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PÉCHÉ ORIGINEL. LE CONCILE D’ORANGE


arrêtées au concile d’Orange et devaient apporter la solution universelle et définitive sur les questions controversées depuis cent ans.

C’est à l’action doctrinale d’un évoque du sud de la Gaule que nous devons surtout cette solution : « La lutte entre augustiniens et semi-pélagiens aurait pu indéfiniment se prolonger en Gaule, si un homme n’avait été assez heureux pour faire accepter des deux partis une solution qui, tout en donnant au fond raison aux augustiniens, évitait cependant de consacrer leurs assertions les plus dures, et faisait à la liberté humaine, dans l’œuvre du salut, une place raisonnable. Cet homme fut l’évêque d’Arles, saint Césaire. » Tixeront, op. cit., t. iii, p. 304-305.

4. Le IIe concile d’Orange. — Sur le but, l’occasion, l’origine de ses canons, le texte et la relation de chacun d’eux avec la pensée et le langage de saint Augustin, leur approbation doctrinale par le pape Boniface II, voir l’article Orange. On se contentera de relever ici les définitions qui concernent la nature et les suites du péché d’Adam, particulièrement l’alîaiblissement du libre arbitre déchu.

C. i. Celui qui prétend que, par la faute de la prévarication d’Adam, l’homme n’est point amoindri en tout son être, c’est-à-dire en son corps et en son âme, mais croit que le corps seul est soumis à la corruption, tandis que la liberté de l’âme demeure intacte, trompé par l’erreur de Pelage, se met en contradiction avec l’Écriture.

C. xv. (Dans le même sens.) L’état d’Adam, tel que Dieu l’avait formé, a été changé, mais en pis, par son iniquité ; l’état du fidèle, tel que le péché l’a établi, est changé, mais en mieux, par la grâce de Dieu. Le premier de ces changements est l’œuvre du premier pécheur.

C. il. Celui qui déclare que le péché d’Adam n’a nui qu’il lui seul et non à sa descendance, ou enseigne que seule la mort du corps, qui est la punition du péché, mais non le péché lui-même, qui est la mort de l’âme, a été transmise par un seul homme à tout le genre humain, celui-là ne rend pas justice à Dieu et se nul en contradiction avec l’Apôtre qui a dit : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort ; et, ainsi, la mort a pass « ; a tous les hommes, parce que tous ont péché, i

Ainsi le péché originel entraîne comme conséquence un changement profond dans la nature humaine tout entière, corps et âme ; particulièrement un affaiblissement de la volonté. Pour faire droit a l’enseignement de l’Apôtre, il faut confesser que le péché d’Adam a nui a tous ses descendants, qu’il implique plus que la transmission de la mort corporelle, celle de la mort spirituelle, celle du péché. L’état de, l’humanité déchue n’est pas seulement malheureux, mais coupable. I’ «  l’équation mise entre peccalum et mors animeB, on déduit quc le péché transmis c’est tout particulière ment la privation de la vie de l’âme de la vie divine). Les propositions suivantes précisent en quoi consiste l’affaiblissement de la volonté et insistent sur l’impuissance absolue pour le bien du libre arbitre déchu laissé a lui même sur l’incapacité de la nature p-lr (i pu ses seules forces, par conséquent sur la nécessité universelle de la grâce, de son mil ial i i lllineiit grat mie en ne « lit salut :

(’.. xiii. i.a liberté de la volonté, qui a été affaiblie

dans le premier homme, ne peut « Ire réparée cpie par

râce du baptême : une chose perdue ne peut être

rendue que par i elui « pu a pu la donner, (.est pourquoi

la vérité eip ii, dit : si le Fils vous a délivrés,

vous êtes vraiment libi <

C iv. Aucun malheureux ne peut être délivré de quelqui misère’pi’ce suit, si la miséricorde ne le lent.

C. vu. Quiconque affirme pouvoir, par les seules forces de la nature et dans l’ordre du salut, penser et choisir quelque chose de bien, celui-là est trompé par un esprit d’hérésie.

C. vin. Quiconque prétend que les uns peuvent parvenir à la grâce du baptême par un effet de la miséricorde, les autres par le libre arbitre dont il est avéré qu’il est vicié en tous ceux qui sont nés de la prévarication du premier homme, démontre qu’il est étranger à la vraie foi.

C. xix. Même si la nature humaine possédait encore l’intégrité dans laquelle elle a été constituée, elle ne pourrait, en aucune façon, se conserver elle-même sans l’aide du Créateur. C’est pourquoi, si elle ne peut, sans la grâce de Dieu, conserver le salut qu’elle a reçu, comment pourra-t-elle, sans la grâce de Dieu, recouvrer ce qu’elle aura perdu ?

C. xx. Dieu fait dans l’homme beaucoup de bien que l’homme ne fait pas (c’est-à-dire qu’il le fait sans la coopération de l’homme) ; mais l’homme ne peut faire de bien sans que Dieu lui accorde de le faire.

C. xxii. L’homme n’a de sien que péché et erreur ; mais ce qu’il a de vérité et de justice dérive de la source à laquelle nous devons désirer nous abreuver en ce désert.

C’est la doctrine augustinienne qui est ici canonisée ; elle a besoin, pour être comprise, d’être interprétée dans la ligne même où elle a été conçue, par opposition au naturalisme de Pelage. D’après cette doctrine, le libre arbitre déchu, toujours intact dans son essence, ne peut rétablir, à lui seul, l’ordre qu’il a violé ; il est totalement impuissant à faire un bon usage de ses forces ; seul, Dieu prépare la bonne volonté et, du libre arbitre impuissant pour le bien refait une liberté capable de mériter. Laissé à lui-même, l’homme ne possède en propre que le pouvoir de mal faire, le mensonge et le péché.

Ce qui est mis en relief par le concile d’Orange et les augustiniens. c’est, en face du naturalisme de Pelage, l’inaptitude absolue, radicale de la nature au bien complet qui conduit à la fin concrète de l’humanité. Plus tard, l’Église condamnera cette proposition de Bains, apparentée au texte d’Augustin : « Toutes les œuvres des infidèles sont des péchés, et les vertus des philosophes sont des vices. » Prop. 25, Denz.-Bann., 1025. Mais alors la perspective aura changé. L’Église, en ses théologiens, aura plus nettement disl ingué ent re le bien surnaturel et le bien moral naturel ; il lui faudra, contre ceux qui exagèrent les ruines de la nat nie décline, marquer ce qui reste encore

de bon sous ces ruines. Elle condamnera Balus, parce

qu’il entendra saint Augustin en ce sens que l’homme ne peut faire des actes bons même d’une simple bonté naturelle. Ce faisant, elle restera plus que BalUS" dans l’esprit de ee texte « In Dr spirilu et litt., xxviii. 48,

PL. t. xi. iv, col. 229-230 : « Cependant, l’image de Dieu, qui est empreinte dans l’âme raisonnable, n’est

pas tellement effacée par les affections terrestres qu’il n’en reste encore quelques traits, ce qui nous tait dire, avec raison, que les gentils, au milieu « le leur impiété, ne laissent pas « le faire et « le penser quelquefois des choses conformes à la loi de Dieu,

En conséquence de ces affirmations sur l’impuissance de la nal lire déchue, le concile d’Orange déclare « pu Dieu seul, par sa grâce, est notre vraie foi opère en nous et avec nous tout le bien que nous fai sons ; il c. wn, . ix. Ainsi, c’est de lui « pie procède la révélation, c, viii ; la prière, c. m ; le bon désir. <. m Vinitlum fldel et le cndulitatts affectus, c : tout effort vers la foi : croire, vouloir, désirer, s’effon er.etc. i. tout acte salutaire, « vu.

Enfin, la profession de foi qui termine le document vient p « >ints i « s pins Importants « le