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PÉNITENCE. LE NOUVEAU TESTAMENT


vement bien connue à partir du xie siècle, elle l’est beaucoup moins pour les périodes précédentes, tant en ce qui concerne la discipline pénitentielle qu’en ce qui regarde les doctrines théoriques. Il y a donc intérêt à morceler cette histoire. I. La pénitence durant les sept premiers siècles ; l’organisation pénitentielle lentement ébauchée nous apparaît surtout comme une pénitencepublique. — II. La pénitence entre le viie siècle et le IVe concile du Latran ; la pénitence publique disparaît lentement (sauf des cas exceptionnels) pour faire place à la pénitence secrète, dont les conditions se rapprochent de plus en plus de ce qu’elles sont aujourd’hui (col. 845). — III. Du IVe concile du Latran à la réforme protestante (col. 948). — IV. De la Réforme à nos jours (col. 1050). — V. Doctrine de l’Église grecque sur le sacrement de pénitence (col. 1127).

I. LA PÉNITENCE PRIMITIVE.

La pratique primitive se fondait essentiellement sur les promesses et les affirmations contenues dans le Nouveau Testament ; trouvait-elle, dans ce même livre, des exemples qui pussent la guider ? C’est la première question qu’il faut d’abord régler. Après quoi il conviendra d’étudier les phases successives par lesquelles est passée l’organisation pénitentielle. — I. La pénitence dans le Nouveau Testament. IL La période archaïque (col. 756). III. L’organisation pénitentielle au nie siècle (col. 764). IV. La paix de l’Église et l’épanouissement de la discipline pénitentielle (col. 789). V. Le déclin de l’organisation pénitentielle primitive (col. 813).

I. La pénitence dans le Nouveau Testament. — Il y a lieu d’établir d’abord que l’on trouve dans l’Évangile des indications relatives à la collation par Notrc-Seigncur à son Église d’un pouvoir sur le péché. Il faut rechercher ensuite si l’on voit les apôtres faire usage de ce pouvoir.

I. COLLATION PAR JÉSUS, A SON ÉGLISE, D’UN POU-VOIR sur LE péché. — L’Évangile, on l’a dit ci-dessus, col. 727 sq., est rempli des appels au repentir. Or, bien différent en ceci des prophètes anciens, bien différent même de Jean-Baptiste, Notre-Seigneur se donne expressément, à plusieurs endroits, comme le divin intermédiaire entre l’âme coupable et le Dieu qu’elle a oflensé. Car, se repentir, c’est une chose, mais acquérir l’espoir. que ce repentir a obtenu le pardon divin. c’en est une autre. Quand le -Maître invite « ceux qui sont fatigués et ploient sous le fardeau à venir ; h lui, pour recevoir soulagement », Matth., xi, 28, pense-t-il seulement aux misères et aux accablements qui remplissent toute vie, ou n’est-ce pas encore au fardeau si lourd que le péché constitue pour les coupables ? C’est seulement quand ce fardeau aura été enlevé que ceux-ci « troUVeronl le repos de leurs âmes », ꝟ. 29.

1° Le pouvoir de remettre les péchés a été concérfi à Jésus. En fait, l’invitation du Sauveur est entendue. Des pécheurs viennent à lui en grand nombre ; non seulement le Maître ne les repousse pas ; tranchant par là sur l’attitude superbe des pharisiens et des scribes, il les accueille avec bonté ; il reconnaît dans leur démarche un premier geste de repentir, le début d’une vie nouvelle. L’histoire de Zachée, Luc., xix,

1 10, nous représente au vif et l’humble confession

d’un pécheur et la condescendance miséricordieuse du Maître ; « le salut entre, avec Jésus, dans la maison « du cbel des puhlicalns ; le Fils de l’homme vient, à la lettre, chercher ei sauver ce qui était perdu. « -Aussi remarquable l’attitude du Sauveur à l’égard de la femme adultère Personni net a condamnée, femme ? Pi rsonne Je ne te condamne pas non pins.. ne pè< lu plus.. joa., viii. 10 il. El. si l’assurante du pardon divin n’est paa Ici de tout points explicite, elle se trouve p ; ir contre dans les paroles adressées à la pécheresse dont il c question dans Luc, mi. Si « Jésus dit à la femme : « Tes péchés te sont pardonnés. » Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est celui-ci qui remet même les péchés ? » Mais Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée, va en paix. » ꝟ. 48-50. — Beaucoup plus instructive encore la narration du paralytique de Capharnaum. Matth., ix, 1-8 ; Marc, ii, 1-12 ; Luc, v, 18-26. Au malheureux qui est venu lui demander la santé de son corps, Jésus commence par donner la santé de l’âme : « Mon fils, tes péchés sont remis. » Et, ses paroles ayant scandalisé les scribes qui sont présents. Jésus est amené à s’expliquer de la manière la plus nette sur le pouvoir qu’il possède relativement au péché. Le texte de Marc a, comme d’ordinaire, une saveur toute primitive : « Comment (disent les scribes) celui-ci parle-t-il ainsi ! II blasphème 1 Qui peut remettre les péchés, si ce n’est Dieu seul ? » Et aussitôt Jésus, pénétrant dans son esprit qu’ils raisonnaient en eux-mêmes de la sorte leur dit : « Pourquoi entretenez-vous ces raisonnements dans vos cœurs ? Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique : « Tes péchés sont remis », ou de dire : « Lève-toi et prends ton grabat et marche ? » Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité pour remettre les péchés sur la terre, — il s’adresse au paralytique — : Je te le dis : lèvetoi ! prends ton grabat et retire-toi dans ta maison ! » A quoi il suffit d’ajouter que les paroles du Christ : « Tes péchés te sont remis » ne sont pas seulement paroles d’exhortation et d’encouragement ; elles ne signifient pas : « Mon fils, aie confiance en la miséricorde divine et dans l’effet de ton repentir. Dieu, qui est bon, peut te pardonner tes péchés. » Elles prétendent bien opérer ce qu’elles disent, apurant de manière définitive le compte de l’âme pécheresse avec Dieu. C’est bien ainsi que les témoins de la scène les entendent, et Jésus abonde dans leur sens : « le Fils de l’homme a autorité pour remettre les péchés sur la terre ».

II est impossible que des scènes de ce genre n’aient pas frappé l’attention des apôtres qui en furent les témoins ; elles les préparaient à pénétrer le sens plein di certaines paroles relatives à la rémission des péchés que le Maître leur adressa.

2° Le pouvoir concédé à Jésus passe aux apôtres. L’impression que laisse l’ensemble de l’Évangile, c’est que l’activité de Jésus n’est que le début d’une économie de salut toute nouvelle, encore que préparée de longue main. La prédication du Sauveur, son action sur les âmes ne sont pas limitées par l’espace et le temps. Le message divin qu’il apporte s’adresse à tous les nommes de bonne volonté et les apôtres ont du se rendre compte, d’assez bonne heure, du rôle qui leur étail échu dans la diffusion de ce message. Le Maître disparu, ils auraient à remplir sur la terre des fonctions analogues à celles qu’il avait lui-même exercées.

Comme lui, ils devraient inviter les âmes au repentir, indispensable, condition pour entrer dans le royaume : comme lui, ils devraient accueillir ceux que toucherait leur prédication. Les gestes qu’ils feraient alors, les paroles qu’ils prononceraient auraient-ils l’efficacité BOUVeraine des paroles et des gestes du Maître ?

1. Avant la résurrection. entendre certaines

paroles du Sauveur alors qu’il étail parmi eux, les apôtres pouvaient en avoir une première et encore vague intuition. Les deux textes relatifs au pouvoir promis à saint Lierre d’abord, Matth., xvi, 18-20. aux apûlres réunis ensuite, Mat th.. xviii, 15-18, <mt été étudiés à l’art. ABSOLUTION, t. i. col. 138. On notera

n i. tout au moins, que l’idée de ce pouvoir, dont l’objet

reste encore assez vague, est mise en corrélation, les

deux rois, avec l’idée d’Église. C’est en somme l’Église,

Considérée SOli dans Lierre, son chef, SOji dans les

apôtres, qui Jouira, par rapport à l’introduction dans le