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PÉCHÉ ORIGINEL. LE’CONCILE DE TRENTE


des défauts de la nature humaine. Le concile rappelle qu’il ne peut être question seulement d’une vague déchéance physique, mais de la perte de la justice et de la sainteté, d’une mort de l’âme, d’un véritable péché transmis avec la peine de la mort et les autres peines du corps ; et, de cette doctrine, il montre, comme le concile d’Orange, l’indiscutable garantie dans le texte classique de saint Paul, Rom., v, 12. Il le cite naturellement d’après la Vulgate, et entend sans doute le relatif in quo « d’Adam en qui tous ont péché ». La formule ainsi comprise est. de fait, plus explicite que ne l’est le texte original en faveur de la transmission du péché originel. Mais l’argument garde sa valeur. Voir, ci-dessus, col. 308 sq.

Ce que les Pères de Trente, dans leur catalogue d’erreurs, qui n’a pas eu d’ailleurs de consécration officielle, reprochaient à Érasme, c’était non pas précisément d’abandonner le sens relatif de in quo, mais de ne pas reconnaître, dans le passage de saint Paul, la mention que l’Apôtre fait du péché originel. Sur l’exégèse d’Érasme, voir J. Freundorfer, op. cit., p. 159-160.

Pour avoir une idée complète des suites générales qu’entraîne la faute originelle pour toute la race, d’après le concile de Trente, il faut rappeler encore le c. i du décret de la justification qui traite de l’impuissance de la nature déchue et de la loi à recouvrer la justice, c. i, Denz., n. 793, et le canon 5, n. 815, où il est question du libre arbitre.

Dans le premier chapitre du décret sur la justification, on déclare « que, dans la prévarication d’Adam, tous les hommes ont perdu l’innocence, naissent impurs et enfants de colère, qu’ils sont esclaves du péché et sous la puissance du diable, au point que ni les gentils ne pouvaient s’en délivrer par les forces de la nature, ni les Juifs par la lettre de la Loi, et l’on ajoute que le libre arbitre n’est pas éteint en eux, bien qu’il soit diminué dans ses forces et incliné (vers le mal). »

Le canon 5 de la même session vi complète ce qui est dit à la session v : « Si quelqu’un déclare que le libre arbitre, après le péché d’Adam, est perdu ou éteint, ou une chose d’apparence seulement, rem esse de sololilulo, bien plus, un titre sans réalité, titulum sine re, une invention de Satan dans l’Église, fig.entum a Salaria inveclum in Ecclesiam, qu’il soit anathème. » On condamne ici les expressions mêmes où Luther affirme l’irrémédiable corruption de la nature déchue et particulièrement de son libre arbitre. En revanche, on écarte, au c. i, l’expression < gravement blessé » et l’incise « par la soustraction des dons gratuits », voir Conc. Trid., t. v, p. 445, pour y substituer définitivement les mots « diminué de force et incliné ». afin de ne favo riscr l’opinion d’aucune école. I.es expressions choisies, en effet, suivant la volonté constante du concile, tout en répudiant l’erreur, s’adaptent indifféremment aux deux opinions alors reçues. I.es thomistes et les scotistes réduisaient cette diminution de force et cette inclina lion du libre arbitre a la seule perte des dons de la e, les augustiniens voulaient qu’outre cette perte des dons de la grâce on entendit encore par là une i ei i aine dégénérescence des forces auxquelles l’homme a droit par s ; i nal ure

lût résumé, d’après le concile, le péché originel a fait perdre certainement ; > dam et a toute sa descendante la possession de la grâce, sanctitatem, celle des dons préternaturels, justitiam (exemption de la concupis ce m e, de la douleur et de la mort |, qui perfed ion n aient la nature et donnaient particulièrement au libre arbitre une facilité de soumission a Dieu. Il entraîne. - hef, un affaiblissement du libre arbitre, toul au moins par comparaison avec la perfection « pie celui i i it des rions prétei nal unis.

Cet affaiblissement doit-il s’entendre seulement par comparaison de l’état actuel avec l’état de justice originelle, ou de plus par rapport aux forces que l’homme devrait tenir de sa nature normale, le concile ne veut pas répondre à cette question et la laisse à la discussion de l’École.

Il reste qu’en reprenant dans l’ensemble la doctrine du concile d’Orange sur l’affaiblissement du libre arbitre (inftrmatum, lœsum, c. viii, xiii, et inclinatum, attenuatum, c. xxv) le concile de Trente ajoute que celui-ci n’est pourtant pas supprimé par la chute minime exstinctum. Par là s’affirme une précision et un élargissement de point de vue qui est nécessité par l’erreur luthérienne. Tandis qu’en face du rationalisme pélagien, l’Église, à la suite de saint Augustin, était attentive surtout à proclamer l’insuffisance radicale de la nature et à marquer, en fait, ce qui manque à celle-ci pour atteindre sa fin historique, elle se devait, en face du pessimisme luthérien, sans rien renier de son passé, d’affirmer ce qui reste de force à la volonté dans l’ordre moral pour coopérer à la grâce. Tout en affirmant la transmission, par suite de la faute d’Adam, d’un état non seulement malheureux, mais coupable, tout en reconnaissant que le péché originel a eu pour effet de modifier profondément l’état de l’humanité, elle a désavoué, dans les canons de Trente, les exagérations d’un pessimisme spirituel que Luther voulait imposer au nom d’un augustinisme exagéré.

4. Chapitre m.

Caractères propres du péché originel. — C’est un péché transmis par voie de propagation héréditaire, et non point commis par un acte d’imitation ; c’est un péché immanent et propre à chacun, qui ne peut être enlevé par d’autre remède que par celui des mérites du Christ. Le 3° canon anathématise ceux qui le nient :

Si quis hoc Adse peccaSi quelqu’un déclare que

tum, quod origine unum est, ce péché d’Adam, qui est un

et propagatione, non imitadans sa source et transmis

tione, transfusum omnibus non par imitation mais par

inest unicuique proprium, propagation, qui est en nous,

vel per humanæ vires, vel où il devient propre à cha per aliud remedium asserit « iii, s’efface soit par les

tolli, quam per meritum forces de la nature, soit par

uniusmediatorisDomininosun autre remède que par le

tri Jesu Christi, qui nos Deo mérite de l’unique médiateur

reconciliavit in sanguine suo, Notre-Scigneur Jésus-Christ,

judas nobis justilia, sanctiqui nous : i réconciliés avec

ftccUio il redemptio (I Cor., i, Dieu dans son sang, devenu

30) ; aut aegat Ipsum Christi pour nous justice, sanctiflea .lesu meritum per baptismi lion et rédemption ; ou si

sacramentum, in forma Ecquelqu’un nie que ce mérite

< lésée rite collatum, tam s’applique tant aux adultes

adultls quam parvulis appliqu’aux enfants par le bap cari, A. S. : quia non est aliud téme confère selon la forme

nomen sub cœlo iinium homide l’Église, qu’il soit aaa nlbus, in quo oporteat nos thème. Car II n’est pas d’autre

taloOS fteri (Art., iv, 12). nom sous le ciel, donne : iu Inde Ula o : Lne Ignui hommes, par lequel nous Dei| eece qui lollil peccata devions être sauvés. De là

mundi (Joa., i, 20), et Ula : cette parole ; « Voici l’Agneau Qulcumque baptizali csiis, de Dieu ; voici celui qui efface

ChristUtn Induùtis (Gal., iii, les péchés du monde. el 271. cette autre : « .lui que VOUS

soyez qui a es été baptisés,

vous avez revêtu le Christ

Le ! » juin. dans le tableau des cireurs sur le péché on

liiic i. on avait signalé au n. i fi doctrine quem Pighius sequi videtur, peccatum originale nihil esse in unoguogue noêtrum, sed esse dumlaxat ii’s<im Adte prsevaricatio

item qvut rêvera nabis non insil. sc<l snli Ad.e. Par oppo si ! ion a celle erreur, sans doute, est allumée ici fini

manence du péché ori| ln< i.< < haque individu, non que

ce péché jaillisse de chaque Volonté par un acte pel

sonnel, qui imiterait la prévarication d’Adam, mais pu-’, qu’il est transmis par propagation héréditaire