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PECHE ORIGINEL. SAINT ANSELME


nelle où ils ne devraient pas se trouver, et qu’ils sont en elle la conséquence d’un dérèglement de la volonté qui n’est point encore pardonné.

Ainsi, la privation de la justice originelle, qui a son siège dans la volonté, c’est formellement le péché originel ; mais la culpabilité de ce péché s’étend à tous les désordres qui sont amenés dans la nature par le dérèglement primitif de la volonté d’Adam. De concord., c. viii, col. 531.

Le péché originel dans les non baptisés continue à se prolonger dans les conséquences qu’il a produites par l’abandon de la rectitude primitive : ainsi, l’impuissance à redevenir juste et à satisfaire pour la perte de la justice, à comprendre ce que c’est que la justice pour les nouveau-nés, à empêcher les mouvements premiers de la concupiscence, nous est imputée à péché, tant que nous avons en nous une relation morale à la faute dont tous ces maux dérivent : Impotentia qu ; e descendit ex culpa non excusai impotentem. culpa manenle… ; quoniam peccando deseruit justitiam, ad peccalum illi imputatur impotentia quani ipsa peccando sibi fecit. Ibid., col. 529-531 ; Cur Deus homo, t. I, c. xxiv, col. 397 ; De cane, virg., c. ii, col. 434, et c. xxii, col. 453.

Sous quelque aspect qu’on le considère, le péché originel se définit — comme tout péché — par une absence de rectitude de la volonté : soit en lui-même, soit dans ses conséquences, il comporte essentiellement une relation morale avec la faute d’Adam.

3° L’explication de la transmission du péché originel.

— Elle est commandée par le réalisme de l’époque ; pour Anselme, l’universel formel n’est pas une forme logique, mais une réalité ; c’est même une nature réelle, unique, qui se trouve dans tous les individus ; l’individuation ne divise pas la nature, mais sépare les personnes. Kors, op. cit., p. 30. Dans ce sens, il critique Roscelin : De fuie Trin., c. n. Qui enim nondum inielligil quomodo plures homines in specie sunt unus homo, qualilcr in Ma secrelissima natura comprehendet quomodo i>lures personœ… sint unus Deus ? Ibid.. col. 2(iô.

1. Le pourquoi de la transmission du péché originel.

— Dans Adam, il y avait la nature humaine tout entière et la personne, l’individu, en <|iii alors toute la nature se trouvait concentrée. Tota natura in illis erat, et extra illos de Ma nihil erat. De cane, virg., c. ii, col. 434.

De même que toute cette nature, présente en Adam, aurait pu vaincre et être confirmée dans le bien, de même elle pouvait être vaincue tout entière dans le premier couple humain. Cur Deus homo, 1. 1, e. xviii, col. 387. Adam, en fait, a péché ; ce fut à la fois le péché de la nature humaine, toujours identique à elle-même a travers tous les individus en qui elle réside, cl le pêche de la personne d’Adam : fuit enim peccalum Adee in homine, quod est in natura ; et in illo qui vocalus est Adam, quod es/ in persona. De conc. virg., c. i, col. 433 ; et c. xxii : Quod <hun comedebal, hoc natura ut. quod va a de ligno velito comedit, non hoc Voluntas natwalis, sed personalis hoc est propria fecit. Col. 156. Ainsi, continue-t-il en marquant les rapports entri la nature et la personne, ce que la personne faisait en Adam elle ne le faisait pas sans la nature ; il y avait là, en effet, et la personne qui étail Adam et la Dature qui était l’homme. La personne a rendu la nature pécheresse, car, quand Adam a péché, l’homme a péché… Dans 1rs descendants d’Adam ce n’est p ; is la Volonté personnelle qui les rend pécheurs, mais l’état dr dépouillement de la nature par rapport a la justice qui rend les personnes pécheresses. La une a dune. < n <iam. dépouillé la nature de la (ustici’t la nature, transmettant sa privation aux onnes qu’elle produit, les rend pécheresses el injustes Ibid. c. xxiii, col. 157.

2. Dans quelle mesure avons-nous péché en Adam ? — Il ne peut être question de la participation personnelle à l’acte prévaricateur d’Adam. Puisque les descendants d’Adam n’existaient pas comme personnes, le péché originel n’est point un péché personnel, mais un péché de nature. Présents en Adam seminaliter, nous avons contracté, au moment de sa prévarication personnelle, une nécessité pour notre nature à être dans l’état pécheur, dès que nous existerions personnellement : In Adam omnes peccavimus, quando ille peccavit, non quia lune peccavimus ipsi qui nondum eramus, sed quia de illo futuri eramus et lune facta est Ma nécessitas ut cum essemus peccaremus. De conc. virg., c. vii, col. 441.

Les enfants nouveau-nés non baptisés ne doivent pas être punis du péché originel tomme s’ils l’avaient personnellement commis. C. xxii, col. 453. Ils le seront dans la mesure où ils ne forment qu’un avec Adam dans la nature pécheresse qu’il leur a transmise. C. xxiii, col. 454. Aussi y a-t-il une grande différence entre le péché personnel d’Adam, qui est cause de la propagation de l’état misérable et coupable de la nature humaine, tombée en lui, et le péché (c’est-à-dire l’état de dépouillement coupable) transmis par lui a ses descendants : quia ille peccavit propria voluntate, illi naturali peccant necessitate quam propria et personalis meruit illius voluntas. Le premier est beaucoup plus grave que le second.

3. Par quel moyen se transmet le péché originel ? — Ane consulter que la paraphrase du psaume Miserere, on dirait que, pour Anselme comme pour Augustin, c’est par la génération charnelle, en tant qu’elle est infectée de concupiscence, que l’organisme est d’abord souillé, et l’âme ensuite par lui. Ibid., col. 829-834. Tout autre est l’impression que donne le De conceplu virginali. Anselme y développe une théorie en harmonie complète avec ses vues sur la nature psychologique du péché originel et son siège dans la volonté.

Comme dans l’homme, remarque-t-il, l’être tout entier n’est pas affecté par une infirmité organique (c’est, en effet, l’œil seul cpii est le siège de la cécité), ainsi, bien qu’on dise du genre humain qu’il est tout entier souillé, le péché ne réside cependant que dans la volonté, laquelle est absolument étrangère au semen générateur. Ibid., c. xv. col. 449. Le semen ne peut être le siège du péché, avant que l’âme ne lui soit infusée. C. iii, col. 435-436 ; c. vii, col. 440-441. I.a génération charnelle entraîne seulement la nécessité, au moment de l’animation, pour la personne nouvelle de contracter le péché, c vii, col. 111.

Ce n’est donc pas la concupiscence vicieuse comme telle qui souille l’organisme et, indirectement, l’âme ; elle concourt simplement à produire une personne qui participe à la nature coupable d’Adam. Elle est la condition sine qua non. mais nullement la cause du

I ne lié originel. C’est par la génération naturelle qu’une personne nouvelle entre en possession de cette commune nature qui nous fait pécheurs.

Partout OÙ il y a général ion naturelle, par la volonté de la créature qui sème et par la force de la nature qui germe, il y a transmission du péché originel. Ainsi se fonde et l’universalité de ce péché et l’exception à celle loi pour le Christ : car lui n’esl pas venu par la volonté et la nature d’Adam : in Ma (la Vierge) tamen, nec voluntas creaturw prolem seminavil. nec natura germi navit, sed Spiritus Sanclus procreavil. C xxiii, col. 155.

II est ne de Dieu qui ne peut créer qu’une nature juste, c., coi. 152, et’-. xxiii, col. 117 : la matière dont il a éti tiré, dan : li sein de la lerge, ; i été

purifiée. C. XVIII, col. I.’il : Cur Deus homo. I. ii, C XVI et XVII, col. Illi 119.

Pour Anselme, la Vierge a éié purifiée de la souillure originelle, col, 419, pai les mérites du Christ en