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    1. PÉCHÉ ORIGINEL##


PÉCHÉ ORIGINEL. L’ORIENT AU Vie SIÈCLE

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La volonté humaine, qui, par elle-même, s’est laissée déchoir, ne peut seule se relever. Personne ne peut être sauvé par les seules forces de la nature ; il l’est par la grâce du Christ. Le libre arbitre, laissé à lui-même, ne peut que désirer carnalia et sœcularia ; il se trouve impuissant à penser, à vouloir, à désirer, à accomplir, sans l’effusion du Saint-Esprit, quoi que ce soit se rapportant à la vie éternelle.

Jean Maxence rejette à la fin les manichéens, qui naturale aut substantiam aliquam dicunt esse peccatum, et ceux qui, contrairement à l’Apôtre, osent dire : Nostrum est velle, Dei vero perficcre. Ibid., col. 86. Cette profession atteste qu’à l’époque où elle a été rédigée il y avait encore des ennemis de la grâce : disciples de Pelage, de Célestius, ou de Théodore de Mopsueste.

Dans sa réponse à la lettre d’Hormisdas, le même auteur s’inspire des mêmes principes pour établir que la doctrine de Fauste de Riez, non seulement manque d’autorité, comme le reconnaît le pape, mais est à condamner parce qu’hérétique et pélagienne. Par une comparaison serrée entre la doctrine de Fauste et celle de saint Augustin, avec une critique « pénétrante et vivement conduite », cf. Tixeront, op. cit., t. ut, p. 298, il montre que Fauste fait trop grande la part de la nature dans la préparation à la foi. La foi est un don de Dieu. Bref, ce n’est pas par les forces de la nature seule, mais avec l’aide de la grâce que les hommes se sauvent : Non ergo per legem notarié, sed per gratiam omnes sancti ante adoentum Dominiplacuerunt. Adepist. Hormisdæ resp., P. G., t. lxxxvi a, col. 106-112.

2° Ohjmpiodore, diacre d’Alexandrie (début du vie siècle), dans un passage cité par Anastase le Sinaïte, apporte un témoignage très net de sa foi en la transmission du péché d’Origine. Il déclare, en effet, que « le baptême efface réellement et complètement la sentence et le péché originel d’Adam, qui nous atteint nous-mêmes. C’est pourquoi les enfants baptisés étant absolument purs de toute iniquité et de tout péché, ayant reçu l’Esprit et revêtu le Christ, meurent souvent au moment du baptême et après, et sont immaculés et saints… Si, libérés du péché, ils meurent, c’est pour ne point éterniser le mal (qu’ils pourraient Commettre), pour avoir accès à une vie meilleure et revêtir l’incorruptibilité. » In Hexameron, I. VI, P. G., t. lxxxix, col. 937-938.

Même doctrine dans les fragments sur Job, P. G., t. xciii, col. 53, et sur Jérémie ; voir spécialement col. 68 !), In Jerem., v, 30 : Mais chacun mourra pour son péché ; le péché d’Adam, passant à toute sa race. est parvenu, comme dit l’Apôtre, même à ceux qui n’avaient pas péché (personnellement). Mais, quand le Christ eut remis ce péché par le bain de la rémission, le péché originel fut détruit, mais chacun rendra compte de sis péchés personnels. »

Philoxène, évêque monophysite de Mabboug, de 48."> à 518, mort en exil vers 523, comme, ses contempo rains, Julien d’Halicarnassc et Sévère d’Antioche, donne un enseignement sur le péché originel qui a une grosse répercussion sur sa christolo

Chez Augustin déjà, l’influence de la doctrine théologique touchant l’ignorance et la concupisci Comme suites du péché originel, s’était fait sentir sur son enseignement christologique. Il n’avait pas accepté sans restriction ce princi| il mis en axant par

plusieurs Pères grecs du iv siècle : I c Fils de I >ieu a ur lui toutes nos misères, sauf le péché, pour les guérir toutes. » Il avait, au contraire, dist ingué I raine et la concupi toutes nos autres infir

mit. : la faim, la soif, la mort même, et il avait écarté celles-là tic l’Ame du f.hrist. parce quilles ne sont point seulement la conséquence, mais la cause même du péché.

DICT. DE Illl.ol, . f.Alli

De même, la christologie de Philoxène est dominée par son anthropologie. On trouvera les principaux textes de l’écrivain syriaque, aussi bien que ceux de Julien d’Halicarnasse et de Sévère d’Antioche, concernant le péché de nature, réunis, traduits et discutés dans R. Draguet, Julien d’Halicarnasse, Louvain, 1924, p. 232-250. Nous résumons ici cet auteur, tout en nous écartant de lui sur quelques points secondaires.

1. Tout mortel subit nécessairement la mort en vertu de la sentence portée par Dieu contre la prévarication d’Adam, non pas à cause de ses péchés personnels. On lit. dans la Lettre aux moines de Tell’Adda, publiée par Guidi dans Atti délia R. AcademiadeiLincei, se. mor., sér. III, t.xii, Rome, 1886, p. 1 1, et surtout 15, col. 1-2 : « Si c’est le fait de ne point pécher qui explique qu’on ne meurt point, et si c’est celui-là qui a péché qui est soumis à la mort, voici qu’il en est beaucoup qui…, lavés et purifiés de toute souillure, aussitôt qu’ils montent des eaux du baptême, meurent à l’instant, alors qu’ils ne devaient pas mourir puisqu’ils sont purs de péché. Mais il n’en va pas comme tu penses. En effet, c’est à cause de la transgression première que la mort a acquis de l’empire et que la mort, ainsi que la concupiscence se sont mêlées à la nature et, depuis lors, quiconque entre dans le monde par le mariage est naturellement engendré mortel ; qu’il pèche ou non, il est de toutes façons soumis à la mort, parce que la mort est mêlée à sa nature.

2. C’est, en effet, à la génération naturelle que se rattache la nécessité de mourir : « C’est parce que nous sommes naturellement engendrés dans le mariage que notre mort est dite naturelle, car c’est à la suile de l’union des sexes et du flux naturel, que la mort, elle aussi, prend cours, c’est-à-dire que la mort se mêle à l’union charnelle. » De uno ex Trinitate, vu. British .Muséum, add. 12164, fol. 65 / », et Lettre aux moines, ibid.

3. Par la même voie de la génération naturelle se transmet, avec la mort, la concupiscence : « Quiconque entre en ce monde par la voie du mariage est naturelle ment mortel et la concupiscence se mêle à la nature. » Lettre aux moines, p. 17. col. 1 : et De uno ex Trin., ms. cité, fol. 38 b-c.

I. Le péché apparaîl aussi de ce l’ait mêlé à la nature : Du fait de la transgression, le péché a été mêlé à la vie humaine. Lettre aux moines, p. 43, col. 2. « On a l’impression que Philoxène ne distinguai ! pas de la concupiscence ce péché qu’il disait mêlé à la vie humaine depuis la transgression. En effet, il donne explicitement le nom de péché à la première, parce qu’elle excite au péché. Interprétant la parole de

Jésus : « Qui de VOUS m’accusera de péché ? » I] remarque que le Christ entendait dire par là que sa

personne était pure, et du mouvement du péchc. et de

l’acte du péchc.. Des lors, la concupiscence n’est pas seulement la propension physique a tels ou tels ai les déposée dans la nature par le Créateur, elle a un caracl’i' moral bien déterminé… De l’Idée de la cornu

ice, souillure morale, péché transmis par voie

de génération, a l’idée d’une culpabilité de nature a

laquelle l’homme pari Icipe par le même moyen, il n’y

a celles pas bien loin. » H. I Jraguet, op. cit., p. 237-239. 5 Mu fait que Dieu s’est fail corps d’une façon non

corrompue, sans le mouvement de la concupiscence,

tout ce qui le concerne fut hors de l’ordinaire, et non

iturel ci ordinaire. Lettre aux moines de Senun,

add. Il Mtr, fol. 71 a : c’est a dire que, les nécessités

humaines n’ayant pas sur le Christ le pouvoir tyran

nique qu’eUei exercent sur nous, elles rcle aient de sa volonté et non d’une contrainte de la nalun uno ex Trin.. v. ms. cite, loi |, s „. et, dans la Lettre

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