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PECHE ORIGINEL. LES ALEXANDRINS


homme (Gen., ii, 10), ibid., 3, col. 101 ; elles sont aussi le fruit normal du dynamisme du péché. Détournés des choses divines, inclinés vers la corruption, les hommes ont été la cause de leur propre déchéance dans la mort. Ils auraient échappé à leur sort naturel s’ils étaient restés bons ; car, par leur similitude avec l’être, grâce à la contemplation, ils auraient émoussé la corruption naturelle et seraient restés incorruptibles. Ibid., 4, col. 104 C.

Si l’homme a perdu l’immortalité du corps, il garde l’immortalité de l’âme, parce que Dieu l’a fait ainsi par son Verbe. « Les pensées et les idées sur l’immortalité ne l’abandonnent jamais : elles restent dans l’âme et y deviennent comme un foyer assurant l’immortalité. » Cont. gent., 33, col. 68 B.

Le second fruit du péché d’origine, c’est l’oblitération progressive de l’image divine gravée dans l’âme et, par le fait, la genèse de l’ignorance et de l’idolâtrie dans le monde.

Faite pour la contemplation, l’âme humaine a fermé l’œil qui lui permet de voir Dieu ; elle a oublié qu’elle est à l’image du Dieu bon ; sa force intime ne lui a plus servi à voir son modèle : elle s’occupe du néant, se façonne des chimères dans l’étreinte des passions corporelles ; cachant le miroir intérieur où seulement elle peut voir l’image du Père, elle ne voit plus ce qu’elle doit penser, elle ne voit plus que les choses sensibles ; elle finit par se représenter Dieu ù la façon des êtres sensibles. La malice fut donc la cause introductrice de l’idolâtrie sous ses différentes formes, toujours plus dégradées. Cont. gent., 8-10, col. 16-24. On dirait toutefois que la force de contemplation dans l’homme déchu est seulement paralysée, mise en sommeil : i Cette ressemblance avec Dieu, cette contemplation flu Verbe, l’âme peut d’elle-même la recouvrer en rejetant le péché et en s’affranchissant des liens de la sensualité. » Tixeront, op. cit., t. ii, p. 138. « Les idolâtres peuvent revenir à Dieu, s’ils déposent la souillure des passions et se purifient, de manière à ôter tout ce qui s’était surajouté d’étranger à l’âme, et la montrent seule, telle qu’elle a été créée pour y pouvoir contempler le Verbe du Père, selon lequel ils ont été créés au début. » Cont. gent., 34, col. 67 CD.

Ailleurs, dans le De incarnatione, Athanase parle plus clairement de la grâce de conformité â l’image perdue par le péché, de la nécessité de la présence de l’image par excellence de Dieu, Jésus-Christ, pour régénérer et refaire l’âme selon l’image, soulTrir pour tous, intervenir dignement auprès de Dieu, et faire connaître le Père. « Quand une figure tracée sur le bois est presque effacée par des souillures extérieures, il’aut la présence de celui qui es( figuré pour renouveler image dans la même nature ; a cause de la figure on ne rejette pas la matière, mais mi l’y renouvelle. Ainsi le Fils du Père, étant sou image, vient en ce monde pour renouveler l’homme fait selon lui, le retrouver dans sa perdition, pour la rémission des péchés… Il s’agissait non de génération charnelle, mais de la régénération et de la réfection fie l’âme selon l’image. Dr incarnat., Il, col. 120 CD.

Celte réfection de l’âme déchue, cette destruction de l’idolâtrie et de l’athéisme, hVerbe l’obtint surtout par la pédagogie de l’incarnation, si bien adaptée i l’âme sensible. En inclinant lis sens des hommes vers ersonne, le Verbe, grâce a ses œuvres humaines, Va attester qu’il n’est pas seulement homme, mais lils du père et remplir aussi les âmes de la connais

sauce de I lien.

Le Sauveur manifeste doublement s ; i bonté dans l’incarnation : en ramenant l’humanité déebue à ion état primitif ; il écarte de nous le double eflel delà t. mie originelle : la mort et l’ignorai hoses

divines. Ibid., 16, col. 12 1 CD.

2. La doctrine des « Discours contre les ariens ». — Tandis que les ouvrages de jeunesse mettent particulièrement en relief les misères ou peines qu’Adam nous a transmises, sans parler explicitement de la transmission du péché originel lui-même, les Discours contre les ariens, occasionnellement, laissent entendre que le péché d’Adam a passé lui-même à tous les hommes. Comme le premier Adam a été changé lui-même (par son péché) et que la mort est entrée dans le monde par le péché, il convenait que le second Adam, lui, fût immuable, afin de rendre vaines les embûches du démon. « Car de même que d’Adam pécheur le péché est passé dans tous les hommes, ainsi, après que le Seigneur s’est fait homme, et a vaincu le serpent, sa force s’est répandue dans tous les hommes. » Orat., i, 51, P. G., t. xxvi, col. 117 C ; cf. Oral., iii, 33, col. 393, où il est plutôt question de notre mort en Adam.

En résumé, saint Athanase, par certaines de ses formules, anticipe déjà la terminologie de l’avenir touchant les conséquences et la transmission du péché originel. La théologie postérieure dira, comme lui, que, par la faute d’Adam, l’homme a été privé de la grâce de conformité à l’image, qu’il a été ramené à sa condition naturelle, que, d’Adam pécheur, le péché a passé à tous les hommes ; mais il semble bien que chez saint Athanase les concepts de nature et de grâce sont encore loin d’avoir les précisions que la théologie leur donnera plus tard.

De même, le passage de saint Athanase, du premier Discours contre les ariens, 51, elç ttocvtocç àv0pa>7too< ; ëçGaæv tj à[i.apna, ne peut être entendu dans le sens d’Augustin, puisque l’évêque d’Alexandrie, un peu plus loin, Orat., iii, 33, col. 393 A, enseigne lui-même qu’avant le Christ beaucoup d’hommes ont été saints et exempts de tout péché.

2° Didyme l’Aveugle (313-398). — Le maître du didascalée d’Alexandrie sous I’épiscopat d’Athanase est beaucoup plus précis que le saint docteur dans ses affirmations sur la doctrine du péché originel

Comme ses prédécesseurs, plus qu’eux peut-être encore, par la nécessité où il était de lutter contre le manichéisme, Didyme insiste sur la part de la liberté dans la vie humaine. Cf. G. Bardy, Didyme l’Aveugle, Paris, 1910, dont nous résumons l’exposé doctrinal. Le pouvoir de la liberté est cependant limité dans l’homme historique par plusieurs forces contraires, particulièrement par l’héritage de « l’ancien péché » que nous avons revu dès notre naissance. En plusieurs passages, Didyme Oppose nos fautes personnelles au péché ancien, cf. De Trin.. 11. . P. G.,

t. xxxix, col. 681 A ; III, xii. col. 860 BCj xvii, col. 876 A ; xxi, col. 916 Ali. Cf. Bardy, op. cit., p. 134.

Ce péché sans aucun doute, est la désobéissance d’Adam, en vertu de laquelle tous les hommes tombent sous le péché, ÔJtè àiioepTiav îîaiv. In II Cor., ibid.. col. 1692 D.

Nous le contractons par succession héréditaire, y.y.-ꝟ. 810c80x^v, en conséquence de l’union charnelle des parents : Si le Christ était né de l’union de l’homme et de la femme, il eût été sous le coup du péché que tous les autres hommes tiennent d’Adam par vole de succession Contra mon., viii, col. 1096 B. Comme Didyme émet, au même endroit, que le mariage dans l’Ancien Testament n’allait pas sans faute, on peut supposer avec Tixeront, op. cit.. t. n. p. 1 il. qu’il

lut. ainsi que le fera plus tard saint August m. la concupiscence comme étant de soi un pèche (lie/, les païens.

I) ; ins un texte curieux, In.lab. col III’1’.. il dis tingue deux sortes de péchés : les uns volontaires, qui tent un châtiment, xoXocoiç ; les autres que nous tenons de in transgression d’Adam, auxquels est ré