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PELAGIANISME. EN ORIENT


traires s’accorder entre eux. » Schwartz, ibid., p. Il = Coll. Veron, n. 2.

Cette lettre pontificale est celle qui, signée à Rome le Il août 430, contenait en même temps la sommation adressée à Nestorius de se rallier sur la question christologique a la foi des Églises de Rome et d’Alexandrie. Cf. art. Nestorius, col. 101 sq. Elle arriva dans la capitale le 30 novembre suivant. Dès ce moment, la question christologique effaçait toutes les autres.

Intervention antérieure de Mercator.

D’ailleurs,

la question du sort de Julien et de ses compagnons avait perdu à Constantinople beaucoup de son actualité. Il y avait un an déjà que Julien et ses amis d’abord, puis Célestius avaient été expulsés de la capitale. C’est à Marius Mercator que ce résultat serait dû en bonne partie. Sur le personnage, voir l’article Marius Mercator. Dans le courant de 429, il rédigea contre les pélagiens un acte d’accusation en règle, c’est la pièce qui a pris place dans la Collectio Palatina sous le titre : Commonitorium quod super nomine Cseleslii greeco sermone a Mercalore datum est. La petite préface de ce document indique qu’il a été adressé à l’Église de Constantinople et à plusieurs personnages très religieux, et offert aussi au très pieux empereur Théodose ; qu’il a été traduit du grec en latin par ce même Marius Mercator, serviteur du Christ, sous le consulat de Florentius et Denys (429) ; que cette pièce ayant fait connaître une erreur très funeste, par décret impérial, Julien, son défenseur et fauteur avec ses autres adhérents, et, plus tard, Célestius avaient été chassés de la ville, en attendant qu’ils fussent condamnés par le concile d’Éphèse. Texte de l’éd. Garnier, dans P. L., t. xlviii, col. 63-108 ; et mieux dans Schwartz, op. cit., vol. v, p. 65-70. Ce court travail énumère successivement les condamnations qui ont frappé la doctrine pélagienne : concile de Carthage de 411 ; action d’Atticus de Constantinople ; procès à Rome sous le pape Zosime ; Tractoria de ce même pape ; lettres d’Innocent I er aux conciles de Carthage et de Milève (on voit que Marius ne respecte pas l’ordre chronologique) ; lettre de Théodote, évêque d’Antioche, et de Praïle, évêque de Jérusalem. La pièce se termine sur une sommation, adressée à Julien, de condamner Pelage et Célestius et d’imiter les nombreux personnages qui, après s’être laissé séduire par de telles erreurs, ont fait leur soumission au Siège apostolique et ont été jugés dignes de miséricorde.

Nous n’avons, sur l’action impériale qui aurait suivi, aucun autre renseignement que celui de Mercator. On a remarqué que celui-ci met une certaine séparation dans le temps entre la sentence qui frappe Julien et ses compagnons et celle qui atteignit Célestius. Est-ce dans cette intervalle que se situerait une lettre de Nestorius à Célestius qui est donnée par la Palatina immédiatement avant le Commonitorium, Schwartz, ibid., p. 65 ; cf. éd. Garnier, P. L., t. xlviii, col. 181184 ? C’est possible, bien que non démontré. Si nous entendons bien le texte, l’archevêque veut consoler Célestius des persécutions qui, pour lui, semblent imminentes. Elles tiennent, ces persécutions, à ce que l’on a confondu Célestius avec le groupe de Julien. Ce n’est pas une raison pour ne pas rester fidèle à ses convictions (antimanichéennes). Il est question, à la lin, d’un concile dont Nestorius a fait parvenir les délibérations aux évêques d’Occident et d’Alexandrie. Ce pourrait être ce synode permanent dont il a été question ci-dessus et où le prêtre Philippe aurait dû être accusé de manichéisme par Célestius.

4° Le pélagianisme au concile d’Éphèse (431). — On sait combien il est difficile de tirer des textes actuellement existant une représentation exacte de ce qui est passé à Éphèse. Voir art. Nestorius, col. 86 sq.

Ceci est particulièrement vrai de ce qui concerne la question pélagienne. Il ne nous reste aucun acte authentique de délibérations relatives à celle-ci. Si l’on veut sérier dans l’ordre chronologique les quelques renseignements que l’on possède, on arrive au résultat suivant :

Le 22 juin, en l’absence des Orientaux, Nestorius a été condamné ; le 20 juin, Jean d’Antioche, arrivé avec les siens, excommunie à son tour saint Cyrille et Memnon, et forme un concile rival. De ces événements, chacun des conciles donne connaissance à la cour. Or, chose intéressante à remarquer, chaque parti accuse l’autre de compter dans son sein des partisans de Pelage et de Célestius. « Les évêques qui sont restés avec Jean, dit le concile cyrillien, dans une missive du 1 er juillet, sont peu nombreux, et plusieurs se révèlent comme des pélagiens. » Conc. Ephes., vol. i, pars 3, p. 12 ; cf. Mansi, t. iv, col. 1425. Même idée dans une lettre adressée au clergé de Constantinople : « les évêques de Jean sont des partisans de Nestorius et de Célestius ». Et la lettre ajoutait : « Si quelqu’un pense comme Nestorius ou Célestius, il est condamné par le concile. » Ibid., p. 27. Accusation correspondante des « Orientaux » dans une lettre adressée à Rufus de Thessalonique : « Les cyrilliens ont reçu dans leurs rangs des gens accusés d’hérésie et qui ont les opinions de Célestius et de Pelage (ce sont des euchites et des « enthousiastes » ). » Ibid., p. 42 ; Mansi, col. 1416.

Les légats romains arrivent à la mi-juillet. On a un procès-verbal très sommaire de la séance qui fut tenue en leur présence le 17 juillet et où saint Cyrille fit l’historique de ce qui s’était passé tout spécialement depuis l’arrivée à Éphèse de Jean d’Antioche. Visiblement, il est exaspéré par les accusations d’hétérodoxie portées contre lui par les Orientaux. « Pour nous, dit-il, nous n’avons jamais suivi d’opinions hétérodoxes ; nous anathématisons Apollinaire, Arius, Eunomius et Macédonius, Sahellius, Photin, Paul (de Samosate) et les manichéens et toutes les autres hérésies et, en outre, l’inventeur des nouveaux blasphèmes, Nestorius, et ceux qui pensent comme lui et ceux aussi qui partagent les idées de Célestius et de Pelage. > Ibid., p. 22 : Mansi, col. 1317.

C’est sans doute à cette séance tenue en présence des légats romains que se rapporte le long compte rendu adressé au pape Célestin par saint Cyrille au nom du concile et qui donne un résumé des événements. Dès le début, on y représente les partisans de Jean comme comptant dans leurs rangs des célestiens et des pélagiens, puis, vers la fin, on ajoute ceci : « Après lecture des mémoires (sans doute apportés par les légats) sur la condamnation (en Occident) des impies pélagiens et célestiens, de Célestius, Pelage, Julien, Persidius, Florus, Marcellin, Orontius et de leurs adhérents, nous avons jugé, nous aussi, que devait subsister ferme et inébranlable ce qui a été décidé à leur sujet par votre piété et nous joignons notre suffrage au vôtre pour les condamner. » Ibid., p. 9 ; Mansi, col. 1337.

Voilà tout ce que permettent d’assurer les pièces conservées. L’on pourra en tirer ceci : que, dès les débuts, au milieu même des complications créées par le cas de Nestorius, on n’avait pas perdu entièrement de vue la question pélagienne, puisque, de part et d’autre, cyrilliens et Orientaux s’accusent mutuellement de compter dans leurs rangs des pélagiens. L’arrivée des légats romains, dans les conditions que l’on sait, amena saint Cyrille à prendre plus exactement conscience de l’importance que le Siège apostolique attachait à ce problème. Bien que la lettre du pape au concile ne fit pas mention explicitement de l’affaire de Pelage et consorts, cf. art. Nestorius, col. 110, les instructions transmises oralement aux légats doivent avoir visé ce point auquel le pape Célestin tenait beaucoup. Il nous