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PAUL V


politique. Malgré cette lacune, il voudra toujours traiter lui-même directement les aiïaires qui, par le fait, traîneront souvent en longueur. Jaloux de son autorité, il ne laisse personne exercer d’influence sur lui ; son neveu lui-même, Scipion Calïarelli, qu’il nomme dès 1605 secrétaire d’État, sera tenu à l’écart de la direction des affaires.

La seule faiblesse que l’on puisse lui reprocher est son népotisme : son ambition était d’élever la famille des Borghèses, de l’égaler aux Colonnas et aux Orsinis. Son neveu, Scipion Gafîarelli fut nommé cardinal à vingt-sept ans, 18 juillet 1605, avec le droit de porter le nom et les armes des Borghèses, et secrétaire d’État, quelques mois après. Il est comblé d’honneurs et de bénéfices. Ses revenus annuels, de 80 000 écus en 1609, étaient montés à 140 000 en 1612. Cf. G. Mocenigo, Relazione, p. 98. Les largesses du pape s’étendent à ses frères, Jean-Baptiste et François, à son neveu Marc-Antoine. Le cardinal Bellarmin osa lui reprocher cette prodigalité. Il reçut de Paul V cette réponse qu’il n’enrichissait sa famille qu’avec modération et sans puiser dans les revenus de l’Église ! Cf. Le Bachelet, Aurtuarium Bellarminum, p. 535.

II. Gouvernement de Rome et des Etats de l’Église. — Dans le gouvernement des États de l’Église, les préoccupations du nouveau pape portent sur la répression du banditisme, l’approvisionnement et les finances.

Dans la répression du banditisme, il commence par un acte de rigueur : il fait décapiter Piccinardi, coupable de lèse-majesté, pour avoir fait circuler un libelle diffamatoire contre Clément VIII. Il fait poursuivre énergiquement ceux qui donnent asile aux bandits, ou les soutiennent en quelque manière. Une réforme des tribunaux s’imposait. En mars 1608, il crée une congrégation spéciale, sous la présidence du cardinal-neveu. Cf. Résolut ioncs facile in Congrcgalionc super reformatione tribunalium romanie curise sub Paulo V a die 14 martii 1008 manu Franc. Peniee rotæ auditoris, aux archives vaticanes, XI, 901. Le 1 er mars 1612, était publiée la bulle Cum sicut accepimus, Cherubini, Magnum Bullarium, t. m. p. 312345. Grâce à l’énergie des mesures prises, à l’activité des légats, à un contrôle sévère des fonctionnaires, cf. Istruzione per un governatore di provinzia nello Statu ecclesiaslico, arch. vat., Borgh., IV, 174, l’ordre fut complètement rétabli.

Une meilleure situation économique avait contribué à ce résultat. Dès 1605, des mesures sont prises pour assurer un ravitaillement régulier en grains : maintien avec pouvoirs étendus de la Congregazîone del buon goveniD. instituée par Clément VIII, défense d’ex porter hors des États de l’Église (constitution du 23 déc. 1605, Cherubini, op. cit., t. iii, p. 216-218), peines contre les spéculateurs et les accapareurs, création d’un magasin de blé pour les pauvres de Rome, érection, le 19 octobre 1611, d’une nouvelle congrégation pour le rassemblement des vivres, travaux sur le Tibre, amélioration des routes et établissement de nouvelles voies, construction du port de Fano. devenu le port Borghèse, pour faciliter l’importation.

Des travaux considérables sont entrepris pour l’alimentation de la ville en eau. En 1607, commence la restauration de l’aqueduc construit par Trajan pour amener an Transtévère leeaux rassemblées au lac de Bracciano : le nouvel aqueduc, VAcqua Paola, avec toute ses fontaines luxueusement dénuées, et. ni In miné en 161 I. On doit également à Paul la restauration de VAcqua acelosa et des bains de VAcqua sanla.

Ho ; mbellie par le pape Borghèse. Ce fut

d’abord l’achèvement de l’églûe Saint Tune. Malgré l’opposition de Baronius, cf. HM. Pauli V JBmiltt Santorii, I. XIV, bibl. vat., P. ISarberini, 2 ; 80, p. 2,

Paul V commence par faire abattre l’ancienne basilique vaticane, élevée par Constantin et si précieuse par son histoire, par les tombeaux des papes, par ses richesses et ses reliques, ainsi que le palais d’Innocent III, qui abritait la rote. Commencés en 1607, les travaux durèrent jusqu’en 1617, sous la direction de Maderno, qui, sous l’influence de la congrégation des cardinaux et de Paul V, modifia les plans de Bramante et de Michel-Ange. A Sainte-Marie-Majeure, il fit construire la chapelle Pauline, pour y transférer le tableau de la Vierge, attribué à saint Luc, et y élever le tombeau de Clément VIII et le sien. Pour son usage personnel, il fit agrandir le palais du Quirinal, édifier trois chapelles et dessiner des jardins, ériger des fontaines. Il embellit de même le Vatican.

La bibliothèque vaticane lui doit deux nouvelles salles, construites en 1611. Il y fit transporter, afin d’en mieux assurer la conservation, les archives du Saint-Siège, 1611-1614 ; il enrichit la bibliothèque d’un grand nombre de volumes et de manuscrits. Cf. F.. Tisserant et E. W. Koch, The Vatican library, Rome. 1929, p. 33.

De son côté, le cardinal-neveu entreprenait des constructions qui pouvaient rivaliser avec celles du pape : le palais Borghèse, un autre palais près du Vatican, une villa avec, jardins au Quirinal, la villa Borghèse, etc., sans compter l’aménagement d’autres palais, où s’accumulent les œuvres d’art antiques et modernes.

Les largesses de Paul V envers son neveu, ses dépenses somptueuses, ses aumônes qui, selon le chiffre donné par Costaguti, atteignent la somme de 1 300 000 écus, cf. Comptes de Costaguti, dans L. Pastor, op. cit., t. xii, p. 668 sq., les frais exigés par le conflit avec-Venise, les subsides de toutes sortes, tout cela fut désastreux pour le trésor pontifical. Au début de son règne, Paul Y se plaignait déjà à l’archiduc Ferdinand d’Autriche que la caisse était vide et les dettes considérables. Une grande partie des revenus était épuisée par le service des dettes ; les revenus eux-mêmes étaient diminués par la vente des charges. Ses financiers cherchèrent des remèdes. En 1606, le Bolonais Mal vasia avait étudié les divers moyens de relever les finances, insistant sur une diminution du taux de l’intérêt et sur un prélèvement sur le trésor du château Saint-Ange. Cf. Per sollevare la caméra apostolica. Discorso di mons. Maluasia, 1606, bibl. Corsini, coà H 13, p. 122-127. Le pape s’en tint au moyen le plus facile et le plus mauvais : à l’emprunt. Aussi la dette qui, en 1606, était de 12 2 12 620 écus. était-elle montée, en 1610. à 18 000 000, pour des revenus atteignant à peine 2 000 000 d’écus. Ce n’est que trop tard, à la veille de sa mort, qu’il songea à mettre un peu d’ordre dans ses finances.

III. GOUVERNEMENI GÉNÉRAL DE L’ÉGLISE. —

i" lu réforme de l’Église. — La profonde piété de Paul Y et son zèle ardent pour les âmes de aient l’excita i promouvoir la réforme élaborée par le concile de Trente, il commence par la Ville éternelle et les États pontificaux. Le 19 octobre 1605, il publie une ordonnance qui renforce les décrets « lu concile sur la

dence, Au consistoire du 7 novembre, il annonce qu’il

a donne l’ordre a son vicaire, le Cardinal l’amphili. de

faire rentrer dans leurs diocèses tous les évêques pré

sents à la curie, sans excepter les cardinaux, qui dol

ent rendre leur éveché, s’ils ne veulent pas résidi t

Aucune dispense n’est ai oif pour ceux qui

nt une légation dans tes Etats de l’Église.

S’il e. Ii..ne.tans ses projets de reformer le conclave et de donner une nouvelle collection des Décrétai »

la publication du nouveau rituel romain :

étudié en 1612 par une Congrégation de cardinaux cl

mis. qui prirent poUI bas, l’œUVTe de San loi i.