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PAULICIENS

PAULIN D’AQUILEE

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Lors de l’invasion turque, beaucoup de pauliciens de Philippopoli et des environs passèrent à l’Islam, mais un certain nombre restèrent fidèles à leurs doctrines et vécurent farouchement séparés des musulmans qui les maltraitaient et des « orthodoxes » qui les méprisaient. Ce furent des missionnaires latins qui les amenèrent au christianisme. Dès 1600, les franciscains de Bosnie travaillèrent à leur conversion. En 1605, Paul V rétablit le siège de Sardique (Sofia) ; en 1644, Innocent X l’érigea en métropole et lui donna comme sufîragants l’archevêché restauré de Marcianopolis et l’évêché de Nicopolis ad Istrum. A plusieurs reprises, ils eurent de terribles souffrances à endurer à cause de leurs sympathies pour les Impériaux, alors en guerre contre les Turcs. En 1688 et 1724, des milliers d’entre eux, qui habitaient près du Danube, émigrèrent en Valachie et dans le Banat de Temesvar. Les évêchés disparurent et la population catholique n’eut pas de prêtres pendant plus de soixante ans. En 1753, arrivèrent les missionnaires baptistins, qui durent s’en aller au bout de dix ans à cause des persécutions incessantes des Turcs. Les passionistes s’établirent en 1782, mais ils ne purent vraiment travailler au salut des âmes qu’à partir de 1806. Les rédemptoristes arrivèrent ensuite en 1830, et durent quitter le pays en 1841. La peste, qui sévit en 1812, 1826 et 1829, avait beaucoup diminué la population catholique, presque toujours persécutée par les Turcs. Elle n’eut un peu de liberté qu’à partir de 1848. Les capucins remplacèrent les rédemptoristes en 1841. Un des leurs, le P. André Canova, devint premier vicaire apostolique de Sofia en 1848.

De nos jours encore le nom de pauliciens (pavlikian) est resté aux descendants des anciens hérétiques devenus catholiques. On a cru retrouver chez eux des traces certaines de leur origine arménienne, mais les ethnologues pensent qu’à part quelques exceptions ils ne se distinguent pas des autres Bulgares. Cela est dû sans doute aux mariages avec les habitants du pays. Ils sont divisés en deux groupes. Celui du Sud comprend Philippopoli et les villages environnants, c’est-à-dire la région même qu’occupaient leurs ancêtres. Dans le Nord, on les rencontre dans la région de Svichtov, près du Danube. Ceux qui n’ont jamais quitté leur pays occupent quatre villages importants. Quant à ceux dont les pères avaient jadis émigré dans le Banat de Temesvar ou en Valachie, ils en forment cinq autres. On peut évaluer le nombre des catholiques bulgares descendants des pauliciens à une vingtaine de mille. L. Miletitch, Nachtié pavlikiani (Nos pauliciens), Sofia, 1903 ; E. Fcrmendziu, Acta Bulgariæ ccclesiastica ab an. 1865 ad an. 1799, dans les Monumenta spectanlia ad historiam Skworum meridionalium, t. xviii, Zagreb, 1887.

I. Sources.

Grecques.

Clironicon de Georges le

Moine, éd. de Boor, Leipzig, 1904, p. 718-720, <<n Cod. scorlal. , 1’> 7, fol. 164 v° sq., édité par.J. Friedrich dans Sitzungsberichle der Munchener Akademie, 1896, p. 70-81 ; Photius, Contra manichœos, P. G., t. en, col. 16-264 ; Pierre de Sicile. Hisloria manichmorum qui pauliciani dicuntur, éd. Hader, Ingolstadt, 1604, éd. Gieseler, Gœttingue, 1846, éd. A. Mai, Xtiini Patrum bibllotheca, t. iv, : i f part., Rome, 1847, reproduite dans />. g., t. civ, col. 1240-1349 ; Pierre llfigouméne, Dr pauliciani* et manichœis, éd. Gieseler, Gœttingue, 1849 ; Euthyme Zigahène, Panoplia dogmatica, P. G., I.’xx, col. 1189-1244. 2° Arméniennes. — Joannis

ruts Opéra, éd. Aucher, Venise, 1834 ; Grégoire de N’arck, Grégoire Magistros, Arislarkés de I.asliverl, dans Ter-Mkrttschian, Dir Paiillklaner im byzanlinischen Kniser-Ttlche, p. 130 sq. ; La clé de la vérité, éd. l’r. Conyfoeare, Oxford, 1898.

II. Travaux.

Kerkcr, Pauliciens, dans le Dictionnaire encyclopédique de lu théologie catholique de Goscbler, 3’éd., t. xvil, Paris, 1870, p. 354-360 ; Bonwetch, Pauliclaner,

Prof. Uenlencylilopddie, l. xv, 1904, p. 19’. ;  ;. Lom bard, Pauliciens, Bulgares et Bons-Hommes en Orient et en Occident, Genève, 1879 ; I. von Dôllinger, Beitràge zur Seklengeschichte des Miltelalters. I. Geschichte der gnostischmanichaxischen Sekten imfrùheren Mittelalter, Munich, 1890, p. 1-31 ; Karapet Ter-Mkrttschian, Die Paulikianer im byzanlinischen Kaiserreiche und verwandle ketzerische Erscheinungen im Arménien, Leipzig, 1893 ; J. Friedrich, Der urspriingliche bei Georgios Monachos nur teilweise erhaltene Berichl iiber die Paulikianer, dans Sitzungsberichte der Munchener Akademie, 1896, p. 67-111 ; Fr. Conybeare, The key of the Iruth, Oxford, 1898.

Sur les pauliciens de Bulgarie. — E. Fermendziu, Acta Bulgariæ ecclesiasliea ab anno 1565 ad annum 1799, dans Monumenta speciantia ad historiam Slavorum meridionalium, t. xviii, Zagreb, 1887 ; D. E. Takela, Les anciens pauliciens et les modernes Bulgares catlioliques de la Philippopolitaine, en bulgare, dans le Sbornik du Ministère de l’Instruction publique de Sofia, t. xi, 1894, p. 103-131, en français dans le Muséon, t. xvi, 1897, p. 68-90, 113-129, 209-223 ; L. Miletitch, Nachtié pavlikian (Nos pauliciens), Sofia, 1903 ; J. Bogève, L’évêché de Nicopolis en Bulgarie, dans Échos d’Orient, t. xvii, 1916, p. 160-164. Voir aussi l’article Bulgarie, t. ii, col. 1232.

R. Janin.

    1. PAULIN D’AQUILEE##


1. PAULIN D’AQUILEE, ainsi nommé du

titre patriarcal qu’ilposséda entre 787 et 802. — Né vers 730, vraisemblablement dans le Frioul (bien que certains auteurs le disent Austrasien), Paulin fut l’un des meilleurs ouvriers de la Renaissance carolingienne et l’un des prélats les plus actifs de son temps. Son nom est inséparable de celui d’Alcuin, qui contribua pour une large part à étendre son rôle et lui exprima fréquemment son amitié et son estime dans des lettres et des poèmes que nous possédons. Charlemagne le choisit comme missus et ne lui ménagea pas les preuves de sa confiance. Le 27 juin 776, après sa victoire sur les Lombards, il lui octroya les propriétés de Waldand, qui s’était rangé contre les Francs aux côtés de Rothgand, duc de Frioul, et avait péri dans la lutte. En 777, selon toutes probabilités, Paulin vivait à la cour franque, où il avait pris le pseudonyme de Timothée et où il exerçait les fonctions de maître de grammaire. En 787 (et non en 776, date indiquée par le moine de Saint-Gall), Paulin devint patriarche d’Aquilée. (Sur ce patriarcat, voir t. xi, col. 2294.) Il gouverna avec fermeté et sagesse, tout en participant activement aux affaires générales et aux discussions théologiques de l’époque, en particulier à celles concernant l’addition du Filioque au Symbole et l’adoptianisme espagnol (voir les articles Filioque et Adoptiamsme). Il siégea au concile d’Aix-la-Chapelle de 789, si important pour la réforme de l’Église et de l’État ; au concile de Ratisbonne de 792, où furent condamnés les adoptianistes espagnols, et à la suite duquel il obtint un diplôme garantissant la libellé d’élection du patriarche d’Aquilée ; au concile de Francfort de 791, où il rédigea, au nom des évèqucs italiens, une condamnation des erreurs d’Élipand de Tolède et de Félix d’Urgel connue sous le nom de Sacrosyllabus ; au concile d’Aix de 801 (ou 802), qui s’occupa spécialement de la réforme des clercs et où il se trouvait, dit-on, en qualité de légal. C’est à ce dernier concile que fut généralisée la disposition garantissant la liberté des élections épis< opales qui avait été obtenue à Ratisbonne pour Aquilée.seulement. Dans son patriarcat même, à CividaledeFrioul, Paulin convoqua et présidai en 796 ou 797 (et non pas <n 791, date adoptée par Baronlus et les historiens postérieurs), un synode provincial (ris important L’addition du Ftltoque au Symbole y fut justifiée et île ; <m y condamna une fois de plus l’adoptianisme espagnol ; en outre, on y porta des canons juti ressaut la discipline et la morale. Au point de vin canonique, comme dans les autres domaines de son activité, le patriarche d’Aquilée savait prendre des initiatives, de sorte que son administration pouvait être citée comme modèle à imiter D’autre part, il