Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/214

Cette page n’a pas encore été corrigée
413
414
PÈCHE ORIGINEL. L’ORIENT AU Ve SIÈCLE


raison de la faute originelle, mais n’y souffraient pas de supplices parce qu’ils n’avaient pas de fautes personnelles. Mot., XIII, xi.iv, 49, col. 1038. Le principe est posé (que connaissait déjà d’ailleurs l’Ambrosiaster ) que la conséquence du péché originel est privative et n’implique point la condamnation à une peine positive : la tradition postérieure en tirera les conséquences. Cf. art. Limbes, t. ix. col. 764.

Saint Grégoire insiste beaucoup sur l’état de faiblesse morale de l’humanité déchue : inserto inftrmitalis vitio nascimur. Mor., VIII, vi, 8, col. 805, et ailleurs : grandem hune et nimiæ infirmilatis segrotum, id est per totum mundum jacens languidum genus humanum. Mur., XVIII, xlv, 73, t. lxxvi, col. 81. Cependant, le libre arbitre demeure à l’homme déchu ; pour le rendre efficace pour le bien, une grâce prévenante est nécessaire : prseveniens gratin liberum in eo arbitrium fecerat in bonum. In Ezech.. I, ix, 2, ibid., col. 871 : Mor., XXXIII, xxi, 38, col. 698, et XVI, xxv, 30, t. lxxv, col. 1134.

Cette grâce est nécessaire même pour le commencement de la foi et des bonnes œuvres. Ibid. Elle ne supprime pas, d’ailleurs, l’indispensable collaboration de la liberté humaine ; l’œuvre méritoire est de Dieu et de l’homme. Mor., XXXIII. xxi. 40. col. 099.

On pourrait relever les mêmes idées chez d’autres maîtres du Moyen Age : saint Isidore de Sévillo. Casgiodore, saint Ildephonse, cf. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 3 1 1-374, et, plus tard, chez le vénérable Bédé († 735). Chez eux, comme chez saint Grégoire, on trouverait un même souci de conserver la doctrine traditionnelle de l’Église sur la nature déchue et la grâce en la forme que lui a donnée saint Augustin. Si ces maîtres n’ont point cherché à progresser dans l’intelligence spéculative de la doctrine, ils ont contribué grandement à faire vivre celle-ci dans les âmes : c’est par eux que le dogme du péché originel, défendu par saint Augustin contre Pelage, sanctionné par les conciles de Cartilage et d’Orange, allail s’épanouir de plus en plus en une spiritualité originale qui devait imprégner les conceptions individuelles, familiales et artistiques du Moyen

[I. En Orient. Les décisions d’Éphèse contre ius et Pelage ne semblent avoir suscité en Orient aucune contradiction. Les discussions christologiques cont inuent, mais non celles qui concernent Pelage. On donne, en fait, aux questions du péché originel, moins d’attention qu’en Occident. Lorsque les écrivains chrétiens les abordent, ils sont unanimes a enseigner la choie avec son cortège de peines physiques cl morales pour la nature humaine : ils sont parfois moins

îles et moins précis lorsqu’il s’agit de répondre à cette question : à côté de la t ransmission de la peine. y a-t-il aussi une transmission du péché d’Adam ? Naissons nous non seulement malheureux-, mais COU pahles’La réponse à celle question est plus ou moins nette suivant les milieux ou les individus qui [’ap portent.

I. i i" Saint Isidore de Péluse

10) voil dans la chute primitive la cause des plus grau ls m iu poui I i comme pour le corps : l.e corp unis non seulement a la morl. mais a

variées… ; il dcvinl un cheval difficile Rpist., iv. 2 i 1. P.’… t. i.xxviii. col l_’ij |, a nature s’esl mise à boiter, a perdu son de la loi morale, inscrits dans

iur, se soni oblitérés et ont nécessité la loi écrite, iv, .Y ;, col. 1101. L’homme déchu porte en lui une inclinai ioo au pi i hé. m. 162, col. 807.

A la question qui lui est posée par Herminius : pour-’(noi ii, ;. li t-on II enfants puisqu’ils sont sans

le saint répond : « I tes Liens minu

I niants, dans le baptême, dépouil lent la souillure transfusée à la nature à cause de la transgression d’Adam, tov Sià tyjv rapàoaaw toCS’ASàp. StaSoOsvTX ifi tpûrjet pÛTiov a71 : o7rXûvovT : y. !.. Et moi je suis persuadé aussi que cela se fait…, mais il n’y a pas seulement cela : d’autres bienfaits, qui dépassent de beaucoup la nature, nous sont conférés au baptême. » ni, 195, col. 880. Ici, saint Isidore, tout en mettant surtout en relief les effets positifs du baptême, maintient comme une vérité que le sacrement remet la souillure originelle. Il est donc un témoin de la transmission de cette souillure.

2° Théodoret (t vers 458) est le dernier grand représentant de l’École d’Antioche. Tout en affirmant la commune déchéance de l’humanité en Adam, il est plutôt hostile à 1’ « idée du péché héréditaire ».

1. Il n’y a pas de doute : le -péché a, selon lui, des suites fâcheuses non seulement pour son auteur, mais pour ses descendants. In psalm. L. 7, P. < ;., t. i.xxx, col. 1214 ; Quæst. in Gen., interr. xxxvii, ibid., col. 137 ; interr. xxviii, col. 125, etc.

Si Adam n’avait pas péché, les hommes auraient gardé l’incorruptibilité et l’impassibilité ; devenus pécheurs, ils ont été livrés à la corruption ; devenus mortels, ils ont engendré des fils mortels comme eux. livrés à la concupiscence, à la crainte, à la volupté, à la colère et à l’envie. In psabn. I, 7, ibid., col. 1245. Satan a fait son esclave du citoyen du paradis. Eranistes, III, t. lxxxiii, col. 2 1. ». D’autre part, la nature mortelle, avec ses multiples besoins, engendre l’intempérance et pousse au péché. Aussi. l’Apôtre peut-il dire que, du fait de sa transgression. Adam est devenu source de péché et de mort pour ses descendants : « La mort, en effet, a passé à tous les hommes parce que tous ont péché (personnellement). Car ce n’est pas pour le péché du premier père, mais pour son propre péché, que chacun subit la sentence de mort, où yàp Sià — r)v toû TrpOTOXTopoç à^taprlav, àXXà dYà tt)v olicetav. In Rom., v, 12, t. lxxxii, col. 100.

2. Théodoret ne conçoit donc pas la relation de la mort et du péché de l’homme déchu avec Adam à la façon d’Augustin. Ce n’est qu’indirectement que le péché d’Adam entraîne la mort des hommes issus de lui, en tant qu’il cause en eux la concupiscence : celleci est la source des péchés personnels, lesquels nous méritent directement la morl. Tel est le sens non seulement de l’ècp’æ tïxvteç ^u, apTOv, v. 12, mais encore du- >. 1 1 : « la mort a régné sur ceux qui n’ont pas péché à la ressemblance d’Adam. » vu lieu d’expliquer ce verset des enfants qui meurent, alors qu’ils n’ont pas péché actuellement. parce qu’ils ont le péché d’origine. Théodoret l’entend des pécheurs : « S’ils n’ont pas transgressé la même loi qu’Adam, ils ont commis d’autres délits. > Ibid., col. 100.

Il ne l raduit pas le t. 19 : Beaucoup ont été constitués pécheurs par tous ont été constitués pécheurs en Adam, mais beaucoup sont devenus pécheurs (ont

été entraînés au péché) à cause du péché d’Adam, comme beaucoup sont devenus justes par l’obéissance di Ji mis Christ : il y en a. d’ailleurs, sous la Loi. qui furent étrangers aux grands péchés, el s’illustrèrent dans la pratique de la justice, comme il v en a qui mènent une vie injuste sous la grâce. Ibid., col. 104,

Mais il faut expliquer la mort des justes : il ne meurent pas pour des péchés personnels ? (.’est qu’Adam n’a engendré qu’après son péché el, devenu mortel dans sa nature, il ne peut engendrer « pic des mortels, ebeorwe. b-vt-ti 8vt)t})v bIXt)ç6tsç’pôo-tv. Itcovt -iTopi. Eraru, III, t. lxxxiii, col. 218.

Comment expliquer que Dieu ail Infligé un ici supplice, non seulement a ceux qui ont commis hpremier péché, mais a ceux qui sont issus d’eux ? rhéodoret répond d’abord pu un acte de foi au I Heu jusle en

tous //i Gen., Ml, interr., xxxvii, t. lxxx,