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PAUL V

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gée du Triplici nodo, 1609, >< l’ouvrage le plus fou… et le plus pernicieux qui se soit jamais fait sur tel sujet », dit la Boderie, ambassadeur français à Londres. J. de la Servière, op. cit., p. 89. La publication est envoyée aux souverains qui la reçoivent froidement. Henri IV intervient auprès du pape pour qu’il n’y soit pas répondu. Paul V laisse cependant Bellarmin publier son Apologia R. Bellarmini pro responsione sua ad librum inscriptum Triplici nodo…, Rome, 1609, mais renonce à l’envoyer aux princes, pour ne pas irriter le roi d’Angleterre.

Malheureusement, on ne s’en tint pas à ces controverses. L’application de la loi entraîna une violente persécution, aggravée encore après l’assassinat de Henri IV : seize prêtres et deux laïques furent mis à mort. En 1616, quatre mille catholiques se trouvaient dans les prisons royales. Cf. Lingard, op. cit., t. iii, p. 178.

Russie et Pologne.

Égaré par le nonce de Pologne,

Rangoni, Paul V rêva un instant de réaliser le retour de la Russie au catholicisme. Il mit sa confiance dans le prétendu fils d’Ivan IV, l’aventurier Dimitri, qui faisait profession de catholicisme : il crut que la victoire de Dimitri sur Fédor, fils du tzar Boris, et son entrée à Moscou, 20 juin 1605, devaient être le prélude de la réunion de la Russie à l’unité catholique et apporteraient une aide puissante à ses projets contre les Turcs. Moins d’un an après, le 27 mai 1606, l’usurpateur était renversé. Cf. P. Pierling, Rome et Démétrius, Paris, 1878 ; La Russie et le Saint-Siège, 5 vol., Paris, 1896 ; Le manuscrit du Vatican sur le tzar Dimitri de Moscou, dans Revue des questions historiques, t. lvi, 1894, p. 540-548.

L’union des Ruthènes avec l’Église romaine, commencée à Brest en 1595 par les jésuites Skarga et Possevin, avec le concours du roi de Pologne, promet les plus belles espérances, mais est fortement compromise, à la fin du règne de Paul V. Les schismatiques demeuraient les maîtres à Kiev, et le métropolitain catholique, Pociej, devait résider à Vilna. Les évêques latins s’écartaient des uniates. Paul V, le 29 mai 1605, confirme les pouvoirs donnés par Clément VIII au métropolitain de Kiev, pour sacrer les évêques uniates. Afin de faire tomber l’opposition schismatique, il déclare, par une bulle du 10 décembre 1615, qu’il n’a l’intention de modifier en rien le rite uniate, encore moins de le supprimer et de lui substituer le rite latin. Rutski, successeur de Pociej sur le siège de Kiev, organise l’Église ruthène, se fondant sur les moines basiliens, dont il avait été archimandrite à Vilna, et pour lesquels, au chapitre général de 1617, il promulgua de nouvelles règles. Ce travail d’organisation allait se heurter à une grande épreuve, en 1620, lorsque l’évêque de Jérusalem, Théophane, agissant au nom du patriarche de Constantinople, Cyrille Lukaris, nomma, avec l’appui des cosaques de l’Ukraine, un métropolitain et six sufïragants schismatiques, auxquels il donna les sièges des évêques catholiques. A la diète de Varsovie, 1621, Sigismond n’osa montrer vis-à-vis des schismatiques une attitude aussi énergique qu’au début de son règne et ajourna toute décision. Ce fut un malheur pour l’Église uniate, dont plusieurs membres se laissèrent gagner par les schismatiques. Cf. Brian Chaninov, L’Église russe, Paris, 1928, p. 98 sq. 6° L’empire germanique : les débuts de la guerre de Trente ans. — L’incapacité des empereurs Rodolphe II (1576-1611) et Mathias (1612-1619) entrave les progrès de la réforme catholique et la défense contre le protestantisme. Les réformés en prennent avantage pour enfreindre les dispositions de la paix d’Augsbourg de 1555. Par une Lettre de Majesté du 9 juillet 1009. Rodolphe II accordait aux protestants de Bohême les mêmes droits qu’aux catholiques. Pour défendre les

intérêts catholiques, aussi bien que pour répondre à V Union évangélique, fondée par les princes luthériens, le 16 mai 1608, sous la direction de l’électeur palatin Frédéric, les princes catholiques créèrent la Ligue de Wurtzbourg, 30 août 1609, sous la conduite du duc de Bavière et du prince électeur de Mayence.

Une tentative de l’archevêque de Prague et de l’empereur Mathias, pour réagir contre l’abus de la Lettre de Majesté de 1609, la démolition du temple de Hrob (Klostergrab), 13 décembre 1617, provoqua une insurrection de la Bohême, qui débuta par la Défenestration de Prague, 23 mai 1618. La guerre de Trente ans commençait. La Silésie, la Moravie, la Basse-Autriche et les protestants de la Haute-Autriche s’unirent aux Tchèques. Vienne fut menacée en 1619.

Avec Ferdinand II, qui succéda à Mathias le 28 août 1619, s’accentua lecaractère religieux de la lutte. La Ligue de Wurtzbourg, brisée en 1616, se reforme. Paul V proclame, en 1620, un jubilé, pour obtenir le secours divin contre les ennemis de la foi en Allemagne ; mais le mauvais état de ses finances le contraint à marchander ses subsides. Cf. Charveriat, Hist. de la guerre de Trente ans, t. i, Paris, 1878, p. 110. Des secours viennent également de Pologne et d’Espagne. La division des protestants d’Allemagne et leur isolement permettent aux troupes de l’empire et de la Ligue de remporter la victoire de la Montagne Blanche, 8 novembre 1620, qui eut pour résultat le rétablissement du culte catholique en Bohême, en Moravie, en Autriche et en Hongrie, et la proscription du protestantisme. Paul V célébra cette victoire par une procession solennelle, au cours de laquelle il fut frappé d’une attaque d’apoplexie, 21 janvier 1621.

V. Mort de Paul V.

Frappé d’attaques d’apoplexie, le 21 et le 24 janvier 1621, Paul V mourut le 28 du même mois. Il fut enterré provisoirement à Saint-Pierre et, l’année suivante, son corps fut transféré à Sainte-Marie-Majeure, dans la chapelle Pauline. Les Romains rendirent hommage au zèle du pape Borghèse pour la réforme religieuse, à sa vie sans tache, à l’activité qu’il déploya pour l’approvisionnement et l’embellissement de Rome. « Mais ce long pontificat de 15 ans et 8 mois avait suscité dans les sphères les plus éloignées le désir d’un changement. Ce désir était d’autant plus vivace que les faveurs et les libéralités du pape n’avaient profité qu’à sa propre famille. Tout le monde, disait le cardinal Orsini, était fatigué des promesses aimables, mais vaines, du cardinal-neveu Borghèse. L’antipathie contre lui s’était encore accrue depuis la dernière promotion de cardinaux. > L. Pastor, op. cit., t. xii, p. 582-583.

I. Généralités.

Cherubini, Magnum bullarium romanum, t. iii, Luxembourg, 1742 ; Muratori, Annali d’Ilalia, t. xi, Milan, 1749 ; H. d’Avrigny, Mémoires chronologiques et dogmatiques pour servir à l’histoire ecclésiastique depuis 1600 jusqu’à 1716, 4 vol., Paris, 1725 ; Barozzi et Berchet, Relazioni di Roma, t. i, Venise, 1877 ; Palatius, Gesta pont, rom., t. iv, Venise, 1688 ; Petruccelli délia Gattina, Histoire diplomatique des conclaves, 2 vol., Paris, 1861 ; A. Ciæonius. Viles et rcs gesteu pont. rom. et S. R. E. c(u-dinalium… ab A.Oldino, S.J., recognilæ., t. m et iv, Rome, 1677 ; A. Bzovius, Viia Pauli V, Rome, 1626 ; Cl. P. Goujet, Histoire du pontificat de Paul V, 2 vol., Amsterdam, 1765 ; F. J. Sentis, De monarchia Sicula, Fribourg, 1869 ; L. RanUe, Die rômischen Papste in den letzten vier Jahrhunderten, t.i et iii, Leipzig, 1885 ; Zopffel-Beiirath, Paul V., dans la Prolest. Realencgklopàdie, 3e édit., t. xv. Leipzig, 1905 ; F. Rodocanælii, L</ Ré/orme en Italie, 2 vol., Paris, 1920-1921 ; I.. von Pastor, Gescluchte der Piipslc. t. xii. (Léo XL und Paul V), Fribourg, 1927.

IL Rapports avec Venise. — P. Sarpi, Historia parlieolare delle ro.se passaie Irai S. P. Paolo Ve la Serenissima Republica di cnezia gli anni 1605-1607, Venise, 1624 ; F. Cornet, Paolo V <> la Republica veneta. Giornale dal’.".* uttobre 1600-giugno 1607, Vienne, 1859 ; S. Romanin,