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PÉCHÉ ORIGINEL. L’ORIENT AU Vie SIÈCLE


col. 132 ; puis il montre, dans le supplice choisi, L’économie de la divine sagesse. Par la sentence de mort, Dieu pousse l’homme à haïr le péché et lui prépare aussi en même temps le remède de la résurrection. Ibid., col. 137.

Théodoret se tait sur la transmission du péché héréditaire : il met seulement Adam à la source de nos péchés personnels par l’inclination au mal qu’amène en nous la mortalité issue de lui ; en parlant des effets du baptême, il remarque que celui-ci ne remet pas seulement les péchés passés ; s’il en était ainsi, si l’on n’avait besoin du baptême que pour cela, pourquoi baptiserions-nous les enfants qui n’ont point encore goûté le péché ? Mais le sacrement ne promet pas que cela (la rémission des péchés), il est aussi le gage des biens futurs. Hseret. fab. comp., V, xviii, t. i.xxxiii, col. 512.

En résumé, Théodoret ne connaît pas l’existence du péché héréditaire : il admet cependant que, d’une façon indirecte, Adam se trouve à la source de notre mort et de nos péchés actuels, parce qu’il induit en nous une nature mortelle et concupiscente. Par l’ensemble de son enseignement, il s’éloigne, plus que saint Jean Chrysostome, son maître, de saint Augustin ; il se rapproche plutôt de Théodore de Mopsueste.

3° Théodote d’Ancyre (| vers 440), dans une homélie sur sainte Marie, Mère de Dieu, trace un large tableau de la calamité de la chute originelle : c’est là, dit-il, un mal commun, une souffrance commune à l’humanité tout entière, xoivôv yàp to 7râ00ç, xal xoivov to rcévGoç. Il évoque le contraste entre les privilèges dont était gratifié Adam et les malheurs qui sont tombés sur lui à la suite de sa faute. « Le voici dans la honte celui qui était en honneur, dans quelle infirmité est tombé celui qui était puissant ; comme il est dans le péché celui qui était justel »

L’humanité qui partage avec Adam sa déchéance se trouve donc, par suite de la faute originelle, dans le déshonneur, la faiblesse, la corruption et le péché. Orat. in sanct. Mar., viii, P. 0., t. xix, col. 327-328.

4° Basile de Séleucie († 459), dans ses discours, Orat., xxxix, P. G., t. lxxxv, col. 432, fait allusion, à la souillure originelle : « Fait à l’image de cette gloire sublime (la gloire de la Trinité), l’homme était comme plongé dans un éclat divin. Mais la souillure du péché obscurcit cette beauté et nous transforma en une apparence animale… Voilà pourquoi le Père envoya l’auteur de l’image (le Verbe) pour restaurer les traits oblitérés de celle-ci par les couleurs de sa bonté. »

5° Hésijchius, prêtre de Jérusalem (f après 451), est aussi net sur l’existence d’une souillure consécutive à la faute d’Adam en différents passages de ses commentaires (rassemblés par M. Jugie, op. cit., p. 19).

En commentant le ꝟ. 7 du psaume l : Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum, il écrit : « Ces paroles ne font pas seulement allusion à la souillure qui vient d’Adam. A cause de lui, en effet, nous sommes regardés comme souillés dès notre naissance et, avant que nous ayons atteint l’âge de discerner le bien et le mal, nous avons besoin de purification, tenant de nos parents une souillure. C’est aussi le témoignage de Job. Ensuite, l’Écriture appelle la concupiscence mère du péché. Et Jacques atteste que la mort est fille de l’un et de l’autre (du péché et de la concupiscence). » Fragm. in psalm. t., 7, P. G., t. xciii, col. 1201.

Dans le commentaire du ps. xxxvii, 19 : Et cogilabo pro peccato meo, le péché originel de notre race est représenté comme l’objet de l’activité rédemptrice : « Le Christ appelle son péché celui de notre race, parce qu’il est devenu les prémices de la race humaine, le nouvel Adam qui veut réformer en lui le vieil Adam. C’est au péché de celui-ci qu’il pense, réfléchissant au moyen de l’effacer », traduction de M. Jugie, texte cité

par IL Devresse, La chaîne sur les psaumes de Jjaniel Barbara, dans Revue biblique. 192 4, p. 519. Et, dans le commentaire sur Isaïe publié par l’aulhaber en 1900, Hésychius parle de la malédiction qu’impliquent le péché et la mort et qui, du fait d’Adam, a atteint le genre humain. In Is., xxv, 8, dans Faulhaber, Ilesychii Ilierosoli/mitani inlerprelatio Jsaïir prophète, Fribourg-en-B. , 1900, p. 75 ; et encore : < la terre sera délivrée du péché et de la mort. Les deux, en effet, ont régné sur l’homme, que le prophète appelle terre » après la faute d’Adam.) In Is.. vii, 16, p. 22.

6° Gélase de Cyzique, qui écrit vers la fin du v siècle, dans son histoire du concile de Nicée, explique ainsi la raison de l’incarnation du Verbe : « La raison de l’avènement du Verbe parmi nous a été fixée par lui à cause de la chute des premiers hommes, Adam et Eve, dans le paradis, chute qui a atteint toute leur postérité. Comme. par la transgression du commandement ils avaient été privés de la grâce divine, c’est cette grâce que le Créateur a voulu leur rendre. C’est pourquoi il a véritablement pris un corps, afin que nous qui, à cause du déguisement d’une nature incorporelle (allusion au diable prenant la forme du serpent), étions déchus de la fraternité primitive, c’est-à-dire de la grâce du Saint-Esprit, que nous avons perdue par les premiers hommes, Adam et Eve, nous soyions rendus à la fraternité par l’incarnation (la prise du corps), et nous recevions de nouveau la forme divine et incorporelle. » II, xxiv, 4 sq., P. G., t. lxxxv, col. 1300 et 1301 ; éd. Lœschcke, p. 97 ; trad. Jugie, op. cit., p. 16. De ce texte, il résulte que nous avons perdu en Adam, par le fait de son péché, « la forme divine et incorporelle, la grâce de l’Esprit-Saint, la fraternité primitive ». Nous naissons dépouillés, comme fils d’Adam, des dons divins que notre premier père devait nous transmettre ; le Christ vient nous les rendre. II n’est point dit ici, explicitement, qu’à cette privation s’attache une culpabilité transmise.

7° Proclus († 485) insiste sur ce fait que l’homme ne pouvait, sans l’incarnation, se libérer de son péché. « Par Adam nous avions tous souscrit au péché, le démon nous tenait comme ses esclaves et nous demandait pour le supplice. » Orat. de laud. S. Mar., P. G., t. lxv, col. 685.

8° Gennade, patriarche de Constantinople (458-471), rattache directement la mort universelle comme châtiment au péché d’Adam : il est le premier à commenter Rom., v, 13, Usque ad legem peccatum erat in mundo, en expliquant nettement la mort des enfants par le péché originel. « Tous ceux qui viennent d’Adam par voie de génération meurent à bon droit, héritant la nature de leur premier père : de tous ces condamnés à mort, les uns sont précipités dans la mort par leurs propres péchés (actuels) ; les autres à cause de la seule condamnation d’Adam : ainsi les enfants. « Et au ꝟ. 16 : « Le seul péché du premier père est cause de la condamnation de tous, et tous paient la peine de ce péché. » In Rom.. P. G., t. lxxxv, col. 1672.

II. ai : vie siècle. — 1° Les moines scythes, au début du vi 1’siècle, défendaient, particulièrement par la plume de Jean Maxence, un augustinisme intégral touchant les questions de la grâce et du péché originel.

Dans une profession de foi très claire, leur porteparole affirme la transmission non seulement de la peine, mais du péché, non seulement un changement dans le corps, mais un affaiblissement de la force de l’âme, une incapacité totale pour l’homme déchu de se relever seul. De Christo prof., P. G., t. lxxxvi a, col. 85. Il déclare ensuite que les enfants ne sont pas seulement baptisés pour recevoir le bienfait de l’adoption divine, mais pour la rémission de leur péché afin qu’ils ne périssent point éternellement.