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PELLICANUS [CONRAD) — PELLISSON-FONTANIER


sentit enflammé du désir d’apprendre cette langue à fond pour éviter un cas semblable. Ce désir s’accrut encore lors de l’étude des saintes Écritures. Le moyen de le réaliser lui fui donné pendant un des voyages, dans lesquels il eut l’honneur d’accompagner son professeur, Paul Scriploris.et où il fit la connaissance de son confrère Paul Pfedcrsheimer (Jean Pauli). Lui ayant manifesté son ardent désir d’étudier l’hébreu, il en obtint un manuscrit hébraïque qui contenait le texte des douze petits prophètes, d’Isaïe et d’Ézéchiel. De Summenhart il reçut le Stella Messiæ publié en 1477 par le dominicain Pierre Schwarz ou Pierre Nigri. Armé de ces deux seuls livres, il entama l’étude de l’hébreu, aidé toutefois parle professeur Reuchlin. lin 1500, il acquit une Bible hébraïque, imprimée à Pesaro en 1494 et deux fragments d’une grammaire hébraïque. Voyant les progrès rapides de Pellicanus dans cette langue, Reuchlin l’invita à le seconder dans la composition de son dictionnaire hébraïque. En 1501, il termina sa grammaire hébraïque : De modo legendi el intelligendi hebrœum. De l’avis de plusieurs auteurs ce fut la première grammaire hébraïque, composée par un catholique et certainement la toute première qui fut rédigée en allemand. Elle ne fut publiée cependant qu’en 1504, à Strasbourg, a la suite de la Margarila philosophica de Grégoire Reisch, éditée par J. Grûninger. Elle fut rééditée à Strasbourg en 1508 et 1515 avec le titre : Instilutio hebraica. Nestlé en a donné une nouvelle édition en 1877, à Tubingue.

En 1501, Pellicanus fut ordonné prêtre et envoyé à Rouffach. En 1502, ses supérieurs lui confièrent la charge de lecteur en théologie au couvent de Bàle, où l’éditeur Amerbach obtint sa collaboration pour l’édition des œuvres de saint Augustin. Il s’y perfectionna encore dans l’hébreu, en prenant des leçons du juif Matthieu Adrianus, converti au christianisme. Sur les instances de l’évêque de Bàle, il composa une somme de la doctrine chrétienne : Inbegriff der christlichen Lehre, qui contenait déjà plusieurs erreurs, que le clergé critiqua et attaqua. En 1508, il devint lecteur à Rouffach et, en 1511, gardien à Pforzheim, où il reçut la visite de Wolfgang Capiton, auquel il avait manifesté des doutes au sujet de la transsubstantiation. En 1514, il fut désigné comme secrétaire provincial et, en cette qualité, il accompagna le provincial Gaspar Schatzgeyer à Rome pour le chapitre général. En 1517, il devint gardien à Rouffach, puis, en 1519, à Bàle. Il imposa alors aux religieux la lecture des ouvrages de Luther et permit d’accepter la Réforme. En 1523, il fut destitué de son gardianat. Mais le conseil de la ville de Bàle le nomma, la même année, avec Œcolampade, professeur de théologie à l’université. Dans une dispute en 1524, il se prononça en faveur du mariage du clergé. Sur la demande de Zwingle, il devint, au début de 1526, professeur de langue hébraïque à l’université de Zurich. En mars de la même année, il quitta l’habit religieux et, en août, il se maria. Il se remaria en 1537, après la mort de sa première femme. Il assista, en 1528, à la dispute de Berne et, en 1536, il prit une part active à la rédaction de la première « confession helvétique ». Il mourut à Zurich le 6 avril 1556.

Outre les ouvrages déjà cités, Pellicanus composa plusieurs commentaires sur la sainte Écriture, dont un grand nombre inédits, conservés à la bibliothèque de Zurich. Les principaux sont : Scrutinium scripturarum, Tubingue, 1522 et 1527, et Commentaria bibliorum en 7 vol. in-fol., Zurich, 1532-1539. Il composa aussi une autobiographie, intitulée : Chronicon, publiée par B. Riggenbach, Bàle, 1877 et, ensuite, par Th. Vulpinus (Renaud), à Strasbourg, 1892, sous le titre : Konrad Pellikans von Rufach Hauschronik.

J.-II. Sbaralea, Supplenientum ei ctutigatio ad scriplores triiim ordinum S. Francisci, t. i, 2’- éd., ». 213 ; L. Lavater, Connaît PelliccUli intn, Zurich, 1Ô82 ; Ileluelisches I.exikon, t. xiv, Zurich, 1738, p. 423 ; Zûricher Taschenbuch, Zurich, 1838, p. 137 ; Hottlnger, Ailes und Neues ans der gelehrlen Weli, t. i, Zurich, 1717, p. 52 ; Encgklopàdie von Ersch unit Gruber, sec t. iii, t. xv, Leipzig, 18)1, p. 220-237 (ces deux derniers ouvrages donnent un aperçu détaillé sur la production littéraire de Pellicanus) ; l’. Reuss, Konrad Pellicanus, dans Schrijlen des prof, liber. Vereins in Elsass-Lolhringen, t. xxxviii, Strasbourg, 1892 ; E. Silberstein, Conrad Pellikanus. Lin Beitrag zur Geschichte des Sludiums der hebr. Sprache in der erslen llàlfle des XVI. Jahrhunderls, Berlin, 1900 ; N. Paulus, Kaspar Scliatzgeger, ein Vorkampfer der kathol. Lehre gegen Luther in Sùddeutschland, dans Strassburger llieol. Studien, t. iii, 1898, fasc. 1 ; Kirehenlexikon, t. ix, col. 1771-1772 ; Prof. Realencyklopadie, t. xv, p. 108111 ; FI. I.andmann, Zum Prediqlwesen der Strassburger Franzisk<inerprnvinz in der lelzlen Zeil des M itte lai ters, dans Franzisk. Studien, t. xv, 1928, p. 335-339.

Am. Teetært.

PELLISSON FONTANIER Paul (1624 1693), naquit à Castres (et non point à Béziers, comme le disent beaucoup de biographes), le 30 octobre 1624, de JeanJacques Pellisson, conseiller en la Chambre de l’État de Castres ; il fit des études de philosophie et de droit et devint secrétaire du roi en 1652. Très attaché à Fouquet, auquel il resta fidèle dans sa disgrâce, il fut enfermé à la Bastille, le 3 septembre 1661. Bemis en liberté en 1666, il revint en faveur auprès de Louis XIV. Le 8 octobre 1670, il abjura le protestantisme et travailla activement à la conversion des protestants, lorsque le roi lui confia l’administration de la caisse des économats ; il organisa des bureaux de prosélytisme et encouragea, par des indemnités pécuniaires, des conversions, qui ne furent peut-être pas toujours sincères. Il mourut à Paris, le 7 février 1693.

Pellisson a écrit la célèbre Histoire de l’Académie française jusqu’en 1652, in-8°, Paris, 1653, continuée par l’abbé d’Olivet ; l’abbé Lemascrier publia, en 1749, une Histoire de Louis XIV, 3 vol., in-12, Paris, 1749, où Pellisson raconte les campagnes du roi depuis la paix des Pyrénées jusqu’en 1672. Les écrits les plus intéressants pour nous sont les suivants : Courtes prières pendant la sainte messe, in-12, Paris, 1677. ouvrage qui eut un très grand succès. Réflexions sur les différends de la religion, avec les preuves de la tradition ecclésiastique, par diverses traductions des saints Pères sur chaque point contesté, 4 vol. in-12, Paris, 1686. Une seconde édition est augmentée d’une partie intitulée : Réponse aux objections d’Angleterre et de Hollande, ou de l’autorité du grand nombre dans la religion chrétienne ; traité qui peut tenir lieu de celui de l’Église, in-12, Paris, 1687. Les autres volumes étudient Les chimères de M. Jurieu. Réponse générale à ses lettres pastorales de la seconde année contre le « Livre des réflexions », et Examen abrégé de ses prophéties, in-12, Paris, 1689 ; De la tolérance des religions ; Lettres de M. Leibnit : et réponses de M. Pellisson, in-12, Paris, 1692. Tous ces écrits sont solidement construits et expriment des idées très nettes ; on en trouve l’analyse et l’éloge dans les Nouvelles de la république des lettres de juillet 1686, article 1, p. 743753, et dans le Journal des savants du 29 avril 1686, p. 160-163 de l’édition in-12, et du 12 avril 1688, p. 540-543. Ils ont été réimprimés en Hollande (Journal de Leipzig de novembre 1689, p. 564 et Supplément, t. i, p. 609). Traité de l’eucharistie, in-12. Paris, 1694, ouvrage posthume, ainsi que les deux suivants, qui ne furent publiés qu’en 1734 : Prières au saint sacrement de l’autel, pour chaque semaine de l’année, avec des méditations sur divers psaumes, in-8°, Paris, 1734, et Prières sur les épîtres et les évangiles de l’année, in-8°, Paris, 1734. On a imprimé les Œuvres