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PÉCHÉ ORIGINEL. L’ORIENT AU Vie SIÈCLE


elle, est rozpà çuaiv. » Critique, dans Vatic. syr. 140, fol. 22 b, c, d’après R. Draguet, p. 132.

Dans la corruption consécutive au péché il faut encore distinguer les passions irrépréhensibles, à81â6Xr ( Ta toxOy), telles que la faim, la soif, les souiïrances et la mort, toutes résultantes de la constitution humaine prise comme telle, et les passions, macula peccati inquinatx, sans doute les mouvements désordonnés de la concupiscence, qui, en fait, ont une certaine relation au péché.

Le Verbe, dans son humanité, a très bien pu être passible, mortel, prendre toutes les passions irrépréhensibles qui appartenaient à la nature humaine, être çÔapTÔç et n’être constitué dans un état d’impassibilité et d’immortalité qu’à la résurrection ; car cela ne comporte aucune relation actuelle et intrinsèque au péché. 3e lettre à Julien, dans Vatic. syr. 140, fol. 9 c, R. Draguet, p. 97. Même idée dans la Critique du tome, Mai, loc. cit., p. 181 : Nullum corruptionis vesligium, quod quidem a peccato provenial, in carne Domini exstilit… Falemur lamen eum esse corruptioni Mi obnoxium quæ a morte est, nec non aliis doloribus cdque passionibus reprehensione minime dignis, ncque peccati macula inquinatis. — Si le Christ avait été en quelque sorte participant à la faute qui a fait perdre à la nature humaine la grâce d’immortalité, la mort aurait été chez lui quelque chose de déshonorant ; mais tel ne fut point le cas. Ibid., p. 184.

Bref, « l’étal de possibilité et de mortalité est en soi quelque chose de conforme à la nature humaine et de séparable du péché. C’est pourquoi le Verbe a pu prendre cette nature en cet état. La privation de l’immortalité et de l’impassibilité corporelles n’a entamé en rien la nature humaine considérée dans ses principes essentiels, c’est-à-dire la nature philosophique. » M. Jugie, p. 42.

Ce point de vue philosophique de Sévère fait pressentir les distinctions scolastiques entre nature et surnature ; il se rapproche de celui du pseudo-Denys, repris plus tard par saint Thomas, d’après lequel la nature n’est point détruite, ni altérée, dans ses principes essentiels, par le péché.

c) Contrairement à Julien, qui admet dans la corruption consécutive au péché originel un caractère moral, puisque, selon lui, par la génération charnelle, le péché personnel d’Adam est communiqué à ses descendants et demeure immanent à la nature, comme le châtiment est lié à la faute, Sévère nie l’existence d’un tel péché de nature qui se transmettrait de père en fils par le fait de la génération. Selon lui, ’d’Adam mortel et pécheur, nous naissons mortels, mais non pas pécheurs ». R. Draguet, op. cit., p. 127. Toute sa controverse va a rejeter, comme entache de manichéisme, l’idée d’une communication du péchi SOnncI d’Adam à ses descendants.

A cette fin, il commence par affirmer que le p<

n’esi pas une substance, mais une maladie morale qui

vient uniquement du libre arbitre de chacun. Critique,

dans Val. syr. 140, fol. 21 b. Le choix de la conception

virginale par le Christ n’implique nullement que le

Mariage est sous le coup d’une corruption et d’un

blâme résultanl du péché. Critique, ibid., fol..", 1 r sq. Le

mariage, au contraire, loin délie un multiplicateur de

I bien plutôt un secours a l’humanité pour

nieltn la race a l’abri de la destruction. Contra addi ibid., loi. 7(i’I. <. I. fol. 78 b.

Il détourne Julien d’employer l’expression <-, <>[>.% hi

ir c’est, dit il. une nouveauté : Je n’ai

trou 1 i. parmi ceux qui oui enseigné dans

l’Église i m lani m grecque, qui l’ait employée dans ses

ou rages… Celui « pu dil i orps dans le péché " semble

lignifier que le péché sr trouve naturclli ment com pris

dans hcorps, .le dis ceci à causi de la malsonnam i de

la mort… Car il est clair que Ta Chasteté confesse partout que le péché survient à l’homme comme une maladie. » Critique, ibid., fol. 52 L

Dans le Contra addiliones, il critique longuement la théorie du péché de nature. Ibid., fol. 75 c-82 c. « Si, dit-il, le corps est èv àfxapTÎqe et a été formé Ix çGopâç, et si le péché qui était en Adam passe avec la nature, àxoXou6îa « pûo-ecoç, d’Adam à ses descendants, comme une chose naturelle, pécher est à l’abri de tout blâme, tout pécheur l’étant, à ce qu’il semble, du fait de son premier père pécheur. » Cont. addil., fol. 76 d, e, ꝟ. 78 b. D’après lui, il faut dire que nous n’avons eu aucune part au péché de notre premier père ; nous naissons mortels, mais non pas pécheurs : « Le péché de ceux qui nous ont engendrés, dit Sévère, à savoir le péché d’Adam et d’Eve, n’est pas mêlé naturellement à notre substance comme le tient l’opinion mauvaise des manichéens, mais c’est parce qu’ils avaient perdu la grâce de l’immortalité, à cause du péché et de la transgression, que le jugement et la sentence s’étendent jusqu’à nous, lorsque, suivant une disposition naturelle, nous naissons mortels en tarit que (nous naissons) de parents pécheurs. Il n’est pas vrai, en effet, que le péché soit une réalité et passe naturellement des parents à leurs enfants. » Cont. addit., ibid., fol. 79 d, e. Dans ce texte, M. Jugie trouve une affirmation explicite du péché transmis par la génération : « L’affirmation explicite est dans les mots : Adam et Eve ont perdu, par leur péché, la grâce de l’immortalité, et la sentence de condamnation prononcée par Dieu contre eux, à cause de ce péché, s’étend jusqu’à nous. Nous sommes condamnés par Dieu à cause du péché d’Adam ; c’est donc que nous sommes, à ses yeux, coupables de quelque façon. » Étant donné le contexte, il est difficile de se ranger à cette conclusion. Toute la question est de savoir si Sévère raisonnait comme nous et déduisait l’existence d’une culpabilité transmise dans la nature, du fait de la soumission de cette nature à la condamnation.

Pour Sévère, la culpabilité d’Adam cesse avec lui ; elle lui est strictement personnelle, elle n’est point transmise. Si, malgré cela, la sentence et le châtiment consécutifs au péché nous atteignent, c’est qu’il est naturel qu’engendrés dans la mortalité nous soyons mortels, l’ai là, nous sommes simplement rendus à notre nature. C’est dans cette perspective que Sévère explique le texte de Job sur la souillure de l’enfant d’un jour ; il s’agirait là, d’après lui, de la souillure qui provient des péchés d’action et de pensée qui, seuls, viennent en jugement devant Dieu. Le « seul jour dont il est question dans Job, xiv, 4, est un jour de la vie consciente. Nous avons dit comment il interprète ps. l, 7, en le rapportant à Eve qui engendre, après le péché, dans l’étal de corruption où elle se trouve. Enfin, après l’Écriture. « c’est aux l’èrcs qu’il recourt pour montrer que, si nous sommes al teints par la condamnation portée contre Adam, nous ne participons pas à la souillure de son péché. Il fait notamment état du passage bien connu de saint Jean Chrysostome sur l’épître aux Romains, V, 1 ! ’( P. C, t. LX, col. 477° et recourt à l’autorité de saint Cyrille (P. <<, t. i.xxvi. col. 1092). En terminant l’explication d’un témoignage de ce docteur, il résume sa doctrine en affirmant que nous n’avons absolument aucune part au péché du père de notre race. il. Draguet. p. 131. (.c rejet, d’ailleurs, d’un péché venu d’Adam et transmettant parla génération n’entraîne point pour lui la négation d’une relation extrinsèque de l’état dans lequel nous nous trouvons après la Faute d’Adam

avec le péché de celui ci. Sévère ne renie rien dl’|ii il a dit dans ses llomrlics Cathédrales. Il cont m

distinguer entre les passions irrépréhensibles qui sont

tiséquences naturelles de la constitution même