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    1. PÉLAGIANISME##


PÉLAGIANISME. LE CONCILE DE DIOSPOLIS

écrit une lettre respectueuse en arrivant en Afrique. lbid., b, col. 349 ; cf. Epist., cxlvi, t. xxxiii, col. 596. Mais, considéranf qu’il était « le son devoir d’éclairer les âmes inquiètes en face des problèmes posés, il réfuta les doctrines condamnées dans ses sermons, dans des entretiens particuliers. Jictract., II, 33, P. L., t. xxxii, col. 644.

1. Le De peccatorum meritis.

Puis, questionné par le tribun Marcellin, président de la grande conférence de 41 1, il répondit par un ouvrage en deux livres : De peccatorum meritis et remissione, P.L., t. xliv, col. 109186, intitulé parfois De baptismo parvulorum ou encore Libri ad Marcellinum (412). Augustin y exposait la doctrine traditionnelle sur le péché originel et le baptême des enfants.

Le 1. I réfute ceux qui disent qu’Adam devait mourir, même s’il n’eût pas péché, et que son péché n’a point passé à ses descendants. Il prouve que la mort de l’homme n’est point une nécessité de nature, mais une peine du péché, et que, par le péché d’Adam, toute la race humaine a été viciée, montrant que les enfants sont baptisés pour obtenir la rémission du péché originel. La propagation du péché originel ne vient pas seulement de l’imitation, sans quoi il aurait fallu faire remonter le péché non à Adam, mais au démon. Les enfants qui meurent sans le baptême sont condamnés, quoique leur peine soit plus douce.

Danslel. II, Augustin discute contre ceux qui disent qu’il y a, qu’il y a effet qu’il y aura des hommes sans péché en cette vie ; sur ce point, il établit 4 propositions : 1. que l’homme, en cette vie, pourrait être sans péché par la grâce de Dieu et son libre arbitre. C. vi.

— 2. Il prouve que, néanmoins, aucun homme en cette vie n’est absolument sans péché. C. vu. — 3. Qu’il en est ainsi parce qu’aucun homme n’a une volonté assez forte pour vouloir ce qui est juste, soit qu’il ne connaisse pas, soit qu’il n’aime pas ce qu’il doit faire. C. xvii. — 4. Qu’aucun homme, excepté Jésus-Christ, n’est, n’a été et ne sera complètement exempt de péché. C. xx.

Sur les entrefaites, ayant reçu le Commentaire de Pelage sur les épîtres de saint Paul, grand fut son étonnement, car il ne lui était pas venu à l’esprit qu’on pût penser et dire de telles choses ; il découvrit que dans l’explication de Rom., v, 12, l’auteur niait l’existence du péché originel chez les enfants. Il voulut donc compléter son œuvre sur ce point spécial et lui adjoignit un troisième livre sous la forme d’une Lettre à Marcellin, P. L., t. xliv, col. 186-200.

2. Bientôt après parut le De spiritu et littera (fin 412), P. L., t. xliv, col. 201-246, où les termes spiritus et littera (cf. II Cor., m 6) correspondent à gratia et à lex, car la Loi seule est une lettre qui tue, tandis que la grâce du Saint-Esprit vivifie. Ce livre est encore adressé à Marcellin qui lui avait manifesté sa surprise de lire dans l’ouvrage sur la rémission des péchés qu’avec le secours de Dieu, l’homme, s’il le voulait, pouvait être sans péché pendant cette vie, et que, cependant, on n’avait j amais vu parmi les hommes l’exemple d’une justice aussi parfaite. Saint Augustin saisit cette occasion pour combattre la doctrine des pélagiens sur le secours de la grâce divine. Il fait voir que, si le secours divin nous aide à opérer la justice, ce n’est pas en ce sens que la Loi donnée par Dieu est remplie de bons et de saints préceptes, mais parce que notre volonté, sans laquelle nous ne pouvons accomplir aucun bien, est aidée et relevée par l’esprit de la grâce, et que, sans ce secours, la connaissance de la Loi n’est qu’une lettre qui tue, en ce sens qu’elle fait des coupables et des prévaricateurs plutôt qu’elle ne justifie les impies. Au c. xxxv, revenant à la question qu’il s’était proposée au début, il démontre que tous les hommes s’accordent à reconnaître qu’avec le secours

de Dieu il y a une infinité de choses possibles quoi qu’on n’en voie aucun exemple, et qu’ainsi, bien qu’il n’y ait pas d’exemple d’une justice parfaite parmi les hommes, il n’en faut pas conclure qu’elle soit impossible.

3. Le De fide et operibus parut en 413. P. L., t. xl, col. 107-230. Jusque-là Augustin gardait certains ménagements envers les hérétiques et, « craignant qu’en offensant son adversaire, il ne rendît sa blessure plus incurable » (Epist., clxxxvi, t. xxxiii, col. 816), il évitait de le nommer, tout en attaquant sa doctrine. « Je pensais, écrira-t-il plus tard, qu’il était plus convenable de réfuter les erreurs en taisant les noms des hommes, afin qu’ils se corrigeassent par crainte des jugemenjs ecclésiastiques, plutôt que d’être soumis aux peines qu’ils prononceraient. » De gestis Pelagii, xxii, 46, P. L., t. xliv, col. 347.

Il avait même répondu une lettre courtoise et brève à Pelage qui en fera plus tard son profit à Diospolis. Cependant, les idées pélagiennes rayonnaient, sans doute parce qu’elles répondaient aux tendances stoïciennes qui subsistaient dans le monde romain. Le livre de Pelage, De natura, lui fut communiqué par Jacques et Timase, ces jeunes gens qui, à la voix de Pelage, avaient tout quitté pour mieux servir Dieu dans la continence. A la lecture de ce livre, « cette présomption de la volonté croyant trouver en soi son autonomie et sa force d’agir lui fit l’effet d’un formidable contresens psychologique », P. de Labriolle, art. Augustin d’Hippone, dans le Dict. d’hist. et de géog. eccl., col. 459, et il crut devoir le réfuter dans un nouveau traité, De natura et gratia (415), P. L., t. xliv. col. 247-290 : il fallait proclamer la nécessité de la grâce « qui n’est pas contre la nature, mais qui libère et règle la nature ». Retract., II, 42, P. L., t. xxxii, col. 647.

Saint Augustin expose que la nature transmise par la génération depuis le péché d’Adam n’est plus telle que Dieu l’avait formée dans le principe, pure et saine. Elle a besoin du secours de la grâce pour se racheter de la colère de Dieu et pour se diriger dans la voie de la justice. Cette déchéance de la nature est un châtiment justement mérité ; quant à la grâce, elle est accordée non pas à nos mérites, mais gratuitement, et ceux qui ne la reçoivent pas pour leur délivrance sont justement condamnés. C’est la réfutation du livre de Pélage(c. vu) surtout quand il dit quel’homme peut être sans péché, prétendant que la nature n’a point été affaiblie ni viciée par le péché. Au c. xliv, après avoir essayé de prouver qu’il n’y a pas sur terre de justes sans péché, saint Augustin élève la discussion en ajoutant : « Je soutiens que, admise même l’existence de ces justes, ils n’ont pu et ne peuvent exister qu’autant qu’ils ont été justifiés par la grâce de Dieu, en vertu des mérites de Jésus-Christ et de sa croix. « Aux c. lxiilxvii, il discute des textes de saint Hilaire, de saint Ambroise, de saint Jean Chrysostome, de saint Jérôme et de lui-même. Au c. lxiv, il essaie d’expliquer des paroles attribuées par Pelage à saint Sixte, évêque de Rome et martyr ; il apprendra plus tard par saint Jérôme qu’elles sont de Sixte le Philosophe, comme il le déclarera lui-même. Relract., II, 42, P. L., t. xxxii. col. 647.

II. la lutte ex Palestine.

Pour surveiller en Orient le dangereux novateur, saint Augustin profita du départ pour la Palestine de Paul Orose, venu le consulter sur les questions du priscillianisme et de l’origénisme qui préoccupaient l’Église de son pays. Orose aura la joie et le mérite de contribuer à la réconciliation définitive de Jérôme et d’Augustin. Ces deux beaux génies étaient capables de s’entendre pour défendre la tradition catholique menacée sur un point aussi important. Voir l’art. Orose, col. 1603.

Polémique de saint Jérôme.

Dès 413, dans le