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PAUL DK SA M OSAT E — PAUL SCRIPTOPIS


purement morale ; il a été comme la maison où elle réside, comme le vêtement qui la recouvre. A aucun moment on ne peut parler d’unité dans le Christ en qui la Sagesse a fait sa demeure.

Tout est loin d’être clair dans le résumé que nous avons essayé de présenter de l’enseignement paulinien. C’est que les fragments qui nous font connaître la pensée de l’hérétique sont eux-mêmes fort incomplets ; cités à l’occasion des controverses ehristologiques des ve et vie siècles, ils ont pour but beaucoup moins de traduire complètement la doctrine samosatéenne que de la rapprocher de l’erreur nestorienne. 11 ne faut pas leur demander autre chose que des éléments de comparaison.

Tels qu’ils sont, ils nous permettent cependant d’affirmer que les membres du concile d’Antioche, chargés de juger Paul, ne pouvaient faire autrement que de le condamner. Après sa disparition, ses partisans ne jouèrent aucun rôle dans la grande histoire. La seule mention assurée que nous ayons de leur existence est le 19e canon du concile de Nicée. Ce canon rappelle qu’à propos des pauliniens qui ont voulu venir à l’Église catholique, la règle a été établie de les rebaptiser. « Si quelques-uns, ajoute-t-il, dans les temps passés, ont été agrégés au clergé, s’ils paraissent irréprochables, qu’après les avoir rebaptisés, l’évêque de l’Église catholique leur impose les mains. Mais si, à l’examen, ils se révèlent impropres, il convient de les déposer. De même pour les diaconesses, qui n’ont pas reçu l’imposition des mains, de sorte qu’elles sont comptées parmi les laïques, qu’on les rebaptise et qu’on leur conserve leurs fonctions. ». Il paraît bien que ce canon est surtout destiné à régler des situations particulières, comme le canon 8 relatif aux ordinations des novatiens. Il ne laisse pas l’impression que les pauliniens aient été largement répandus dans le monde, mais plutôt celle qu’ils formaient, sans doute à Antioche et dans les environs, un groupe en voie d’extinction. Avant la fin du ive siècle, il n’y avait sûrement plus de pauliniens ; on ne parlait d’eux que pour évoquer des souvenirs.

Les ouvrages essentiels sur Paul de Samosate sont ceux de F. Loofs, Paulus von Samosata. Eine Untersuchung zur altkirchlichen Lileratur und Dogmengeschichte (= Texte und Unters., t. xliv, fasc. 5), Leipzig, 1924 (très systématique), et de G. Bardy, Paul de Samosate, étude historique, nouvelle édition, Louvain, 1929. On peut voir encore J. W. Feuerlein, Disserlalio liistorico-ecclesiastica de hairesi Pauli Samosateni, Gœttingue, 1741 ; P. Galtier, L’ôixrjrrjrj’.oç de Paul de Samosate, dans Reclierehes de science religieuse, t. xiii, 1922, p. 30-45 ; A. Harnack, Die Reden Pauls non Samosata an Sabinus (Zenobia ?) und seine Christologie, dans Sit-ungsberichle der preus. Akad. der Wissensch., Berlin, 1924, p. 130-151.

G. Bardy.

22. PAUL SAMSON, frère mineur conventuel (xvie —xviie siècle). — Originaire de Milan, il fut inquisiteur à Trévise, en 1597, et plus tard à Padoue, où il fut agrégé au collège des théologiens. En 1604, ses confrères rélevèrent à la dignité de provincial. On lui doit des Commentaria in totam theologiam, des Commentaria in Arislolelem et De Irium animæ gradumn perfectione, Padoue, 1581. Il mourut à Padoue en 1627, d’après J. H. Sbaralea ; en 1622, d’après Ph. Argelati.

J. H. Sbaralea, Supplementum, 2e édit., t. ii, p. 314-315 ; Pli. Argelati, Bibliotheca scriptorum Mediolanensium, t. ii, Milan, 1745, col. 1285-1286.

Am. Teetært.

23. PAUL SCRIPTORIS, frère mineur delà régulière observance (xve siècle), un des disciples les plus célèbres d’Etienne Brûlefer, du même ordre et un des principaux commentateurs du bienheur. Jean Duns Scot. — Né à Weil en Souabe (d’où les noms de Suevus, Wilensis, qu’on lui donne), il étudia à Paris

et devint, vers la fin du xve siècle, professeur de théologie au Studium générale des frères mineurs de Tubingue, qui était agrégé à l’université. Il y exposa avec succès les commentaires de Duns Scot sur les Sentences et s’y acquit le surnom de Scriploris. A côté de ses leçons de théologie, il enseigna aussi les arts libéraux et les mathématiques. Il compta parmi ses auditeurs non seulement des étudiants de l’université, mais aussi des professeurs et des prêtres éminents tant du clergé séculier que régulier, principalement du monastère des augustins. En 1497, U exposa les livres d’Euclide et la cosmographie de Ptolémée. Le P. Paul a été considéré à tort comme un des précurseurs de Luther et les protestants l’ont inscrit sans aucune raison parmi les protagonistes de leur réforme. Il est vrai qu’il a attaqué avec véhémence certains abus qui s’étaient introduits dans l’Église et qu’il les a flagellés et condamnés du haut de la chaire, mais il est resté toujours en union étroite avec Rome, comme l’a prouvé abondamment N. Paubus dans Paul Scriploris, ein angeblicher Reformalor vor der Reformation, dans Tùbinger theol. Quartalschrijt, t. lxxv, 1893, p. 289-311.

N’ayant pu gagner, en sa qualité de gardien de Tubingue, la sympathie de ses subordonnés, il fut envoyé, en 1501, à Bâle, avec défense de se livrer à la prédication et à l’enseignement. L’année suivante il fut convoqué à Saverne pour s’y justifier devant ses supérieurs de sa façon trop libre de condamner et d’attaquer certains abus. Craignant d’être incarcéré, il se rendit à Vienne et, de là, à Rome, pour s’y justifier devant l’autorité la plus élevée. Il y réussit parfaitement et put retourner tranquillement dans sa province de Strasbourg. Peu après, il fut appelé en France par le vicaire général de l’ordre, le P. Martial Boulier, pour enseigner la théologie à Toulouse. Chemin faisant, il fut surpris par la maladie et mourut, le 21 octobre 1505, au couvent de Krisersberg, en Alsace.

De ces données biographiques, il résulte que L. Wadding et plusieurs autres écrivains ont eu tort de distinguer Paul Scriptoris de Paul de Weil ou de Souabe ; c’est le même personnage, désigné une fois par son surnom, et l’autre fois par le nom de son lieu natal. Ils se trompent encore quand ils considèrent Paul Scriploris’onime un membre de la province de Bologne, alors qu’il a appartenu à la province de Strasbourg.

L’exposé du P. Paul sur les commentaires de Duns Scot du premier livre des Sentences parut à Tubingue, le 24 mars 1498, sous ce titre : Lectura fratris Pauli Scriptoris… quam edidit declarando sublilissimas doctoris sublilis sententias circa Magislrurn in primo libro. De Vexplicit de cet ouvrage il ne résulte point que le P. Paul avait terminé sa Lectura in primum Sententiarum Scoti en 1498, comme l’ont cru J. H. Sbaræa et nombre d’autres écrivains, mais qu’il a publié cet ouvrage en 1498. Voici d’ailleurs cet explicit : Explicita . lectura ordinarie facta in conventu /ratrum minorum in aima universitate Tmringensi, ubi et impressa est per hujus artis gnarum magistrum Johannem Ollmar. Anno salutis MCCCCXCVIII, XX II II die marlii. Cf. L. Hain, Repertorium bibliographicum, t. il a, p. 42, n. 12493. Une autre édition parut à Carpi, en 1506, par les soins de Jean de Montesdoca, théologien espagnol. D’après L. Wadding. le P. Paul aurait encore écrit une Siwimula logica et plusieurs autres écrits qui sont perdus. Il était un partisan convaincu de la tendance réaliste, la via antiqua, en opposition au nominalisme d’Occam, accepté par la plupart de ses confrères.

L. Waddlng, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1906, p. 183 ; —T. IL Sbaralea, Supplementum, 2e édit., t. ii, p. 315 ; Allgemeine deutsche Biographie, t. xxxiii, p. 488-489,