque, au presbytérium, aux diacres. vii, 1. A distance, il fait de nouveau appel à ceux qui seraient tentés de se révolter : « Où il y a division et colère, écrit-il, Dieu n’habite pas. Cependant, à tous ceux qui se repentent, le Seigneur pardonne, pourvu que ce repentir ramène les rebelles à l’union avec Dieu et à la communion .avec l’évêque, èàv u.ETavor, aoaiv Etç evôtïjtcc. 0eoù xal auveSpiov toû inicmônou. » viii, 1. C’est pour n’avoir pas fait état du contexte et pour avoir traduit comme si on lisait èv tû auveSpUo toû £7uo"xôttoo, que l’on a donné à ce texte un sens général qui semblerait impliquer que : « A tout pénitent, le Seigneur pardonne, s’il fait pénitence en présence de l’évêque et de son conseil. » C’est forcer le sens du texte.

4. Parmi les devoirs sur lesquels saint Polycarpe attire l’attention clés presbytres de Philippes, Philtpp., vi. i. est mentionné le soin qu’ils doivent avoir de 1

redresser les erreurs et les faute, èTUCTTpsçovTEÇ t «  inoncnXa.yjT l y.é)r : mais qu’ils le fassent sans colère, é i t ; mi la partialité, les jugements injustes…, ne croyant

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jugements, car nous avons tous contracté la dette du péché : yr : zP)LCM’A r.itrrc opyTJç. Trpooo-oXr^laç, xpt-