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PAUL IV — PAUL V

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R. Ancel, Paul IV et le concile, dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. viii, 1907, p. 716-741.

Paul IV expédia, à l’occasion de la réconciliation de l’Angleterre avec l’Église catholique, certaines bulles qui ne furent pas toutes heureuses. Si l’érection de l’Irlande en royaume était habile (7 juin 1555), Bnllarum, t. vi, p. 489, la déclaration que les biens ecclésiastiques vendus ou donnés sous Henri VIII et Edouard VI demeuraient inaliénables, mécontenta les possesseurs ; il fallut rassurer les sujets de la reine Marie en leur signifiant que cela ne s’appliquait pas à eux. J. Trésal, Les origines du schisme anglican, p. 323-325. Le pape se montra dur à l’égard du cardinal Pôle, qui remplissait le rôle de légat en Angleterre ; n’ayant aucun égard pour lui et ne tenant pas compte de la prudente conduite qu’il observa, il le destitua et lui substitua le vieux cardinal Peto, peu capable de le remplacer. L’effet produit par cette mesure impolitique et injustifiée causa un tort considérable au catholicisme en Angleterre. Trésal, op. cit., p. 341-345.

Paul IV mourut le 18 août 1559 et fut enterré à l’église de la Minerve.

I. Sources.

Bullarum, diplomatum et privilegiorum sanctorum romanorum pontifwum Taurinensis ediiio, t. VI, Turin, 1860 ; R. Ancel, Nonciatures de France. Nonciatures de Paul IV avec la dernière année de Jules III et Marcel II, Paris, 1909-1911, 2 vol.

II. Travaux.

LeP. R. Ancel, O. S.B., a publié une série de travaux remarquables qui renouvellent complètement l’histoire du pontificat, ce sont : La question de Sienne et la politique du cardinal Carlo Carafa (15 56— 1557), dans la Revue bénédictine, t. xxii, 1905, p. 15-49, 206-231, 398-428 ; La disgrâce et le procès des Carafa, ibid., t. xxii, 1905, p. 525535 ; t. xxiv, 1907, p. 224-253, 479-509 ; t. xxv, 1908, p. 194224 ; t. xxvi, 1909, p. 52-80, 189-220, 301-324 ; Le Vatican sous Paul IV. Contribution à l’histoire du palais pontifical, ibid., t. xxv, 1908, p. 48-71 ; Paul IV et le concile, dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. viii, 1907, p. 716-741 ; La secrétairerie pontificale sous Paul IV, dans Revue des questions historiques, t. lxxix, 1906, p. 408-470 ; L’activité réformatrice de Paul IV. Le choix des cardinaux, ibid., t. i.xxxvi, 1909, p. 67-103 ; G. Duruy, Le cardinal Carlo Carafa (15191561). Élude sur le pontificat de Paul IV, Paris, 1882 (les travaux du P. Ancel ont rendu inutile ce livre brillant, mais insuffisamment documenté) ; Bromato, Storia di Paolo IV, Ravenne, 1748, 2 vol. (partiale ; utile à consulter à cause des renseignements qui y sont accumulés) ; G. B. Castaldo, Vifa del santissimo ponlefice Paolo IV, fondatore délia religione de’Chierici Regolari, Rome, 1615 (même remarque que ci-dessus) ; G. Coggiola, / Farnesi ed il conclave di Paolo IV, dans Studi storici, t. ix, 1900, p. 61-91, 203-227, 449-479 ; Paolo IVe la capitolazione segreta di Cavi, Pistoie, 1900 ; I Farnesi ed il ducato di Parmae Piacenza durante il pontificato di Paolo IV, Parme, 1905 ; M.Brosch, Paul IV. gegen Karl V.und Philipp 1 1., dans Mittheilungen des Instituts fur œsterreichische Geschichtsforschung, t. xxv, 1904, p. 470-489 ; A. Panella, L’introduzione a Firenze dell’Indice di Paolo IV, dans Rivista storica degli archivi loscani, t. i, 1929, p. 11-25 ; F. Rodriguez Pomar, Enlorno a la contienda entre Paulo IV y Felipe II, dans Razon y Fe, t. xcii, 1930, p. 231-243 (pamphlet d’un théologien écrit pour justifier l’expédition du duc d’Albe contre Paul IV) ; L. von Pastor, Geschichte der Pàpsle im Zeitalter der Renaissance, t. vii, Fribourg-en-B. , 1917 ; J. Trésal, Les origines du schisme anglican (1509-1571), Paris, 1908 ; R. Biron et J. Barennes, Reginald Pôle. Un prince anglais, cardinal légat du XVI’siècle, Paris, s. d. ; P. Richard, Le concile de Trente, = Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. ix a, p. 514-527.

G. Mon. vr.

6. PAUL V, pape du 16 mai 1605 au 28 janvier 1621. — I. Élection. II. Gouvernement de Rome et des États de l’Église. III. Gouvernement général de l’Église. IV. Relations avec les états. V. Mort de Paul V.

I. Élection.

1° Le conclave du 8-16 mai 1605. — Le conclave qui devait élire le cardinal Camille Borghèse s’ouvrit le 8 mai 1605, moins de six semaines

après celui qui avait abouti au choix de Léon XI. Les cardinaux étaient aussi divisés qu’à la mort de Clément VIII. Le neveu de ce dernier, Pierre Aldobrandini était à la tête du parti le plus nombreux ; mais les Espagnols, joints au groupe de Montalto, comptaient un nombre de voix suflisant pour empêcher toute élection qui leur déplairait. Les cardinaux français regardaient comme inacceptables, ou peu acceptables, Galli, Montelparo, Bianchetti, Bernario, Zacchia et Blandrata ; les cardinaux espagnols opposaient une exclusive absolue contre Baronius et Bellarmin. Ils avaient pour candidat Sauli, accepté également par les Français, mais combattu par Aldobrandini. La veille du conclave, Sauli pouvait compter sur 35 voix ; mais l’opposition du neveu de Clément VIII rendait impossible son élection.

On prévoyait un. conclave difficile, par suite de la divergence entre Aldobrandini et les Espagnols. Mise en avant, la candidature de Bellarmin est rapidement écartée. Il en est de même de celles de Pierbenedetti et de Sauli. Le nom de Baronius soulève un tumulte que l’on entend de l’extérieur : l’oratorien demande que l’on abandonne sa candidature. Le 16 mai, la situation paraissait inextricable. C’est alors qu’au cours de pourparlers le nom de Camille Borghèse est prononcé : n’ayant pas d’ennemi, patronné par Aldobrandini et Montalto, il est élu le soir même. Agé de 52 ans, il était le plus jeune et le mieux portant de tous les cardinaux. Par reconnaissance pour le pape Paul III, protecteur de son père, il prit le nom de Paul V. Le nouveau pape n’avait été le candidat d’aucun parti. Les Français furent satisfaits de l’élection. Cf. Lettre de Henri IV, 3 juin 1605, au cardinal de Givry, bibliothèque municipale de Metz, ms. 2 19, —p. 63 ; Philippson, Heinrich IV. und Philipp III., t. i, p. 357. Les Espagnols, au contraire, furent déçus. « Ils n’avaient trouvé auprès de la majorité des cardinaux aucune bienveillance pour leurs candidats. Leur dépit de cette défaite, dans un domaine où ils avaient été si longtemps les maîtres, fut d’autant plus grand que leur échec était la victoire des Français. » L. Pastor, Geschichte der Piipsle, t. xii, p. 30.

Le nouveau pape.

Né à Rome, le 17 septembre

1552, le cardinal Camille Borghèse appartenait à une famille originaire de Sienne, connue depuis le xiii e siècle. La fortune de la maison Borghèse commença au xvie siècle avec le père de Paul V, le juriste Marc-Antoine, qui s’installa à Rome, servit sous huit papes et devint doyen des avocats de la Consistoriale.

Camille Borghèse tenait de son père le goût des études de droit. Après avoir étudié à Pérouse et à Padoue, il revint à Rome docteur en droit : il succéda à son père comme avocat de la Consistoriale. En 1588, il est vice-légat de Bologne ; deux ans après, il entre en possession d’une charge d’auditeur de la Chambre apostolique. Il devient un des prélats les plus en vue de la curie : en 1593, il remplit avec succès une mission extraordinaire auprès de Philippe II ; le 15 juin 1596, il reçoit le chapeau de cardinal et, l’année suivante, l’évêché de Jési. En juin 1603, il remplace le cardinal Rusticucci, comme vicaire du pape.

Ses contemporains ne le tenaient pas pour un esprit supérieur ; mais ils louaient ses connaissances canoniques, sa vie sans tache, son humeur douce. Cf. A. Ratti, Un opusculo inedito del card. Baronio con dodici sue lettere inédite ed allri documenti che lo riguardano, Pérouse, 1910, p. 44. Certains diplomates doutaient « qu’il eut les qualités nécessaires pour gouverner. On croyait, écrivait l’ambassadeur du duc d’L’rbin, qu’il serait plutôt un bon qu’un grand pape ». L. Pastor op. cit., t. xii, p. 34. S’il avait en effet une connais sance approfondie de la curie romaine, il avait été peu mêlé au monde extérieur et était étranger à la grande