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PÉCHÉ ORIGINEL. LA CONTROVERSE PÉLAGIENNE


nait à mettre en doute la transmission héréditaire du péché d’Adam, en prétendant que c’était là une opinion discutable et non matière à hérésie. De gratia Christi, II, iii, 3, t. xliv, col. 386-387.

C’est au lendemain de cette sentence que, sollicité par l’évêque de Carthage, Augustin va commencer à prêcher et à écrire ex professo sur l’existence du péché originel. Serm., ccxcm-ccxciv ; De peccatorum meritis et remissione (412) ; De spiritu et littera (412) : Lettre clvii ; De natura et gratia (415) ; De perfectione juslitiæ hominis (415).

Mais l’activité du saint docteur s’emploie surtout alors à provoquer les définitions doctrinales opportunes de la part des conciles et à les faire confirmer par l’autorité du Siège apostolique.

En 415, Pelage, grâce à des réticences et à des équivoques, en proclamant toutefois qu’Adam n’avait pas été créé mortel et en réprouvant ce qui était contraire à la doctrine de l’Église, venait d’être absous par les quatorze évêques réunis en synode à Diospolis. C’était une victoire morale pour l’adversaire du péché originel ; en attendant qu’Augustin expliquât avec beaucoup d’indulgence la décision des Pères de Diospolis dans le De gestis Pelagii (417), il fallait en contrebalancer l’autorité. Par les soins de l’évêque d’Hippone, les deux conciles de Carthage et de Milève (416) se réunirent et condamnèrent de nouveau l’hérésie pélagienne, ainsi que ses auteurs. Deux lettres émanées de l’une et l’autre assemblées, et une troisième signée d’Aurèle, évêque de Carthage, d’Augustin et de trois autres prélats, partirent alors pour Rome pour faire connaître au pape les décisions de l’Église d’Afrique et solliciter pour elles la confirmation de son autorité. Epist., clxxv-clxxvii, P. L., t. xxxiii, col. 758-772. La question pratique du cas de l’orthodoxie de Pelage innocenté à Diospolis était posée.

Le 27 janvier 417, le pape Innocent I er répondit par trois lettres aux missives africaines = Int. Augusl. Epist., . clxxxi-ci.xxxiii, ibid., col. 779-788. Après avoir félicité les évêques d’avoir recouru au siège de Pierre, il faisait siens les jugements de Carthage et de Milève et excommuniait apostolici vigoris auctoritate Pelage et Célestius, jusqu’au moment où, devant le pape, ils se seraient disculpés.

Il traitait ainsi le point spécial du baptême : Quant à ce qu’ils enseignent, d’après le rapport de votre fraternité, que les petits enfants peuvent obtenir la vie éternelle sans avoir reçu la grâce du baptême, c’est une insanité, et, en effet, s’ils ne mangent la chair du Fils de l’homme et s’ils ne boivent son sang, ils n’auront pas la vie en eux. i Epist.. clxxxii, 5, col. 785. Pour ce qui est du concile de Diospolis, le fait qu’il aurait disculpé Pelage et son ami semble bien douteux à Innocent, vu qu’il ne sait quelle autorité attribuer à des actes de cette assemblée colportés dans Rome par des laïcs. Cf. art. Innocent I er, col. 1968 sq.

C’esl alors qu’Augustin, en possession de la réponse du si ! ge apostolique approuvant les décisions des deux conciles qui lui avaient été transmises, crut la question 1 ranchée et prononça, à la fin du serm on e.wxi ept. 117). les paroles célèbres : De hue causa duo concilia missti sunt ad Sedem apostolicam ; inde ellam rucripla venerunt : causa fin ita est, utinam aliquando fini’itnr error. P. I… t. xxxviii, col. 734.

Hélas, la i ause n’était pas Unie et allai ! s’embrouiller ; le rôle il’Augustin en allait devenir plus important encore, et plus délicat. Avec le pape /osinie. si d’Innocent, allait commencer, pour di us. une période d’hésitations heureusement terminée par VEpistola tractoria qui condamnai ! les hérétiques (les fragments de (die lettre dans P. L., t. XX, col 603 sq.). Il faut dire, d’ai Meurs, qu’à aucun moment Zosime n’aurait voulu sacrifier les lettres

DICT. DE I III OU < I IIOL.

d’Innocent et avait demandé aux accusés d’y adhérer. « Zosime (417-418), prévenu par un libellus fidei qu’avait envoyé Pelage avec l’approbation de l’évêque de Jérusalem et trompé par les déclarations ambiguës de Célestius venu alors en personne à Rome, reprocha aux Africains leur précipitation et leur laissa deux mois pour venir soutenir leurs accusations, faute de quoi les accusés seraient absous. Vi concile réuni en toute hâte à Carthage (417) obtint du pape un délai et, en 418, un autre concile général (plus de deux cents évêques) porta neuf canons contre l’hérésie. Le pape, mieux éclairé, condamna enfin les deux hérétiques et envoya à l’Église entière une Epislcla tractoria que tous les évêques devaient souscrire. Seuls dix-huit Italiens refusèrent et furent exilés. » Cayré, Précis de palrologie, t. i, p. 383.

On a donné à l’art. Milève, col. 1752 sq., le texte des canons du concile plénier, tenu à Carthage le 1 er mai 418, dont s’inspira le pape Zosime (on sait, en effet, que ces canons ont passé pour l’œuvre du concile de Milève de 416). Sans les citer à nouveau complètement ici, il faut dégager les précisions doctrinales qu’ils contiennent sur l’existence du péché originel et ses conséquences.

Le canon 1 dit anathème à quiconque déclarait Adam mortel quoi qu’il fît, qu’il péchât ou qu’il ne péchât pas, et expliquait sa mort en disant « qu’elle aurait été, non le salaire du péché, mais une nécessité de la nature ». C’est l’affirmation du caractère pénal de la mort.

Le canon 2 dit anathème à quiconque nierait la nécessité du baptême des nouveau-nés et affirmerait qu’ils ne sont baptisés in remissioneni peccatorum que dans un sens impropre, vu que, du péché originel d’Adam, ils n’apportent rien qui doive être lavé par le bain de la régénération. La raison de cette condamnation, c’est que les paroles de l’Apôtre « par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi est-il passé à tous les hommes qui ont tous péché en lui », ne peuvent s’entendre que de la manière dont on les a toujours entendues dans l’Église catholique partout répandue. C’est bien à cause de cette règle de foi que les petits enfants mêmes, lesquels n’ont pu commettre aucune faute personnelle, sont en toute vérité baptisés pour la rémission des péchés, afin que la régénération purifie en eux ce que ta génération leur a fait contracter. Nous avons ici l’attestation de l’existence d’un péché d’origine, hérité de la génération, comme explication de la nécessité du baptême pour la rémission des péchés, cela conformément à l’interprétation traditionnelle authentique, ici donnée, de la parole de l’Apôtre.

Le canon 3, dont il faut maintenir l’authenticité (cf. art. Milève, col. 1752 sq.), rejette la conception pélagienne des conséquences de la faute d’Adam pour l’autre vie chez les nouveau-nés. Saint Augustin en résume le sens très exact lorsqu’il déclare que « les hérétiques pélagicns ont été condamnés très justement par l’autorité des conciles catholiques et du Siège apos tolique, pour avoir osé donner aux i nfants morts sans baptême un lieu de repos et île sulul en dehors du roi/aumc des (leur. De anima et cjus origine, II. Ml. 17, t. M. iv, col. 505. Le concile de Carthage, dans ce canon 3.

rejet le. en effet, l’interprétation pélagienne de la parole

du Sauveur : In domo Palris met mansioues multnr

sunt, d’après laquelle il existe, dans le royaume des

deux ou ailleurs, un lieu Intermédiaire OÙ les enfants

moi is sans baptême vivent heureux, tandis que, sans

le baptême, ils ne peinent entier dans le ro> BUmi

fini lue la ie éternelle. Car le Seigneur a

dit : Quiconque ne renaît de l’eau ci de l’Esprit n’entrera point au roj aume des cieux.

L’affirmation pélagienne Impliquait aussi équiva

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