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PÉCHÉ ORIGINEL. LE CONCILE DE TRENTE


Seuls les mérites du Christ peuvent remettre ce péché : c’est une vérité que le concile d’Orange avait présentée déjà sous ses aspects variés, et qui est appuyée, ici, sur des textes scripturaires choisis.

5. Chapitre iv. — Nécessité du baptême comme remède du péché originel.

Si quis parvulos récentes ab uteris matrum baptizandos negat, etiamsi fuerint a baptizatis parentibus orti, aut dicit in remissionem quidem peccatorum eos baptizari, sed nihil ex Adam trahere originalis peccati, quod regenerationis lavacro necesse sit expiari ad vitam œternam consequendam, unde fit consequens, ut in eis forma baptismatis in remissionem peccatorum non vera, sed falsa intelligatur : A. S. Quoniam non aliter intelligendum est id, quod dicit Apostolus : Per unum hominem peccatum inlravil in mundum et per peccalum mors, et ita in omnes homines pertransiit, in quo omnes peccaverunt (Rom., v, 12), nisi quemadmodum Ecclesia catholica ubique diffusa semper intellexit. Propter hanc enim regulam fidei, ex traditione apostolorum etiam parvuli, qui nihil peccatorum in semetipsis adliuc committere potuerunt, ideo in remissionem peccatorum veraciter baptizantur, ut in eis regeneratione mundetur quod generatione contraxerunt. Nisi enim quis renalus fueril ex aqua et Spiritu Sancto, non potest introire in regnum Dci. (Joa., iii, 5.)

Si quelqu’un dit qu’il n’est pas nécessaire de baptiser les nouveau-nés, même s’ils sont de parents fidèles, ou dit qu’on les baptise sans doute pour la rémission des péchés, mais que du péché originel d’Adam ils n’apportent rien qui doive être expié par le bain de la régénération, pour obtenir la vie éternelle ; en sorte que, pour eux, la formule du baptême in remissionem peccatorum n’a qu’un sens impropre, qu’il soit anathème. Car les paroles de l’Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi est-il passé dans tous les hommes, qui ont tous péché en lui », ces paroles ne peuvent s’entendre que de la manière dont les a toujours entendues l’Église catholique partout répandue. C’est bien à cause de cette règle de foi que les petits enfants mêmes, lesquels n’ont pu commettre aucune faute personnelle, sont en toute vérité baptisés pour la rémission des péchés, afin que la régénération purifie en eux ce que la génération leur a fait contracter. « En effet, si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. »

C’est à peu près littéralement la reproduction du 2e canon du concile de Carthage(Milève). Denz., n. 102.

Il était opportun, dans ce décret, de rappeler la nécessité du baptême contre la grande erreur pélagienne, renouvelée par Luther, en ce qui concerne l’inutilité du baptême des enfants pour l’acquisition de la vie éternelle. On lit, en effet, dans le tableau des erreurs qu’avaient en vue les Pères : Nonus ejusdem etiam Petagii, ad quem errorcm Martimis Lutherus accedere videtur, puellos non baptizatos morientes non damnari, sed salvari et vitse œternæ fieri possessores, ticet ad regnum Dei non pertineant. Conc. Trid., p. 212213. De là, sans doute, l’addition de l’incise ad vitam adernam consequendam au canon de Carthage.

Ici comme à Carthage, on affirme en passant que la génération est le moyen de propagation du péché originel. Ce que l’on doit entendre d’une génération humaine normale, selon l’explication suivante donnée à la sess. vi, c. ni, Denz., n. 795 : « Les hommes ne naîtraient pas injustes, s’ils ne naissaient pas d’Adam par voie de propagation séminale, car c’est en vertu de cette propagation qu’ils lui doivent de contracter, au moment où ils sont conçus, leur propre injustice. »

6. Chapitre v.

L’efjicacité du baptême ; la persistance

de la concupiscence après le baptême.

Si quis per Jesu Christi Si quelqu’un nie que, par

Domini nostri gratiam, quæ la grâce de Jésus-Christ No in baptismate confertur, reatre-Seigneur, qui est conférée

tum originalis peccati remitti dans le baptême, soit remise

negat, aut etiam asserit, non l’offense du péché originel, et

toiii totum id quod veram et ôté tout ce qui a vérita blement et proprement caractère de péché ; si quelqu’un dit, au contraire, que le péché est seulement comme rasé et non imputé, qu’il soit ana thème. Car Dieu ne liait rien dans ceux qui sont véritablement régénérés et il n’y a point de condamnation pour ceux qui sont ensevelis véritablement avec le Christ par le baptême, qui ne marchent pas selon la chair, mais qui, dépouillant le vieil homme et revêtant le nouveau qui a été créé selon Dieu, sont devenus innocents, purs, fils chers à Dieu, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, de telle sorte que rien ne s’oppose à leur entrée dans le ciel. Mais le saint concile confesse et pense que la concupiscence ou le foyer du péché reste dans les personnes baptisées ; il sait que, nous étant laissée pour nous exercer, elle ne peut nuire à ceux qui, loin de consentir, résistent courageusement, aidés de la grâce de Jésus-Christ, qu’au contraire celui qui aura mené le bon combat sera couronné. Cette concupiscence appelée quelquefois « péché par l’Apôtre, le saint concile le déclare, l’Église n’a jamais compris qu’elle soit véritablement et proprement péché dans les personnes baptisées, mais on la nomme ainsi parce qu’elle vient du péché et qu’elle porte au péché. Si quelqu’un pense le contraire, qu’il soit anathème.

C’est ici que le concile oppose à l’erreur luthérienne fondamentale sur l’identification de la concupiscence comme telle avec le péché originel, et conséquemment sur la permanence de ce péché dans le baptisé, la vérité catholique sur la destruction complète du péché originel par le baptême, et sur la permanence de la concupiscence comme épreuve salutaire dans le baptisé. Tandis que la bulle Exsurge, dès 1520, se contentait de condamner l’erreur : In puero post baplismum negare remanens peccatum est Paulum et Christum simul conculcare, Denz., n. 742, ici, la vraie doctrine est clairement affirmée. Pour l’exprimer, le concile emploie les termes mêmes de Paul et d’Augustin que Luther voudrait accaparer en faveur de son erreur.

Il fonde son axiome : In renalis nihil odit Dcus sur de multiples passages de l’Apôtre et, pour exprimer la tôt aie destruction du péché par le baptême, et préciser le sens authentique que l’Église attache à la concupiscence, clans les baptisés, il utilise les expressions mêmes dont Augustin se servait contre les erreurs de son temps.

Avec lui, il enseigne que le baptême fait complètement disparaître tous les péchés : auferre crimina, non radere ; nec ut omnium peccatorum radiées in mala carne teneantur quasi rasorum in capite capillorun<. unde crescant ilerum resecanda peccata. Contra duos ep. pelag., i, xiir, 26, P. L.. t. xi.iv, col. 562.

Avec lui. il précise le sens de la concupiscence dans les baptisés : elle ne peut s’appeler « péché » que dans un sens métaphorique, parce qu’elle vient du péché et incline au péché ; elle est une épreuve salutaire. Comparer les termes du décret avec ceux d’Augustin, op. cit.. n. 27. col. 563.

propriam peccati rationem habet, sed illud dicit tantum radi aut non imputai i, A. S. In renalis enim nihil odit Deus quia niliil est damnali.

m.s us qui vere consepulli

sunt cum Cliristo per baplisma in mortem (Rom., vi, 4), qui non secundum carnem ambulant (Kom., viii, 1) sed veterem hominem exuentes et novum qui secundum Deum creatus est, induenies (Eph., IV, 22 sq. ; Col., iii, 9 sq.), innocentes, immaculati, puri, innoxii, ac Deo dilecti filii clTecti sunt, heredes quidem Dei, colicredes autem Christi (Rom., viii, 17), ita ut nihil prorsus eos ab ingressu coeli remoretur. Manere autem in baptizatis concupiscentiam vel fomitem hœc sancta Synodus fatetur et sentit, quæ cum ad agonem relicta sit, nocere non consentientibus sed viriliter per Christi Jesu gratiam repugnantibus non valet. Quinimo qui légitime certaverii coronabitur ( I ITim., n, 5). Hanc concupiscentiam, quam aliquando Apostolus peccatum (Rom., vi, 12 sq.) appellat, sancta Synodus déclarât Ecclesiam catholicam numquam intellexisse peccatum appellari, quod veré et proprie in renatis peccatum sit, sed quia ex peccato est et ad peccatum inclinât. Si quis autem contrarium souscrit, A. S.