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PÉCHÉ ORIGINEL. ORIGÈNE


lument imparfait au moment où il fut placé au paradis. Comment, en effet, Dieu aurait-il pu placer dans le paradis, pour le travailler, un homme complètement imparfait ? Celui qui peut travailler l’arbre de vie… ne peut pas, avec raison, être nommé imparfait. Peut-être, étant parfait, est-il devenu imparfait par suite de la désobéissance et ainsi a-t-il eu besoin de quelqu’un qui le rendît parfait. » In Joa., xiii, 37, t. xiv, col. 464.

Cette perfection est sans doute l’état de rectitude dans lequel le premier homme a été placé et d’où il a dévié : Apparel primum illutl nature ? rationabilis opus quod a Deo factum est, fuisse rectum, et in via recta Crealoris ipsius munere collatum. Sed quia ab hac ad lœvum peecati iler delorsil, mente nunc dicitur déclinasse, sicut exemplo est primus homo Adam, qui de paradisi via recta malesuadi fraude serpentis ad pravas et lortuosas vitse semitas declinavit. In Rom., ni, 3, t. xiv, col. 933.

Cet état impliquait dans Adam le fait d’être créé à l’image de Dieu et, par là, de posséder « une âme raisonnable, capable de connaître, de juger, de mériter, de faire des œuvres de justice, de force et de bien ». Select, in Gen., t.xii, col. 96. Il mettait dans l’homme une participation à l’esprit incorruptible. Cont. Cels., IV, 37, t. xi, col. 1086.

C’est pourquoi, « si la femme n’avait pas été trompée, si Adam n’avait pas péché, l’homme créé pour l’incorruptibilité l’aurait possédée en lui, et le Christ ne serait pas mort ». In Joa., i, 22, t. xiv, col. 58 C. Le monde n’aurait pas connu le péché et ses conséquences : la mort de l’âme et du corps ; c’est par un seul homme que le péché est entré dans le monde et par le péché la mort. In Rom., v, 1, t. xiv, col. 1011. Le premier homme a donc déchu d’un état d’innocence où il ne connaissait ni la mort de l’âme, ni celle du corps, qui suit la première comme une ombre.

De ce fait commence pour Adam l’esclavage du démon, le séducteur de nos premiers parents, l’auteur du péché, le tvran qui règne sur la mort. Ibid., , 6, col. 1034 ; vi, 6, col. 1068 ; v, 9, col. 101°.

Mref, Dieu « n’avait fait que des choses bonnes en nous et pour nous ; c’est nous-mêmes qui attirons, par notre volonté, le mal et le péché en nous ». In Jerem., hom. ii, 1, t. xiii, col. 277. C’est par sa désobéissance qu’Adam a dévié de la voie droite, qu’il a été exilé du paradis terrestre, qu’il a connu la mort de l’âme et du corps, qu’il est tombé pour un temps sous l’empire du démon, « qu’il a perdu les dons d’immortalité et d’incorruptibilité reçus primitivement au paradis ». In Rom., x. 14, t. xiv, col. 1275. (Sur le caractère de l’empire du démon dans Origëne, cf..1. Rivière, I.e dogme de la rédemption, Études critiques et documents. Louvain, 1931. >. 165-212.)

Origène croit, en s’appuyant sur Sap., x, 1, qu’Adam a été tiré de son péché, et que la Sagesse, c’est-à-dire le Christ, a ramené à la vie étemelle celui qui avait été cause de mort pour toute la race. In Rom, v, 2. col. 102.’}

/> » La déchéance collective de l’humanité consécutive à In /mile d’Adam. Du commentaire de l’épltre aux Humains d’Origène, il résulte sans aucun doute que, pour lui comme pour saint Paul, l’humanité est dans un état de déchéance qui a sou point de départ dans hpéché d’ « t : i tji.

i II est clair que c’est par la désobéissance

d’Adam que tous le 1 - hommes ont été condamnés a

la mort du corps avec lui et eu lui : car tous les boni mes étaient dans les reins d’Adam lorsqu’il était dans le paradis ; tous ont clé expulsés avec lui et en lui du paradis, lorsqu’il en fut chassé : ainsi la mort qui provenait de sa prévarication, pass.i pal lui en tous ivu <|ui sont de son sang ; aussi l’Apdtrc dit-il : Comme

tous meurent en Adam, tous ressusciteront dans le Christ. » In Rom., v, 1, col. 1010.

La condamnation de la faute d’Adam, c’est cette mort commune qui vient pour tous, qui viendra même pour ceux qui paraissent justes ». Origène la rattache ailleurs, soit au fait du lien du sang qui relie la race à Adam, comme plus haut, soit à une autre cause mystérieuse : sive alio quolibet inenarrabili modo et soli Deo cognito. Ibid., v, 4, col. 1029 D.

b. — Nulle part Origène ne dit expressément, comme Irénée, que tous les hommes ont péché en Adam. On reconnaît de plus en plus que Rufln a suivi dans sa traduction le texte de l’ancienne version latine qui traduit ê<p’co par in quo. Ainsi la phrase suivante de Ru fin : Absoluta sententia pronuntiavil Aposlolus in omnes homines mortem pertransisse peecati, in eo in quo omnes peccaverunt, n’a pas de chance dans la dernière partie de traduire exactement le texte d’Origène. On peut le déduire du contexte immédiat qui entend les mots : ècp’<î> toxvteç 7J(i.apT0v de Rom., v, 12, non d’un péché commis en Adam, mais des fautes individuelles. Le Ttâv-reç rçfi.ocpTOv du t. 12 y est mis en parallèle avec le toxvtsç -rço-apTOv de Rom., iii, 23, qui désigne les fautes personnelles. Ibid., col. 10Il C. Toute la suite du raisonnement tend à prouver que tous ont péché individuellement, en montrant les taches qui se rencontrent même dans la vie des anciens justes.

On tirera la même conclusion du rapprochement entre le commentaire de l’épître aux Romains et ce passage du commentaire de saint Jean dont nous avons le texte grec et la traduction latine : Conscnlancum certe est Judseos dixisse… : « Abraham morluus est et prophelse », quoniam didicissent quomodo per unum hominem peccatum intravil in mundum, et per peccutum mors, et ila in omnes homines pervasil, eo quod omnes peccaverunt, è<p <J> roxvxeç 7Jo.ocpTOv. Conscntancum vero eliam est vidisse mortem régnasse in eos qui peccaverunt ad simililudincm transgressionis Adss, liabuisseque sermonem de morte, quæ per peccatum in omnes homines pervasil, eo quod omnes peccaverunt, èni tcù 7TàvTaç r)[.zapT7)Xfva !.. In Joa., xx, 33, col. 671-672. Le ècp’w avait pour Origène un sens causal et non relatif comme dans la Vulgate et dans saint Augustin.

C’est encore aux fautes personnelles qu’Origène pense pour expliquer la mort dans son commentaire de Ex., xxvii, 12. Parce que Moïse a péché dans le désert de Sin, il mourra. Ipsc transgressionis crimen incurrit. lpse faclus est in peccato. Ideo, credo, cum confidentia dicebat Apostolus quia « regnavit mors ab Adam usque ad Molsen ». Accessit ait Moïsen et nec ipsi pepercit. Et ideo opinor, dicebat, quia « peccatum inlroivit in hune mundum. et per peccatum mors, in quo omnes peccaiterunl . In Xum., XXII, 3. t.xii, col. 744. Ici le contexte encore nous oblige à dire qu’Origène interprétait « parce que tous ont péché ».

Il s’agit bien encore, d’après Origène, des péchés personnels dans Rom., V, 11. Il sait que, dans quelques manuscrits, on lit ce que nous lisons aujourd’hui : Regnavit mors etiam in eos qui non peccaverunt in simililudincm prtrnarirationis Adir ; mais il donne comme Ici on courante et il commente surtout le texte suivant : Regnavit mors in eos qui peccaverunt, sans négation. Il serait ici question, non point de la mort qui a passé pour tous les homines. mais de celle qui a rn/né sur un certain nombre d’hommes Autre chose esl passer, autre chose est régner. I.c peche n’a fait qu’effleurer certains homines : chez d autres, il règne en maître. Il a régné d’Adam jusqu’à Moïse SUI ceux

qui ont Imité particulièrement la prévarication

d’Adam. Mais, précisément, quels sont <vu qui poi

l’iil m eux l’imitation de la prévarication d d.im’Ce sont < in qui. non seulement sont hls. mais disci-