Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée
667
668
PELAGK le


III. Pelage pape. Pelage était peut-être encore en prison quand Vigile, recouvrant enfla sa pleine liberté, put s’éloigner de Constantinople pour rentrer en Italie d’où il (Hait parti depuis bientôt dix ans ; il mourut, sur le chemin du retour, à Syracuse, le 7 juin. r >. r >. r >.

Quel serait son successeur ? Justinien s’en préoccupa ; il envoya à Rome l’homme de son choix : c’était Pelage. Cf. Victor de Tonnenna, ad a. 558, Pelagius Romanus archidiaconus, trium prsefaiorum capitulorum olim defensor, Justiniani principis persuasione de exilio redit. P. L., t. lxviii, col. %1. On pourrait croire que le respect des Romains pour leur compatriote et pour ses nobles origines, que leur reconnaissance pour l’homme qui les avait, quelques années auparavant, sauvés du carnage, aient valu à Pelage un accueil enthousiaste. Il n’en fut rien : non seulement on ne se rappela point le rôle qu’avait joué Pelage, mais encore on le reçut mal. Pour les Romains, si nous en croyons le Liber pontificalis, Vigile était un martyr et Pelage son bourreau. On eût imaginé que le diacre pût être regardé comme le défenseur incorruptible de saint Léon et de Chalcédoine ; c’est le contraire qui se produisit : Pelage fut considéré comme un renégat. Son ordination dut être retardée jusqu’au 16 avril 556 ; de plus, on se vit obligé d’aller assez loin pour trouver les consécrateurs du nouveau pontife. Liber pontificalis, éd. Duchesne, t. i, p. 303 : Et dum non essent episcopi qui eum ordinarent, inventi sunt duo episcopi, Johannis de Perusia et Bonus de Ferentino et Andréas presbiter de Hostis et ordinaverunt eum pontificem. Tune non erat in clero qui poterant promoveri : monasteria et multitudo religiosorum, sapientium et nobilium subduxerunt se a communione ejus, dicentes quia in morte Vigilii papa* se inmiscuit ut tanlis pœnis adfligeretur… Heureusement, Pelage avait pour lui le monde officiel et, tout d’abord, Narsès. Il s’entendit avec lui, pour une rencontre à Saint-Pancrace ; de là, on se rendit en procession, au chant des litanies, à Saint-Pierre. Devant la foule, Pelage monta à l’ambon et s’expliqua. Jaffé, n. 938. Bien au courant des propos qui circulaient, décidé à mettre en déroute tous les soupçons, Pelage déclara que non seulement il n’avait rien fait contre les quatre conciles, mais qu’il avait lutté et souffert pour les défendre ; il poursuivit par une profession de foi où s’exprimait sa volonté de les maintenir tous et, en particulier, celui de Chalcédoine ; de même, il déclara faire siennes les lettres de ses prédécesseurs, depuis Célestin jusqu’à Agapet, condamner ceux qu’ils avaient condamnés, vénérer ceux qu’ils avaient reçus et, spécialement, les vénérables évêques Théodoret et Ibas. Jaffé, n. 939.

Ce n’était pas Rome seulement qui s’inquiétait des dispositions du nouveau pape ; la Gaule avait les mêmes préoccupations. Le séjour prolongé de Vigile à Constantinople avait, naguère, suscité de mauvaises rumeurs. Cf. P. L., t. lxix, col. 41. Depuis lors, les rapports des Francs avec le gouvernement de Justinien ne s’étaient guère améliorés et la désignation de Pelage était venue donner un regain de vigueur à des bruits fort tendancieux. Bref, Childebert se crut obligé d’adresser un légat au pape, afin d’obtenir des éclaircissements. La réponse de Pelage date du 1 1 décembre 556. Jaffé, n. 942. Depuis la mort de Théodora quin 548), expliquait-il, la foi n’a pas été en péril ; on a seulement discuté certains « chapitres » ; le credo du pape, c’est celui de Léon et de Chalcédoine et de ce credo il n’est pas permis de s’écarter ; qu’on n’ajoute pas foi à certaines rumeurs dont les responsables sont les nestoriens de Constantinople : moi-même, j’ai été mis en cause par ces factieux. Ni ces explications, ni les honneurs qu’il décernait à Sapaudus

d’Arles, Jalïé, n. 9 I I, 945, ne calmèrent les appréhensions des Francs. Une seconde fois, Childebert envoya au pape son homme de confiance, Rufln, pour obtenir de lui soit une déclaration expresse d’attachement au tome de Léon, soit une profession de foi personnelle. Sans hésiter, Pelage répondit qu’il s’engageait à suivre, en tout, le tome de Léon ; bien plus, il donna à Rufln une profession de foi. P. L., t. lxix, col. 407-410 ; cl. Jaffé, n. 946, 947. Childebert mourut en 558 ; l’agitation n’était pas calmée dans ses états.

Ailleurs, dans les provinces imparfaitement soumises à l’empire, en Afrique, en Illyricum, en Italie, centrale, les esprits étaient échauffés. Quand l’Afrique eut connu la défection de Pelage dans la défense des Trois-Chapitres, ce fut une explosion de colère. Facundus reprit la plume en faveur des condamnés, victimes des prévaricateurs romains, Vigile et Pelage : Epistola fidei catholiese, P. L., t. lxvii, col. 867-878. Mais là, comme en Illyricum, le gouvernement impérial sut obtenir, sans trop tarder, la soumission de tous et l’acceptation du concile.

En Italie, la tâche était pénible. Dès le début de son pontificat, Pelage avait été averti qu’on ne le nommait pas dans les diptyques ; il s’était cru obligé d’affirmer son attachement aux quatre conciles et au tome de Léon. Jaffé, n. 939. Dans les provinces du Nord, le schisme menaçait ; pour en arrêter la menace ou le développement, Pelage dut faire appel à Narsès, cf. Jaffé, n. 983, et à d’autres officiers supérieurs de l’armée byzantine. Cf. Jaffé n. 1012, 1019, 1024, 1028, 1029, 1038.

Peu à peu, Pelage se voyait obligé d’expliquer son attitude dans l’affaire des Trois-Chapitres. Au début de son pontificat, il avait déclaré recevoir Ibas et Théodoret. Depuis lors, il n’avait fait que se rapprocher des vues de Justinien ; insensiblement, le défenseur des Trois-Chapitres s’acheminait vers la reconnaissance officielle de ce qui s’était fait à Constantinople durant l’été de l’année 553. Dans une lettre à Sapaudus d’Arles, Pelage se justifie tout au long. Jaffé, n. 978. Le temps n’est plus aux controverses, dit-il, mais à l’unité ; et, pour bien marquer que la paix religieuse a ses exigences, il regrette ce qu’il a fait, jadis, à Constantinople, renie sa défense des Trois-Chapitres ; il demande excuse pour son attitude après le « concile général », prétexte son ignorance, rappelle ses malheurs. C’est cette même ignorance, ajoute-t-il, qui, durant un certain temps, a poussé des évêques à résister à la lumière. Allais-je donc m’enraciner dans mes erreurs de diacre ? M’accuse qui voudra ; une seule chose est certaine, c’est que ceux qui me reprochent d’avoir fait volte-face ignorent la tradition et l’Écriture, selon lesquelles l’erreur doit être corrigée et, en cas d’obstination, punie. Ce ne sont pas mes écrits qui doivent servir d’exemple, mais la sentence du « concile général », désormais reçue dans tout l’univers.

La controverse se poursuivant en Istrie et en Vénétie et les évêques de ces provinces songeant à remettre la solution au jugement d’un concile, Pelage se cabrait devant semblable prétention. Avait-on jamais vu le patriarche d’Istrie envoyer des légats ? Et que les opposants, continuait-il, n’aillent pas se flatter d’être l’Église universelle ; ils n’en font même pas partie, car la première condition, c’est l’union avec le fondement des sièges apostoliques. Si quelque doute subsiste, parmi eux, sur la condamnation des-Trois-Chapitres, une seule voie reste ouverte : qu’une délégation vienne auprès du pape, qu’elle rentrétienne des hésitations que l’on garde encore. Maisqu’on ne songe pas à un nouveau concile ; après un n concile universel », ratifié par près de quatre mille