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    1. PÉCHÉ ORIGINEL##


PÉCHÉ ORIGINEL. LES GRECS MODERNES

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col. 1 168, el Grégoire le Sinaïte, Capita per acroslichidem, 81-82, P. G., ibid., col. 1264.

Le mariage est donc, pour les Byzantins, une suite du péché originel. Cette particularité mise à part, ce qu’ils disent des elïets de ce même péché concorde avec la doctrine commune. Ils n’oublient pas de signaler, en particulier, la privation de la grâce divine. D’ailleurs, la théorie de l’incorruptibilité absolue d’Adam innocent rencontre quelques adversaires. Ainsi, au xie siècle, Philippe le Solitaire, Dioptra, t. II, c. viii, P. G., t. cxxvii, col. 772 AH, n’accorde à Adam qu’une immortalité corporelle en puissance, un état tenant le milieu entre la mortalité et l’immortalité, et il en trouve la preuve dans le fait qu’Adam avait besoin de se nourrir. De même, au xiie siècle, l’historien Nicétas Acominatos, 0r)aaupôç xrjç ôp60-So ^ta< ;, t. XXVII, publié par S. Eustratiadès comme préface à l’édition des Chapitres théologiques de Michel Glykas, op. cit., t. i, p. x8-xe’, blâme la conception idéaliste de Glykas et lui reproche de soulever des problèmes sur lesquels l’Écriture a gardé le silence. Au xve siècle, Georges Scholarios abandonne résolument la thèse orientale et enseigne la doctrine thomiste. Cf. sa dissertation Sur les arbres du paradis, dans Œuvres, t. iii, p. 338-343.

A la suite des anciens Pères, les Byzantins enseignent très explicitement l’universalité du péché originel en des termes qui paraissent, à première vue, exclure toute exception pour quiconque est né de l’union de l’homme et de la femme. Nous savons cependant, par de nombreux témoignages, relevés à l’article Immaculée conception dans l’Église

    1. GRECQUE APRÈS LE CONCILE d’ÉpHÈSE##


GRECQUE APRÈS LE CONCILE d’ÉpHÈSE, loc. cit., qu’ils

exemptaient de la loi commune la Mère de Dieu. C’est à peine si l’on rencontre, sur ce point, deux ou trois voix discordantes.

II. Doctrine des Grecs modernes a partir du xvie siècle. — Pendant la période moderne, et jusqu’à ces derniers temps, les Grecs modernes sont devenus, sur la question qui nous occupe, les fidèles disciples des Latins.

Abandon de quelques conceptions anciennes.

Nos

théologiens abandonnent en particulier la conception byzantine de l’état primitif, et c’est à peine si l’on en trouve quelques réminiscences chez certains auteurs restés étrangers à la culture occidentale ou transcrivant, comme par manière d’habitude, les dires des anciens. Ainsi Jérémie II, Responsum I ad lutheranos, c. vii, éd. Gédéon de Chypre, Kpi-rrçç -rî)ç àX7)0sîaç, Leipzig, 1758, p. 38 ; Gabriel Sévéros, H)/vxy[iii.-ioM 7repî tûv àyîcùv |xuCTT7)pîcov, éd. de Venise, 1691, p. 129 ; Métrophane Critopoulos, ’Ofj.oXoYÎa tTjç maTecoç, c. ii, éd. Kimmel, Monumenta fidei Ecclesiæ orientalis, t. ii, Iéna, 1850, p. 59, répètent encore que le mariage est une suite du péché originel ; mais ils sont loin de l’incorruptibilité absolue décrite par le Damascène. Critopoulos dit, en particulier, qu’Adam mangeait des fruits du paradis. Dans toute la période moderne, nous n’avons rencontré que chez les moines athonites, qui ont assaisonné de longues notes l’édition du recueil canonique intitulé LT^SâXiov, la thèse ancienne que l’état d’Adam innocent ressemblait à l’état de la résurrection glorieuse. Cf. l’édition athénienne du IIr]8âXtov. 1908, p. 504, où l’on cite ces paroles de Grégoire le Sinaïte : "AcpOap-roç ÈTrXàaÔT) ô av0pc>7ro< ; X<x>piç x ! - 10 ^ » °^°Ç "ai àvaaT7)aexai, et où l’on reproche à Georges Coressios, théologien du xviie siècle, d’avoir enseigné qu’Adam, avant son péché, n’était pas soustrait aux lois de la physiologie animale.

Les Grecs modernes commencent aussi, dès le xvie siècle, probablement sous l’influence des controverses latines, auxquelles ils s’initient, à nier le privilège de la conception immaculée de Marie. Leur doc trine, sur ce point, penche progressivement vers la négation dans la même mesure où la théologie catholique se fait plus unanime en faveur de l’affirmation. Voir l’article déjà cité : Immaculée conception dans l’Église grecque.

2° Attitude à l’endroit des thèses protestantes sur les effets du péché originel. — Dès la fin du xvie siècle, l’Église grecque eut à se prononcer sur les erreurs protestantes touchant l’extinction totale du libre arbitre par le péché originel et la permanence de ce péché, identifié avec la concupiscence, dans l’homme justifié. Jérémie II, patriarche de Constantinople, dans ses Trois réponses successives aux théologiens de Tubingue, les réprouva explicitement. Cf. Rép. I, c. xviu ; Rép. ii, eu ; Rép. 111, c. ii, éd. cit., p. 8793, 162-168, 238-242. Mélèce Pigas, dans son catéchisme dialogué intitulé : ’Op6680Çoç St&xaxaXia, Vilna, 1596, 2e éd., Jassꝟ. 1769, fait sienne la doctrine de saint Augustin telle qu’elle est expliquée par les théologiens catholiques : L’homme pécheur n’a pas perdu le libre arbitre, mais seulement l’ornement des vertus, parmi lesquelles se trouvait la liberté de faire le bien avec aisance et d’opérer des œuvres salutaires : Ours 7) ouata à<pflps07j, o’jts 7j Qzkrpic, , àXX’ô k60|£OÇ twv àpsTwv, wv (iioc xal 77pa>~ t] y) èXô’jŒpta toO aÙTs^ouaîou, p. 62-64 de l’édition de 1769. La condamnation du pessimisme protestant se fit plus éclatante et plus universelle au xviie siècle, après que le patriarche de Constantinople, Cyrille Lucar(† 1638), eut inséré, dans sa Confession de foi, l’article suivant, qui est le 14e : Credimus liberum arbitrium in non renatis esse mortuum, quia nihil boni facere possunt, el quidquid faciunt esse peccatum ; in renatis vero idem per Spiritus Sancli gratiam vivificari, et operari quidem, sed non sine gralix auxilio, etc. : 7riaT£’iou.£v èv toïç oùx àvay£WY)6£ÎCTi tô aÙTE^oùaiov vsxpôv eïvxi, |r/ ; Saficôç êxEÎvcûv i(r/u6vz(x)v Tropaai tÔ àyaGov xal 8 T » av 7TOt, T)aaisv à ; j.apxtav clvat. Kimmel, op. cit., t. I, p. 33 ; cf. art. 6, p. 28. Non seulement des théologiens, comme Mélèce Syrigos, Ka-rà tcov KaX61v.xùv xetpaXaicov, éd. de Dosithée, Bucarest, 1690, p. 24-31, 77-85, réfutèrent longuement, par les témoignages de l’Écriture et de la tradition, les thèses des novateurs, mais plusieurs conciles les condamnèrent solennellement : ainsi, le concile de Constantinople de 1638, Kimmel, op. cit., t. i, p. 403-404, et celui de Jérusalem, sous la présidence du patriarche Dosithée (1672), qui, au xive article de C. Lucar opposa le suivant :

Credimus homine.n transgressione lapsum comparatum esse et assimilatum jumentis, id est, obscuratum fuisse et a perfe : tionc passionumque imnuinitate (= x-xhiix :) excidisse ; haudquaquam tamen hajus, q.ian ab optimo Deo acceperat, naturæ naturalisque virtutis jacturam fecisse…, sed credimus illuni eamdem habere naturam, quam in creatione accepit, neenon eamde n naturæ virtutem, quæ est liberum arbitrium, uiuum utique et effi : acem, ita ul possit naiuraliter eligere atque op ?rari bonum ac fugere et odisse malum… Potest ergo ho no nondum regeneratus ad bonum naturaliter propendere eligereque et operari bonum. morale. Ut vexo regerieratuspirituale bonum operari possit…, præeat præveniatque gratia necesse est : 6 ocv’J^w^-c xoiyxpa^v Ttpo ?/, ; xi.’; ii >y, ihm ; ô-j/ara : pvffei xXsvetv ko’o ; to xaXàv xxi xiçalniix : Lx : ÊpY&£e<16at tô r)6txàv xa/ov.’Avayîvvr/J ; ’::2 ;, i’va jrorîj rô ttvîvi îaTtxbv xaXôv…, àvàyLï] xpoiye.ïtrtaa xa : r^-iz’ixii-.i rf|’X^P tVl Kimmel, t. i, p. 446-448.

Des paroles de la Confession de Dosithée se laisse facilement déduire la conséquence que le péché originel, dans la postérité d’Adam, n’a pas entamé la nature humaine prise en elle-même ou considérée philosophiquement, mais l’a seulement dépouillée des dons gratuits dont Dieu l’avait ornée en Adam. La même conclusion ressort des expressions de la Confession orthodoxe de Pierre Moghila, approuvée comme